Evangile de dimanche: Vraiment, tu es le Fils de Dieu

A peine les derniers paniers collectés, voici que Jésus oblige ses disciples à regagner leur bateau, tandis que lui renvoie les foules. Attitude étrange après ce qui pourrait s’apparenter à un triomphe, à une démonstration éclatante de sa puissance et de la gloire de Dieu. N’est-ce pas ce qu’il a voulu démontrer? L’efficacité de la geste divine?

Non, par-dessus tout, Jésus désire une adhésion par la foi et il se méfie plus que tout de la gloire toute humaine provenant des ventres rassasiés. Il a besoin, surtout en ce moment précis de se relier à l’essentiel, son Père, dans le silence et la solitude, pour poursuivre sa mission selon Sa volonté et non selon des critères trop humains d’efficacité et de reconnaissance. Tout comme autrefois au désert, alors qu’il était tenté, il fuit le succès que lui vaudrait sa condition divine et le merveilleux trompeur.

Sur la barque, où un vent contraire s’oppose à sa progression, ce ne sont pas les conditions météorologiques qui effraient les disciples. Nombre d’entre eux en ont vu d’autres lorsqu’ils pêchaient sur le lac de Galilée. Non, mais ils croient voir un fantôme venir à leur rencontre. Ils ne pensent pas tout de suite à Jésus qu’ils ont laissé seul en prière, sur la montagne. Or c’est bien lui qui vient, glissant comme une ombre sur les eaux.

«Sur la mer hostile de ce monde, la barque de l’Eglise fend les flots, en butte aux assauts du mal. Son maître ne s’y trouve pas, on attend son retour.»

A travers le fracas des vagues, sa voix leur parvient, apaisante, rassurante: «Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur!» L’effet est immédiat: Pierre, d’abord hésitant à le reconnaître, se lance finalement à l’eau, à l’appel de son Maître. On le reconnaît bien là à son impulsivité, sa volonté d’être uni à lui… mais aussi sa faiblesse toute humaine. Pourquoi donc a-t-il regardé ailleurs? Il était pourtant sur la bonne voie, aussi incroyable que cela puisse paraître, et il est près d’être submergé. Jésus de lui reprocher: «Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?» A la voix de celui qui soutenait son élan, Pierre remonte du baptême d’écume et de mort où il sombrait. La vague se brise, l’ouragan se tait, et ceux de la barque, où la tension s’apaise, abandonnent à leur tour leurs cœurs au courant de la foi.

Par-delà le symbolisme du récit, on devine aisément la portée de l’enseignement proposé par Matthieu. Sur la mer hostile de ce monde, la barque de l’Eglise fend les flots, en butte aux assauts du mal. Son maître ne s’y trouve pas, on attend son retour. D’ici-là, l’Eglise ne poursuivra sa route vers le port du salut qu’à la mesure de sa foi dans la parole puissante du Seigneur ressuscité.

A travers la personne de Pierre, nous retrouvons bien nos propres élans, mais aussi nos doutes et nos défaillances. Ce n’est qu’en nous tournant résolument vers le Christ ressuscité que nous pourrons répondre répondre à ses appels et alors, toute crainte surmontée, nous prosterner en confessant sa divinité.

Sœur Marie-Paule | Vendredi 7 août 2020


Mt 14, 22-33

Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert,
    Jésus obligea les disciples à monter dans la barque
et à le précéder sur l’autre rive,
pendant qu’il renverrait les foules.
    Quand il les eut renvoyées,
il gravit la montagne, à l’écart, pour prier.
Le soir venu, il était là, seul.
    La barque était déjà à une bonne distance de la terre,
elle était battue par les vagues,
car le vent était contraire.

    Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux
en marchant sur la mer.
    En le voyant marcher sur la mer,
les disciples furent bouleversés.
Ils dirent :
« C’est un fantôme. »
Pris de peur, ils se mirent à crier.
    Mais aussitôt Jésus leur parla :
« Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »
    Pierre prit alors la parole :
« Seigneur, si c’est bien toi,
ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. »
    Jésus lui dit :
« Viens ! »
Pierre descendit de la barque
et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
    Mais, voyant la force du vent, il eut peur
et, comme il commençait à enfoncer, il cria :
« Seigneur, sauve-moi ! »
    Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit
et lui dit :
« Homme de peu de foi,
pourquoi as-tu douté ? »
    Et quand ils furent montés dans la barque,
le vent tomba.
    Alors ceux qui étaient dans la barque
se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent :
« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/blogsf/evangile-de-dimanche-vraiment-tu-es-le-fils-de-dieu/