Burkina Faso: 2,2 millions de personnes menacées de famine

Alors que qu’arrive au Burkina Faso la période de «soudure» [juste avant les premières récoltes, quand le grain de la récolte précédente est épuisé], plus de 2,2 millions de personnes déplacées par le conflit armé et des conditions climatiques sévères vont connaître la faim dans les mois qui viennent, écrit Caritas Internationalis.

L’œuvre d’entraide catholique internationale a lancé un appel de fonds d’urgence de 600’000 euros (644’700 CHF) pour fournir de l’aide humanitaire à ces personnes déplacées et aux familles qui les accueillent.

Spirale de violences

Ce pays de l’Afrique de l’Ouest est plongé depuis cinq ans dans une spirale de violence, due notamment aux attaques de groupes d’extrémistes religieux. Considérés comme des djihadistes, ils sont liés à l’Etat islamique ou à Al Qaïda. Ces attaques ont déjà fait près d’un millier de morts, civils et militaires. Parmi ces victimes, figurent des religieux et fidèles chrétiens et musulmans, tués pendant leurs prières à l’église ou dans les mosquées. D’autres fidèles ont été abattus sur le chemin du retour de la prière. Un prêtre catholique, l’abbé Joël Yougbaré, du diocèse de Dori, au nord du pays, enlevé par des inconnus le 17 mars 2019, est «toujours» aux mains de ses ravisseurs.

Villages entiers pillés

Les attaques de groupes armés ont déjà provoqué la fuite de 900’000 personnes, laissant derrière elles leurs foyers et leurs moyens de subsistance. Des villages entiers sont pillés, des hôpitaux et des écoles détruits, et des lieux de culte chrétiens et musulmans incendiés par les assaillants. L’administration publique s’est retirée des zones de violence. Les services sociaux de base se sont effondrés.

Ainsi, dans la province d’Oudalan, dans la région du Sahel, la fermeture de 29 centres de santé a entraîné une rupture d’accès aux soins de santé primaires pour près 300’000 personnes, a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans un communiqué du 8 juillet 2020.

Accès limité à la nourriture et à l’eau potable

La situation au Burkina Faso est l’une des crises provoquant les déplacements les plus rapides au monde, selon Caritas. Dans l’appel pour des fonds d’urgence, le Père Constantin Séré, directeur de Caritas Burkina Faso, déclare que ces personnes déplacées ont un accès limité à la nourriture, à l’eau potable ou à des conditions d’hygiène dignes. L’organisation humanitaire catholique veut fournir à ces réfugiés et à leurs familles d’accueil une aide alimentaire et en espèces jusqu’à la fin octobre 2020, période du début des récoltes dans le pays.

Les distributions se concentreront sur les diocèses de Kaya et Nouna (nord-est), ainsi que de Fada N’Gourma (est), et de Dédougou (nord-ouest). Les paniers alimentaires seront distribués à 1’500 ménages. Ils contiendront suffisamment de nourriture pour un mois et seront composés de riz, de millet, de haricots, d’huile, de sel, et d’une enveloppe de 5’000 francs CFA (8,19 CHF). Pour Caritas, des centaines de milliers de personnes ont faim, soif et sont sans abris convenables en cette saison des pluies, avec son lot d’inondations. Après la saison des pluies qui dure de juin à octobre, ils devront encore faire face aux bourrasques de vent, pendant trois à cinq mois. (cath.ch/ibc/be)

Ibrahima Cisse

Portail catholique suisse

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