Rapperswil: l'Association Catholique pour la Presse veut persévérer

Malgré la pandémie du Covid-19 qui en a retenu plus d’un, une bonne vingtaine d’intéressés ont participé, le 12 septembre 2020, sous un soleil radieux, dans les jardins du couvent des capucins de Rapperswil (SG), à l’assemblée générale 2020 de l’Association Catholique Suisse pour la Presse (ACSP).

Cette organisation, fondée en 1917 comme organisation faîtière de la presse catholique dans des temps difficiles pour le ‘milieu catholique’ d’alors, et ensuite pour promouvoir matériellement et moralement le travail des catholiques dans les médias, peine à se renouveler. Elle ne compte plus aujourd’hui qu’un demi-millier de membres, souvent âgés, contre13’000 dans les années 1960. A l’époque, elle jouait encore un rôle non négligeable dans la promotion des quotidiens catholiques, alors que le climat culturel et politique était déjà en pleine mutation.

Hommage à un militant de la presse catholique

Ouvrant l’assemblée, le président Markus Vögtlin a salué la mémoire de Christoph Fink, vice-président de l’ACSP. Ce médecin, décédé le 2 janvier 2020 à Olten à l’âge de 67 ans, était une personnalité influente de la presse catholique. Christoph Fink s’est engagé de façon remarquable pour une présence catholique dans les médias, et c’est grâce à lui que le Katholischer Presseverein Olten (KPO), l’association locale de la presse catholique dont il était le président, a pu se maintenir jusqu’à aujourd’hui, a rappelé Markus Vögtin, président de l’ACSP. Les participants se sont alors levés pour une minute de silence en mémoire de cet infatigable militant.

Comité de l’Association Catholique Suisse pour la Presse (ACSP), Christoph Fink, tout à droite | © Jacques Berset

Alors que l’avenir ne s’annonce pas très rose pour ce genre d’association dans une société qui se sécularise toujours davantage, le président Vögtlin a rappelé que l’ACSP était toujours active, notamment dans le domaine de la formation continue, s’adressant par exemple à des personnels de paroisse peu habitués à faire des communiqués, avec des cours comme «pfiffig schreiben», qu’on pourrait transcrire par «écrire pour être lu». Ce cours a connu un grand succès le 21 novembre 2019. Il a été répété le 5 mars suivant, mais d’autres cours prévus ont dû être annulés en raison de la pandémie du Covid-19. Le 13 juin 2019, l’ACSP avait également organisé un cours de formation continue en matière de médias électroniques, avec pour thème «La page d’accueil comme moyen de communication».

Formation continue

«Ces cours, très demandés, ne sont pas pensés pour des professionnels des médias, mais plutôt pour des gens engagés dans les paroisses et qui sont amenés à communiquer», a souligné le président. Qui a rappelé que le «Presseverein» a marqué l’histoire du monde catholique en Suisse, étant notamment à l’origine de ce qui fut l’Institut de Journalisme et de Communication de l’Université de Fribourg, ainsi que de la Collecte du Dimanche des Médias de la Conférence des évêques suisses.

A Rapperswil, Frère Adrian Müller plaide pour un couvent «ouvert» | © Jacques Berset

Aussi longtemps que ce sera possible, l’ACSP veut maintenir son offre du supplément hebdomadaire «Christ und Welt«, des pages produites par la «Neue Luzerner Zeitung». Ce supplément mis à disposition des journaux a pour but de rendre présents des thèmes chrétiens et religieux dans la presse écrite profane en Suisse alémanique.  

Des finances équilibrées

Sur un total de dépenses de quelque 116’000 francs pour l’année 2019 – dont 65’000 francs de salaire pour le secrétariat -, les contributions des membres s’élèvent à près de 25’600 francs (en diminution de près de 2’000 francs par rapport à l’année précédente). Les autres rentrées se maintiennent, à l’exception des 37’000 francs pour la gestion de la collecte du Dimanche des médias, dont le mandat a été résilié par la Conférence des évêques suisses (CES) pour la fin 2019, ce qu’a une nouvelle fois déploré le président Markus Vögtlin et d’autres membres de l’assemblée.

Outre ces 37’000 francs, l’ACSP a pu compter sur 16’500 francs de dons et de legs, 8’000 francs d’apports de diverses Eglises cantonales de Suisse alémanique pour le projet «Christ und Welt», 6’000 francs pour la gestion du secrétariat l’Association suisse des journalistes catholiques (ASJC) et près de 6’000 francs pour la rémunération de divers projets.  Au bilan, le capital propre, après le déficit de 189,30 francs pour l’exercice 2019, s’élève à près de 45’000 francs.

Autrefois un bastion catholique face à la Zurich réformée

A la suite de l’assemblée générale, les participants ont pu visiter le couvent des capucins de Rapperswil, un couvent «ouvert» datant de 1606, où vivent sept frères capucins et deux soeurs de Menzingen, présentes dans la communauté depuis 1968. Sous la conduite experte de Frère Adrian Müller, capucin et journaliste, ancien gardien du couvent, les participants ont pu découvrir le rôle du bastion catholique que fut autrefois la petite ville saint-galloise sise au bord le lac de Zurich, un temps rivale de la Zurich réformée.

Frère Adrian Müller, capucin et journaliste, ancien gardien du couvent de Rapperswil | © Jacques Berset

Appelée «la ville des Roses», Rapperswil est ainsi honorée en raison des 16’000 roses qui fleurissent de mai à octobre dans les jardins du cloître des capucins et dans le jardin de roses pour les aveugles de la «Schanz», où les noms des roses sont inscrits en braille sur des panneaux. Le couvent, inscrit comme bien culturel d’importance régionale du canton de Saint-Gall, est aussi visité par les pèlerins pour sa grotte de saint Antoine de Padoue. (cath.ch/be)

Après un siècle, l’ACSP menacée de disparaître
Fondée à Zoug en 1917, l’Association catholique suisse pour la presse (ACSP) – appelé autrefois Ligue catholique pour la presse (LCSP) – a été créée dans le sillage du Kulturkampf (»combat pour la civilisation») de la seconde moitié du XIXe, un conflit religieux et culturel opposant le libéralisme anticlérical à l’Eglise catholique et au catholicisme politique. La «Ligue» -ou Schweizerischer Katholischer Presseverein – SKPV en allemand – fut, dans ses années fastes, une promotrice puissante des quotidiens catholiques dans un climat culturel et politique ressenti comme opposé à la vision catholique de la société.
Atteignant jusqu’à 13’000 membres dans les années 1960, principalement en Suisse alémanique, la «Ligue» comptera encore quelque 8’000 membres en 1984, mais le déclin, dans une société déjà largement sécularisée, va s’accélérer. En 2004, l’ACSP ne comptait déjà plus que 1’800 membres, et l’effectif continuera de diminuer régulièrement, en raison du vieillissement de ses adhérents, pour descendre à quelque 500 membres à l’heure actuelle, sans que l’association, malgré ses efforts, arrive à gagner de nouvelles recrues.
Ces dernières années, l’ACSP n’a pu compter sur l’adhésion que d’un seul et unique membre, a relevé le président Markus Vögtlin. Il a remarqué que son association est «une organisation catholique de tradition, née dans le contexte d’un ‘milieu catholique’ qui allait ensuite s’effacer alors que les quotidiens catholiques dans la diaspora catholique et même dans les cantons catholiques disparaissaient les uns après les autres». «Mais nous allons  battre jusqu’au dernier souffle…encore quelques années», confie à cath.ch, réaliste, le président de l’ACSP. JB  

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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