Le cardinal Ladaria Ferrer justifie la censure visant le Père Flannery

La censure imposée en 2012 par le Vatican au religieux irlandais Tony Flannery, condamné pour ses opinions progressistes sur la sexualité et l’ordination sacerdotale des femmes, continue de susciter l’émoi en Irlande. Le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), justifie les mesures prises contre le Père Flannery, membre fondateur de l’Association irlandaise des prêtres catholiques.

«Nous avons fait tout ce qui était possible pour dialoguer avec le Père [Tony] Flannery», a déclaré le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), le 22 septembre 2020. Interrogé sur la façon dont son dicastère gérait le cas du prêtre irlandais de 73 ans interdit de ministère, il s’est justifié en affirmant: «Nous n’avons pas manqué au devoir qui nous a été confié par l’Eglise: celui de servir de tuteur à la foi et d’indiquer que telle ou telle chose n’est pas conforme».

Accès des femmes au sacerdoce

Fondateur de l’Association des prêtres catholiques, un groupe mettant en avant la «primauté de la conscience individuelle» et militant pour une refonte du ministère dans l’Eglise, ce religieux rédemptoriste a refusé les conditions proposées en juillet 2020 par la CDF pour permettre un retour au ministère, expliquant publiquement son choix dans le quotidien irlandais The Irish Times le 16 septembre dernier. Il a décliné l’offre du Vatican d’un retour au ministère s’il promettait de faire silence et signait des déclarations sur les enseignements de l’Eglise concernant notamment le sacerdoce féminin, l’homosexualité et le mariage des personnes de même sexe.

Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a répondu à une question sur ce sujet pendant la présentation du texte Samaritanus bonus fixant la doctrine du Vatican sur la fin de vie. «Nous avons fait tout ce qui était possible pour dialoguer avec le Père Flannery. Ça n’a pas toujours été facile. Nous avons fait notre possible. A certains moments, nous avons dû procéder à des sanctions (…)  C’est une responsabilité très désagréable de la CDF, mais c’est notre responsabilité: ce serait un manquement à notre devoir si nous ne l’exercions pas».  

Favorable au mariage homosexuel

L’ordre auquel appartient le prêtre rédemptoriste, la Congrégation du Très Saint Rédempteur, par le biais de son supérieur général à Rome, le Père Michael Brehl, avait récemment demandé à la CDF qu’il soit autorisé à exercer à nouveau son ministère. Le dicastère du Saint-Siège a accepté à condition qu’il signe quatre propositions prouvant sa bonne volonté.

Le Père Flannery devait solennellement reconnaître que «seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée» et que «les pratiques homosexuelles étant contraires à la loi naturelle et ne procédant pas d’une véritable complémentarité affective et sexuelle, elles ne sont pas approuvées par l’enseignement moral de l’Eglise catholique». Il lui était aussi demandé de reconnaître que «les autres formes d’union [que le mariage entre un homme et une femme] ne correspondent pas au plan de Dieu pour le mariage et la famille»  et enfin que «la théorie du genre n’est pas acceptée par l’enseignement catholique».

Le Père Flannery tire un trait sur son ministère sacerdotal

«Je ne pourrais pas signer ces propositions», a déclaré le prêtre au quotidien irlandais. En réponse au document de la CDF, le Père Flannery a déclaré qu’il n’était «pas surpris, mais déçu et attristé» par celui-ci. «A mon avis, c’est un document qui, tant par son ton que par son contenu, serait plus à sa place au XIXe siècle. Je n’ai pas pu signer ces propositions!», a-t-il déclaré au quotidien irlandais.

Il a défendu une nouvelle fois l’ordination des femmes, reconnu avoir voté en faveur du mariage homosexuel. Cependant, il a affirmé ne pas connaître assez la théorie du genre pour pouvoir trancher. Il a estimé que c’était «la fin de la ligne en termes de ministère sacerdotal pour moi», estimant qu’il n’était plus possible de traiter encore «avec un organe qui produit un tel document. La vie est trop courte – surtout à 73 ans».

«Il ne nous revient pas de juger du Père Flannery en tant que personne, cela revient à notre Seigneur», a expliqué pour sa part le cardinal Ladaria. «En revanche, nous devons nous occuper de ses enseignements ou ses comportements», a-t-il affirmé, relevant avoir toujours cherché à agir respectueusement pour le Père Flannery, notamment en gardant privés les échanges entre la congrégation et lui. (cath.ch/imedia/cd/be)

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