Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu

Une fois n’est pas coutume. Je vais pousser «un coup de gueule» contre le jeûne liturgique que nous font subir nos paroisses. Après le déconfinement, nos églises se sont hérissées de barrières rouge et blanche pour interdire l’accès à la moitié des bancs, mesure que n’ont pas subie curieusement les cinémas ou les boîtes de nuit.

Ce contingentement extrêmement restrictif empêche de dire la messe en public dans certaines chapelles comme St Hyacinthe, à Fribourg, ou les Marches à Broc. On y a ajouté l’interdiction pour les fidèles de chanter. Enfin, et c’est le comble, on a rendu les obsèques clandestines. Le journal local n’informe plus sur l’heure et le lieu des enterrements.

Après cela, on écrira des mémoires de théologie sur les communautés paroissiales et l’importance de la louange pour un chrétien. Quid de la communauté, si on interdit l’accès de l’église à des paroissiens et si on oblige certains à rentrer chez eux faute de place, situation qu’a vécue un ami récemment? Quid de la louange, si on interdit aux fidèles de chanter? Par contraste, on peut regarder le Jour du Seigneur sur la deuxième chaîne française. On y verra des assemblées dominicales priantes, chantantes et vivant une véritable communion.

Où est l’erreur? En réalité elle est double. Certains conseils de paroisse et les autorités ecclésiales ont oublié que la liberté de culte est un droit fondamental de la personne et qu’il fallait donc conjuguer règles sanitaires et devoirs pastoraux. Comme l’a écrit Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence épiscopale française, «l’Etat est dans son rôle lorsqu’il édicte des règles sanitaires. Il sort de son rôle lorsqu’il prétend déterminer comment les citoyens vont mettre en œuvre ces règles dans l’organisation de leur foi religieuse et du culte qui y est lié» (déclaration du 8.06.2020″.

Si nos autorités ecclésiastiques sont dans leur rôle en appliquant les fameuses mesures –barrières, elles ne sont pas les simples agents d’exécution des autorités cantonales. Elles doivent assumer leur devoir pastoral en permettant au maximum de fidèles d’avoir accès aux messes ou aux obsèques et de chanter.

«Prier et chanter ensemble sont un besoin et une nécessité en cette période troublée»

Pour cela, il existe une mesure simple et c’est là la deuxième erreur. Depuis le début de la pandémie, nos autorités ecclésiales refusent d’imposer le masque aux fidèles contrairement à leurs collègues françaises. Cette mesure permettrait de réduire la distance entre les fidèles à 1 mètre et surtout les protégerait de la contamination du virus. Elle ferait en sorte que les fameuses barrières blanches et rouges qui interdisent l’accès à un banc sur deux soient supprimées. Il serait également possible de redire la messe en public dans les chapelles.

Pourquoi un tel refus? Ce n’est pas une question financière. Il est mis en œuvre simplement pour ne pas déplaire aux personnes. Nos paroisses et nos évêques connaissent la réticence des Suisses à porter un masque. Pourtant, les bienfaits de cet outil sont reconnus. Il est imposé dans les transports en commun, dans les magasins de certains cantons et bientôt dans les écoles et les universités. Certes, son utilisation exige un effort, mais ne pouvons-nous pas faire cet effort pour le Bon Dieu et pour vivre une véritable communion? Tous ceux et celles qui le souhaitent, pourraient ainsi accéder à nos églises et y chanter.

La pandémie du Covid-19 va durer. Il est temps de sortir des sentiers battus et rebattus et d’imaginer nos communautés comme des assemblées ouvertes et accueillantes. Prier et chanter ensemble sont un besoin et une nécessité en cette période troublée.

Jean-Jacques Friboulet

12 août 2020

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