Saint Léon IV: quand les musulmans menaçaient Rome

L’Eglise fête le 17 juillet, saint Léon IV. Pape du Haut-Moyen-Age entre 847 et 855, il reste dans l’histoire pour avoir donné son nom à la forteresse du Vatican, et par métonymie à ses murailles, bâties pour résister aux razzias des pirates maures.

Le 103e pape a gouverné l’Église face aux menaces de son temps, et lui a laissé un héritage toujours visible aujourd’hui. En l’an 846, sous le pontificat de Serge II, une grande flotte musulmane armée par l’émirat aghlabide de Sicile débarque à Ostie, porte de Rome. Après avoir pillé la ville côtière, les Sarrasins pénètrent dans les terres pour s’emparer des richesses romaines. La milice de la cité, à laquelle s’est ajoutée une armée improvisée de Saxons, de Frisons et de Francs, tente alors de repousser les très nombreux envahisseurs.

Par une habile manœuvre, les Sarrasins prennent néanmoins la force catholique par surprise et parviennent à atteindre la basilique Saint-Pierre, alors nommée ›basilique Constantin’. Si les sources restent vagues concernant cette bataille, car le Liber Pontificalis a été mutilé à cet endroit précis, on sait que les lieux saints furent largement dépouillés et abîmés par les assaillants.

Une muraille haute de douze mètres

Horrifié par ces faits, l’empereur d’Occident et petit-fils de Charlemagne Lothaire Ier s’empresse d’ordonner une levée de l’impôt dans tout l’empire pour restaurer la basilique endommagée et financer la construction d’un mur tout autour de la basilique et de l’enclave papale. À l’époque, la plaine et les collines vaticanes, situées sur la rive droite du Tibre, ne sont pas comprises dans le territoire protégé par le mur d’Aurélien. Successeur de Serge II, Léon IV se charge d’organiser la construction du mur. 

Sans attendre, le chef de l’Église catholique entame ces vastes travaux dès le début de son pontificat. Haute de douze mètres et s’étendant sur trois kilomètres, cette muraille hérissée de 44 tours est érigée en quelques années seulement et inaugurée le 27 juin 852. 

Trois portes seulement

Le pontife organise alors une longue procession qu’il préside et demande pour ces murs la protection de Dieu. La muraille est conçue comme une extension des murs auréliens qui sont renforcés à la même époque. Partant du Mausolée d’Hadrien (futur château Saint-Ange), elle monte vers la colline du Vatican pour englober la basilique Saint-Pierre avant de redescendre vers le Tibre.

À l’époque, seules trois portes percent ces murs fortifiés : la première est un poste de garde près du Mausolée d’Hadrien (la Posterula S. Angeli), la seconde, proche de l’église de St. Peregrin est considérée comme la porte principale par laquelle passait l’empereur, appelée Porta Peregrini. Enfin la Posterula Saxonum donne sur le quartier du Trastevere

Des murailles construites par des prisonniers musulmans

Conçues pour protéger ce cœur de la Chrétienté, ces incroyables fortifications ont notamment été élevées, fort ironiquement, grâce au concours des pillards musulmans. En effet, trois ans après le sac de Rome, qui laisse un souvenir douloureux aux troupes chrétiennes, les troupes mauresques décident d’attaquer à nouveau le port d’Ostie. Cette fois-ci cependant, l’empereur Lothaire Ier et le pape Léon IV ont prévu l’offensive et renforcé les défenses de la ville.

Cependant, c’est surtout d’une terrible tempête, qui décime providentiellement la flotte sarrasine avant d’arriver à Rome, que les souverains catholiques vont profiter. Les rares assaillants qui parviennent à rejoindre les rives italiennes sont alors soit tués, soit faits prisonniers et réduits en esclavage pour bâtir les célèbres murailles du pape. Cette fameuse «bataille d’Ostie», immortalisée par le peintre Raphaël est encore visible sur l’une des parois des quatre «chambres de Raphaël» du Palais apostolique du Vatican. (cath.ch/imedia/cg/mp)

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