Amazonie: la communauté internationale doit prendre sa responsabilité

Le cardinal brésilien Claudio Hummes a estimé, le 22 septembre 2020, que la communauté internationale était «responsable de la situation en Amazonie» et devait «garantir que les droits humains et environnementaux soient respectés».

Jean-Claude Gerez

«L’Amazonie vit actuellement la pire crise de son histoire». C’est ce qu’ont dénoncé des représentants de la Coordination des Organisations Indigènes du Bassin, Amazonien (COICA) et le Réseau écclésial panamazonien (Repam). Cette réunion s’est tenue sous la forme d’un webinaire le 22 septembre, soit le même jour que la 75e assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies.

Lors de cette réunion, le président de l’organisation catholique, à travers la voix de son président, le cardinal brésilien Claudio Hummes, a rappelé que «la Covid-19, les incendies, les industries minière et pétrolifère et d’autres menaces encore affectent de manière terrible l’Amazonie et les peuples qui y vivent».

«Une tradition cruelle»

Face à ces multiples fléaux, les organisations des droits des peuples indigènes d’Amazonie veulent «rendre visibles les problèmes vécus par les populations et la manière dont ils contribuent au changement climatique». Ils ont d’ailleurs adressé une lettre ouverte aux responsables réunis à l’ONU dans laquelle ils dénoncent la tragédie des «incendies en cette saison sèche qui sont devenus une tradition cruelle». Ces feux ont mobilisés les peuples natifs «pour contrer simultanément l’avancée du feu, celle du virus et des invasions de leurs territoires, dans une bataille inégale pour survivre et garantir la survie de toute l’humanité».

À ce propos, José Gregorio Diaz Mirabal, coordinateur de la COICA a dénoncé l’absence de consultation des peuples indigènes, qui n’ont pas été conviés à participer à cette Assemblée Générale. Évoquant la réactivation de l’économie au sortir de la pandémie, il a demandé que «l’exploitation raisonnée des ressources naturelles soit respectée et incluse dans les pratiques du plus grand nombre afin que nous puissions survivre».

«Proche du non retour»

Rappelant que «le point de non retour était proche, le leader a aussi exigé «la récupération de nos écosystèmes naturels comme moyen de relancer l’économie». Et de clamer : «Sans la vision du monde des peuples indigènes, le modèle de développement existant n’est pas viable». Le coordinateur de la COICA en appelé aussi au respect des accords de Paris et à la suspension d’accords commerciaux favorisant l’extractivisme, à l’image des accords entre l’Union Européenne et le Mercosul.

Sur la même ligne, le Cardinal Humes a affirmé que «nous sommes dans un moment décisif». Il a critiqué ouvertement l’absence de pouvoir politique en Amazonie. «Face aux effets dévastateurs du changement climatique sur notre environnement, les personnes et la biodiversité», le président du Repam a exigé «des actions de la part des gouvernements, qui sont souvent seulement intéressés à soigner leur image auprès de l’opinion publique, sans vouloir protéger les peuples natifs et les communautés d’Amazonie, sans reconnaître et promouvoir les droits». Et de lancer : «Un beau discours à l’ONU ne suffit pas !».

Plus de 29’000 incendies en août

Face à la situation, Mgr Hummes a insisté sur la nécessité de commencer à agir pour mettre en pratique les accords de Paris, qui avaient été précédés de l’encyclique Laudato Si’ du Pape François. Rappelant que «l’Église veut être l’alliée des peuples indigènes. Nous ne voulons pas seulement apporter des propositions, mais construire avec vous de nouveaux chemins».

Selon les relevés satellites de l’Institut national de recherches spatiales (INPE) brésilien, 29’307 incendies ont été recensés entre le 1er et le 31 août. C’est à peine moins que l’année précédente (30.900), mais beaucoup plus qu’en août 2018 (10.000). Et cela n’est pas près de s’arrêter. En Amazonie, en effet, la saison chaude s’étend  de juillet à décembre. (cath.ch/jcg/mp)

Jean-Claude Gérez

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