Qu’as-tu fait de ton frère?

À l’heure où reprend notre veille dans l’attente de la naissance du Fils de Dieu, on pense à la fébrilité des premiers chrétiens intimement persuadés que le Christ ne tarderait pas à revenir. Au lieu de cela, voilà plus de 2000 ans qu’il continue de nous donner la terre en héritage et le soin de nos frères. Et au cœur de cet héritage, une phrase du matin du monde résonne si fort: «Qu’as-tu fait de ton frère?»

Au seuil de l’Avent, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), l’organisme d’aide alimentaire de l’ONU, annonçait son impossibilité de continuer de fournir des vivres aux réfugiés syriens établis dans des camps au Liban, en Turquie, en Égypte et en Jordanie. 1,7million de personnes privées de cette aide nécessaire puisque 64 millions de dollars manquent. 1,7 million de nos frères.

Ici, on a admiré la force du geste de François qui prie dans une mosquée, de celle de l’étreinte entre Église d’Occident et Église d’Orient. Et ces communions viennent témoigner une fois encore de cette vocation à la paix des religions du monde, de cette solidarité des croyants envers chaque homme persécuté.

Si les grands de ce monde ont offert un témoignage saisissant en unissant leurs prières, Ils invitent chacun des fidèles à répondre en son cœur à la question du fond des âges: «Qu’as-tu fait de ton frère?»

1,7 million de réfugiés qui ont faim, que l’ONU est contrainte de délaisser, voilà un cri déchirant qui doit venir chambouler notre veille pour qu’elle ne soit pas confortable attente d’une fête traditionnelle mais véritablement veille pour le monde qui nous a été confié, pour ces frères qui sont les nôtres de par le monde.

Et ce n’est pas à une foi éthérée et désincarnée que ce cri hurle car si l’homme vit de prière il vit surtout de pain et d’eau. Les limites du Programme Alimentaire Mondial viennent nous le rappeler.

Pour que ces millions de réfugiés ne soient pas enfouis sous le déversement des nouvelles dérisoires qui nous assaillent au quotidien. Pour que l’exil, la guerre, la peur et la faim ne basculent pas dans la banalité. Pour que le soin de notre frère, qu’il soit à côté ou si loin reste notre souci constant.

Voilà pourquoi nous devons veiller âme et corps celui qui va habiter nos crèches rangées sous le sapin, qui va naître dans le coin d’une tente de réfugiés.

Marie Larivé

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