Le PDC veut biffer toute référence chrétienne pour devenir «Le Centre»

Le PDC veut devenir «Le Centre» pour stopper l’érosion de son électorat et faciliter la fusion avec le Parti Bourgeois-Démocrate (PBD). Alors que la base du PDC doit encore se prononcer d’ici à la mi-octobre, une première divergence apparaît entre les deux partis centristes qui tentent d’unir leurs forces.

Le PDC s’est choisi un nouveau nom qu’il a présenté à la presse le 4 septembre, avant de le soumettre aux délégués du parti. Pour son président Gerhard Pfister, qui a fait son gymnase au cloître de Disentis (GR), en milieu catholique, l’abandon de la référence chrétienne dans le nom du parti vise avant tout à regagner des voix: «Depuis quarante ans, nous n’avons jamais gagné de nouveaux électeurs», a-t-il constaté face aux délégués du parti réunis le 5 septembre 2020 en assemblée à Baden (AR).

Pour faire accepter le changement d’identité du parti et l’abandon du «C», qui passe mal dans certaines régions du pays, il a souligné l’importance pour le parti de «se mettre en mouvement», un mouvement qui passe donc par cette nouvelle appellation «Le Centre», sur laquelle la base du parti doit encore se prononcer d’ici à la mi-octobre.

Le problème, explique-t-il au quotidien Le Temps dans son édition du 5 septembre, est que certains votants ne se sentent pas concernés par notre parti en raison de sa référence religieuse: «Sans le «C», nous allons toucher un nouveau public qui se sent proche de notre politique, basée sur des valeurs avant tout humanistes, qui concilient liberté, solidarité et responsabilité.»

Les sections cantonales se positionnent

En attendant, les sections cantonales du parti, elles, restent libres de garder la dénomination PDC jusqu’en 2025. C’est par exemple le choix annoncé par la section du Valais romand, dont le président, Joachim Rausis, explique dans Le Nouvelliste du 4 septembre, qu’il reste favorables au maintien du «C» dans le nom du parti et que sa section mènera campagne sous le nom de Parti démocrate-chrétien, pour mars 2021, même si le parti national opte pour un changement de nom en novembre.

Face au PDC qui envisage d’abandonner le «C» de chrétien, «Angela Merkel a fait le choix inverse en revendiquant jusque dans le nom les valeurs «chrétiennes» qui selon elle font obstacle aux excès et aux désordres extrémistes», réagit sur Twitter depuis Paris l’ex-présentateur vedette de la RTS Darius Rochebin.

Le «C» était l’âme du parti

Pour l’ancien conseiller fédéral Arnold Koller, que cite le quotidien Le Temps, ce «C» était «l’âme» du parti. Interpellé sur le sujet, Gerhard Pfister dit comprendre les réactions des gens attachés aux valeurs chrétiennes, tout en soulignant pour le PDC le risque, à terme, de perdre son unique siège au Conseil fédéral. «En tant que président, je ne peux pas me contenter d’administrer le parti, je dois proposer une solution qui le remette sur la voie du succès. Le nouveau nom proposé par la présidence du parti en fait partie», explique-t-il.  

Le parti au logo orange, qui avait déjà changé de nom en 1970, passant de Parti conservateur chrétien-social au PDC d’aujourd’hui, n’a pas réussi à se défaire de cette étiquette de parti catholique, justifie Gerhard Pfister. «S’il est resté fort dans les petits cantons, il est devenu presque inexistant dans les quatre plus grands cantons réformés que sont Zurich, Berne, Vaud et Argovie».

Un nouveau parti centriste

Pour le PDC, en pleine réflexion sur sa refonte, ce changement d’identité vise également à faciliter la fusion avec le Parti bourgeois-démocratique (PBD). Pour se préparer à un éventuel avenir commun avec le PDC, les délégués du PBD réunis le 5 septembre au Weissenstein (SO) ont donc accepté une révision des statuts, pour ouvrir la voie à une potentielle fusion avec le PDC et former un nouveau parti centriste, qui pourrait passer de 11% des voix lors des dernières élections fédérales à 20% à l’avenir, selon selon Gerhard Pfister.

Lors de leurs assemblées respectives, le 5 septembre, le PDC et le PBD qui tentent d’unir leurs forces ont toutefois adopté des mots d’ordre divergents concernant l’initiative sur les multinationales responsables, soumise au peuple le 29 novembre prochain. Alors que le PBD s’est prononcé en faveur de l’initiative, le PDC appelle majoritairement à rejeter ce texte. Une divergence qui interroge, vu les questions éthiques et morales que pose l’initiative sur la responsabilité des entreprises actives à l’étranger, des valeurs qui comptent pour l’électorat des deux partis du centre. (cath.ch/ltps/nf/mgng/jyg/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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