Attentat contre la cathédrale de Managua: haine contre l'Eglise

L’attentat contre la cathédrale métropolitaine de l’Immaculée Conception de Managua, vendredi 31 juillet 2020, est un acte «terroriste, bien planifié», a dénoncé le même jour le cardinal Leopoldo Brenes.

L’archevêque de la capitale du Nicaragua a dénoncé l’incendie, provoqué par un cocktail Molotov lancé par un inconnu. La Conférence épiscopale de ce pays centroaméricain a dénoncé ces «actes terribles cherchant à affaiblir et persécuter la voie prophétique de notre Eglise nicaraguayenne».

Cardinal Leopoldo José Brenes Solórzano, archevêque de Managua | © Jacques Berset

Version officielle rapidement contredite

Le cardinal Leopoldo Brenes a rapidement contredit la version officielle du gouvernement selon laquelle ce seraient des cierges allumés dans la chapelle du «Sangre de Cristo» (le sang du Christ) qui auraient provoqué l’incendie qui a endommagé la croix en bois du XVIIe siècle connue également comme celle du «Seigneur des miracles».

L’attentat contre cette image du Christ, particulièrement vénérée par les catholiques du pays, a provoqué une grande indignation dans la communauté catholique. Le crucifix du Sang du Christ de Managua est très populaire dans le pays.

Les catholiques «profondément blessés»

Selon des témoins, un homme portant une capuche est entré dans l’église avant de lancer l’engin incendiaire, et a dit à haute voix: «Je viens au sang du Christ», c’est-à-dire au crucifix intitulé «Sangre de Cristo» situé dans la chapelle du même nom, et manifestement la cible du raid. Un sacristain et un fidèle ont été témoins de la scène et ont donné l’alerte. L’incendie a été rapidement maîtrisé mais les dégâts sont importants: le précieux crucifix, âgé de 382 ans, a été sérieusement endommagé. Les sources diocésaines expliquent qu’il est «totalement calciné».

L’archidiocèse de Managua a qualifié l’attentat d'»acte de sacrilège et de blasphème, à condamner absolument» et a appelé à la prière contre les forces du mal.  Il évoque une «action déplorable» qui «offense et blesse profondément» tous les catholiques, car l’image de ce crucifix «est l’une des plus aimées et vénérées par les fidèles» nicaraguayens. 

Une série d’attaques contre les lieux de culte catholiques

Ce n’est pas la première fois que des lieux de culte catholiques sont la cible d’attaques dans le pays, divisé par une grave crise politique depuis le printemps 2018. A cette date, à la suite d’une réforme de la sécurité sociale et des retraites menée par le gouvernement du président Daniel Ortega, en fonction depuis 2007, des manifestations éclatent dans tout le pays. Des barricades sont organisées et les affrontements avec la police font en quelques mois entre 300 et 400 morts. Depuis, le pays est plongé dans une crise politique. Plus de 80’000 personnes ont été contraintes de fuir le Nicaragua, et les arrestations d’opposants se multiplient.

En juin 2019, plusieurs fidèles avaient été blessés en sortant de la cathédrale de Léon, victimes de jets de pierres. Ils venaient d’assister à la messe célébrée à l’occasion du premier anniversaire de la mort d’un enfant de chœur. La cathédrale de Managua symbolise également les tensions entre le pouvoir aux mains de Daniel Ortega et l’Eglise catholique locale, souligne Vatican News.

En novembre dernier, un prêtre et une religieuse avaient été agressés dans la cathédrale alors qu’elle abritait des militants de l’opposition. L’archidiocèse de Managua avait condamné à l’époque »ces actes d’intimidation qui ne contribuent pas à la paix» dans le pays. (cath.ch/laprensa/vaticannews/be)

Jacques Berset

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