Marie Lise Devrel: «Je reste à Beyrouth pour aider à reconstruire»

Après les explosions du 4 août 2020 qui ont dévastées Beyrouth, Marie Lise Devrel s’est rapidement mobilisée pour porter secours et espoir aux populations touchées. La missionnaire suisse italienne travaille dans un centre pour enfants malentendants du Mouvement des Focolari, près de la capitale libanaise, d’où elle vient en aide aux sans-abri et à ceux qui ont perdu leur emploi.

Silvia Guggiari, catt.ch/traduction et adaptation: Davide Pesenti

«Ce qui s’est passé à Beyrouth il y a deux semaines, c’est une tragédie dans la tragédie, s’exclame la missionnaire laïque tessinoise Marie Lise Devrel. La situation économique, ici au Liban, était déjà dramatique à cause de la pandémie qui nous a mis à genoux. Et là, nous avons vraiment touché le fond».

Signes d’espérance

Au cœur de la détresse dans laquelle se trouve actuellement le Liban, il y a cependant des personnes et des lieux qui donnent de l’espérance. L’un d’entre eux est l’Institut de rééducation audio phonétique (IRAP), où travaille la missionnaire tessinoise.

Avec dévouement et foi, elle essaie d’apporter cet esprit de famille indispensable pour regarder avec confiance vers l’avenir; au-delà de la destruction, de la pandémie et de la pauvreté qui afflige de plus en plus le Pays des cèdres.

Il est important de témoigner de l’espérance que nous ne sommes pas seuls

L’équipe de l’IRAP souhaite notamment être un signe d’espérance, à partir duquel aider à repartir. Un parmi d’autres. «De jeunes libanais qui, dimanche dernier, se sont réunis près du port en priant, parmi les décombres éclairés par des bougies, raconte la missionnaire. Un autre signe concret d’espérance est la prière fraternelle, qui dépasse souvent les confessions, en surmontant les différences entre chrétiens et musulmans.» 

Offrir un peu d’espoir est donc le moteur de l’activité quotidienne de la Suisse italienne. «Il est important, pour nous, de témoigner de l’espérance que nous ne sommes pas seuls. L’aide n’est pas organisée. Comme beaucoup d’autres, nous essayons donc de répondre à des situations personnelles urgentes qui, autrement, demeureraient dans la solitude. En ce moment, parmi nos collaborateurs, ceux qui en ont envie vont aider où et comment ils le peuvent».

Six ans de mission au Liban

La missionnaire tessinoise, qui pourrait fuir à tout moment de cette situation désespérée, a choisi de ne pas rentrer en Suisse. 

«Il me semble important de rester ici. Pour moi, c’est un acte de cohérence, dans le sillage de ce choix que j’ai fait il y a plusieurs années, précise la missionnaire. On ne laisse pas les personnes autant en détresse! Je veux faire mienne cette douleur, en faisant ce que je peux pour ces gens et ce pays, déjà déchiré par la pandémie et la pauvreté et maintenant encore davantage blessé».

La tessinoise Marie Lise Devrel est active au Liban depuis 6 ans | © catt.ch

L’engagement de Marie Louise Devrel en faveur de la population libanaise se fait à distance, du moins pour le moment. 

«Beaucoup de nos volontaires de l’IRAP se rendent sur le site de l’accident pour apporter de l’aide et résoudre les urgences. Moi, je n’ai pas encore trouvé ce courage. Je préfère aider depuis les locaux de l’institut géré par le Mouvement des Focolari.

Au service des plus fragiles

Situé à une vingtaine de kilomètres de la capitale libanaise, depuis 60 ans l’IRAP est actif en faveur des enfants sourds. Ces derniers jours, il a notamment lancé une campagne de collecte de fonds, soutenue par la Conferenza Missionaria della Svizzera Italiana, pour venir en aide des plus démunis et des personnes touchées par les explosions

«La mission de notre institut a toujours été d’apporter un soutien là où il y a une urgence permanente. Jusqu’à récemment, c’étaient les conséquences de la guerre; maintenant, le grand nombre de personnes désespérées suite à l’explosion au port de Beyrouth, précise la tessinoise. Même si, ces derniers mois, notre institut a été fermé en raison de la pandémie, nous nous sommes immédiatement mobilisés pour porter secours, surtout à ceux qui ont perdu leur maison».

Rendre l’avenir possible

Avec ses collègues, la missionnaire est en train de recenser les dommages subis notamment par les personnes sourdes. Car c’est la branche de la population qui a le plus de difficulté à communiquer ses nécessités.

«Par l’intermédiaire des volontaires ainsi que des anciens élèves, nous essayons de suivre les plus grandes urgences, conclut Marie Lise Devrel. De cette façon, nous sommes en mesure de donner du travail à des personnes qui ont perdu leur emploi, tout en aidant la population libanaise dans le besoin». 

Des gestes d’entraide concrets et essentiels qui, au milieu des décombres de la capitale libanaise, offrent de l’espoir en un avenir possible. (cath.ch/catt.ch/sg/dp)

Davide Pesenti

Portail catholique suisse

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