Ces discours de papes qui ont marqué l’ONU

Le Saint-Siège est membre observateur de l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis 1964. A la suite de l’allocution historique de Paul VI devant l’Assemblée générale l’année suivante, les pontifes se sont succédé à la tribune onusienne. Alors que le pape François se prépare à prendre la parole, par vidéoconférence le 25 septembre 2020, face aux dirigeants du monde, passage en revue de ces adresses papales qui ont marqué l’institution.

21 septembre 2015. Discrètement, le drapeau du Vatican est hissé pour la première fois, au Siège des Nations Unies à New York. Le Saint Siège et la Palestine n’avaient jusque-là pas droit à ce privilège compte tenu de leur statut d’observateurs. La requête, introduite par l’autorité palestinienne quelques semaines plus tôt n’avait suscité que peu d’enthousiasme au Vatican. Le Service de presse avait précisé que le plus petit Etat du monde n’y tenait pas particulièrement.

Cinq ans plus tard et dans un contexte de pandémie qui secoue l’humanité, le 2e discours du pape François est très attendu d’autant qu’il coïncide avec le 75e anniversaire de l’organisation. Le 22 septembre, le cardinal Parolin a rappelé l’importance «plus que jamais incontournable» de l’ONU. Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a insisté sur l’urgence de »travailler ensemble pour surmonter la souffrance du monde». Depuis Paul VI, quatre pontifes ont tenu un discours à l’ONU.

Paul VI, un discours prophétique

En cet octobre 1965 Paul VI est attendu à New York. Il avait rompu un an auparavant, avec son voyage en Terre Sainte, la tradition d’un souverain pontife cloitré à Rome. Ce voyage aura été aussi prophétique qu’emblématique d’autant que le Vatican n’est membre observateur de l’ONU que depuis un an. Il insistera, avec son «plus jamais la guerre !» sur l’urgence de construire un monde de paix. Un rappel singulier de la mission universelle de l’Organisation des Nations Unies que Paul VI définit, 20 ans après sa création, comme « le chemin obligé de la civilisation moderne et de la paix mondiale ».

Ce discours marquera aussi l’entrée de l’Eglise dans le concert des Nations. Reçu à l’occasion par le président Lyndon Johnson, le chef de l’Etat du Vatican profitera de son séjour de deux jours pour faire une allocution dans la cathédrale Saint Patrick et célébrer une messe géante au Yankee Stadium… Quatre ans après l’élection du premier et unique président de confession catholique, en la personne de John F, Kennedy, à la tête des Etats-Unis.

Jean Paul II, le défi de la défense des droits de l’homme

En 1979, la visite à New York de Jean Paul II, élu un an plus tôt, allait de soi. En quelques mois, le pape polonais avait déjà visité plusieurs pays. L’image d’un pontife-pèlerin qui fera le tour de la planète était née. A l’ONU, son discours cadre bien avec la situation du monde. Le Liban, le Proche-Orient, les dictatures en Europe et dans le monde, Jean Paul II fait siennes toutes les revendications des sans voix.

Il évoquera la recherche de la paix, la justice, le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine comme «des valeurs morales objectives communes» à l’Eglise et à l’organisation internationale. Dans la foulée, Jean Paul II a accéléré l’adhésion du Saint-Siège aux principales institutions onusiennes. L’organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), celle pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ou encore le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), l’Eglise se fait représenter partout, prenant désormais sa part aux débats qui déterminent l’avenir du monde. En 1995, Jean Paul II fera une seconde visite à l’ONU et entretiendra, avec Boutros Boutros Ghali, secrétaire général de confession chrétienne copte de longues relations amicales. A la mort du 264e successeur de Pierre, Kofi Anan insistera sur le fait que chacun de ses mots à la tribune ait retenti comme un «appel à aller de l’avant ».   

Benoit XVI, la riposte d’un intellectuel aux crises du monde

Benoit XVI ne se rendra qu’une seule fois à l’ONU en 2008, profitant d’une visite apostolique aux Etats-Unis. La liberté religieuse est au cœur de son discours dans lequel il ne manquera pas, d’évoquer le menace du génocide au Darfour qui deviendra trois ans plus tard le Soudan du Sud et le dernier Etat membre de l’ONU.

Le pape allemand intervenait dans le cadre du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui constitue pour lui, «le langage commun et le substrat éthique des relations universelles». Il décortique de sa voix fluette et douce les crises de son temps. Il livre studieusement son approche de la crise économique, indexe la crise des valeurs en Occident et insiste sur le droit de l’ingérence dans les crises internationales où des civils sont menacés. 

François, entre écologie et pandémie

En septembre 2015, le pape François insiste sur la protection de l’environnement, un thème auquel il a consacré son encyclique Laudato Si.

Cinq ans plus tard le 25 septembre 2020, c’est par vidéoconférence qu’il s’adressera aux dirigeants du monde. Il reviendra sans doute sur l’importance de l’ONU qui fête cette année les 75 ans de sa création. La pandémie du covid-19 occupera certainement aussi l’intervention du pape. Le discours du chef de l’Eglise catholique est d’ailleurs, selon l’ONU, l’un de plus attendus de cette assemblée générale virtuelle, un peu spéciale. (cath.ch/msc/mp)

Max Savi Carmel

Portail catholique suisse

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