Sainte-Sophie garde la mémoire des visites des papes

Redevenue une mosquée le 24 juillet 2020, la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul n’a pas été oubliée par les derniers papes. Entre 1967 et 2014, elle a été fréquentée par Paul VI, Jean Paul II, Benoît XVI et François. Retour sur ces visites.

«De nombreux Turcs se souviennent avec un certain malaise de la première visite papale à Istanbul en 1967, lorsque Paul VI est tombé à genoux et a prié dans l’église Sainte-Sophie, l’un des édifices spectaculaires que les Turcs avaient converti en mosquée avant de le transformer en musée. Des représentants du gouvernement ont exprimé en privé l’espoir que Jean-Paul II ne répète pas ce geste». C’est ainsi que le Washington Post évoque, en novembre 1979, la future visite du pape polonais à Istanbul.

Les mosaïques de Sainte-Sophie

Douze ans plus tôt, le pape Paul VI s’était recueilli en prière à Ste-Sophie. Un geste de foi qui avait surpris les musulmans. Sa visite dans la ville du Bosphore, le 25 juillet 1967, était principalement destinée à consolider le rapprochement avec le Patriarcat œcuménique. Paul VI et Athénagoras ouvraient alors de nouvelles voies au dialogue œcuménique, suite à leur rencontre historique à Jérusalem en 1964.

Paul VI ne regrettera pas son moment de prière à Istanbul. Au moment de quitter la Turquie, le 26 juillet, il s’en émerveillait encore: «Qui pourra jamais oublier, après les avoir vues, les mosaïques de Sainte-Sophie et du Saint-Sauveur?»

Dans l’histoire récente, Jean Paul II fut le deuxième pape à visiter Sainte-Sophie. Rendu prudent après le geste étonnant de Paul VI, il ne fait, en 1979, qu’un passage rapide dans la basilique de Justinien. Les chroniqueurs n’en retiennent rien de particulier. Car la présence du pape polonais, fin novembre, vise également à resserrer les liens avec le patriarche de Constantinople, Dimitrios Ier, le successeur d’Athénagoras.

De Sainte-Sophie à la Mosquée bleue

Par contre, le déplacement de Benoît XVI à Istanbul, le 30 novembre 2006, est suivi avec une attention particulière. La Turquie est alors candidate à l’Union européenne. Joseph Ratzinger sait qu’il est attendu. Et le détour par Sainte-Sophie fait partie du programme. Mais il n’aura pas beaucoup de temps pour admirer l’édifice religieux. Entouré de toutes parts, il ne peut qu’admirer l’architecture du bâtiment qui fut, durant des siècles, la plus grande église chrétienne au monde.

Benoît XVI écoute les explications du directeur du musée, avant de signer le livre d’or. Le gouverneur d’Istanbul offre ensuite au pape une poterie représentant une mosaïque de la Vierge à l’enfant. «J’ai beaucoup de choses en peu de temps», confie le Saint-Père en sortant. Il se rend ensuite à la Mosquée bleue tout proche pour y rencontrer les autorités musulmanes.

La visite du pape Benoît XVI a Sainte-Sophie et surtout sa prière à la Mosquée bleue voisine contribueront à atténuer la polémique ouverte par son discours prononcé quelques mois auparavant à l’université de Ratisbonne et jugé offensant par une partie des musulmans.

Une église en communion avec Rome

Quant au pape François, il a visité Sainte-Sophie le 29 novembre 2014. Il s’est particulièrement attardé sous la mosaïque de la Vierge en majesté. Au terme de sa visite de la basilique byzantine, le pape a écrit sur le livre d’or, en grec et en latin: «Αγία Σοφία του Θεού» et «Quam dilecta tabernacula tua Domine. Psalmus 83″, c’est-à-dire « Sainte Sagesse de Dieu » et « Que tes demeures sont aimables, Seigneur. Psaume 83».

Au moment de la reprise de Sainte-Sophie comme mosquée, le 24 juillet 2020, les évêques catholiques de Turquie ont rappelé que l’édifice que Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont visité, est né comme «une église en communion avec Rome », mais est devenu orthodoxe après le schisme de 1054 entre les Églises orientale et occidentale. (cath.ch/bl)

Bernard Litzler

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