L'Eglise catholique renoue avec son histoire en Norvège

L’ordination épiscopale d’Erik Varden, nommé évêque-prélat de Trondheim (Norvège) le 1er octobre 2019 par le pape François, aura finalement lieu le samedi 3 octobre dans la cathédrale de Nidaros à Trondheim, a annoncé l’agence SIR le 22 septembre 2020. Dirigée par l’évêque d’Oslo, Mgr Bernt Eidsvig, depuis 2009, la prélature de Trondheim aura son propre évêque à partir d’octobre, «signe de la nouvelle position de l’Eglise catholique» en Norvège, a annoncé l’économe diocésain, le Père Albert Vold, sur le site internet du diocèse.

Première consécration d’un évêque catholique dans la cathédrale de Nidaros depuis la réforme luthérienne de 1537, cette nomination marque une étape importante dans l’histoire de l’Eglise catholique en Norvège. Cette dernière s’organise autour de trois districts: le diocèse d’Oslo et les prélatures de Trondheim et Tromsø, comportant trente-huit paroisses. Deux autres paroisses sont sur le point d’être créées: une à Oslo (Saint-Martin) et une à Valdres (Saint-Thomas), toutes deux appartenant au diocèse d’Oslo.

Héritage catholique et passé luthérien

Christianisée au 11e siècle grâce au roi Olaf II, canonisé à sa mort et nommé saint patron du pays depuis, la Norvège a rejoint la Réforme protestante en même temps que le Danemark, entre 1536 et 1537, lorsque Christian III a choisi le luthéranisme comme religion officielle du pays et a envoyé l’archevêque catholique Olaf Engelbrektsson en exil aux Pays-Bas. Dans les décennies qui ont suivi, les prêtres catholiques ont été persécutés, les ordres monastiques supprimés et le roi a fait main basse sur l’Église en nommant lui-même les évêques.

Une fois rompus les liens avec le Saint-Siège, environ vingt ans après le début de la Réforme protestante, les diocèses de l’Eglise catholique en Norvège et dans toute la Scandinavie ont été séparés de l’Eglise d’Etat, dirigée par le roi norvégien au lieu d’obéir à l’évêque de Rome, suivant par là-même le modèle anglican. Plusieurs siècles plus tard, en 1814, lorsque la Norvège a obtenu son indépendance du Danemark, la Constitution norvégienne a reconnu l’Eglise luthérienne comme Eglise d’Etat.

Renouveau chrétien et tournant laïc

Peu après l’indépendance du pays, en 1843, le Parlement norvégien a adopté une loi de tolérance religieuse permettant une liberté religieuse limitée et autorisant des services religieux publics non luthériens pour la première fois depuis la Réforme. La même année, la première paroisse depuis la Réforme a été établie dans la capitale. Quelques années plus tard, des lieux de culte catholique ont été ouverts à Alta, Tromsø et Bergen. En 1897, l’interdiction constitutionnelle des ordres religieux a été levée, ce qui a conduit à la création de plusieurs communautés et monastères. 

Jusqu’en 2012, le chef constitutionnel de l’Eglise était le roi de Norvège, lequel devait toujours être de confession luthérienne. Un amendement constitutionnel du 21 mai 2012, rend l’Eglise autonome en ce qui concerne les questions doctrinales et la nomination du clergé et la décrit comme «l’Eglise du peuple» dans le royaume de Norvège. Le nombre des membres de l’Eglise norvégienne demeure sujet de controverses, notamment en rapport avec les subventions d’Etat. 

Si 69,8 % des Norvégiens se disaient chrétiens à la fin de 2018, seuls 20 % d’entre eux déclarent que la religion occupe une place importante dans leur quotidien. Avec 5% de catholiques, la Norvège est le pays le plus catholique d’Europe du Nord mais l’un des pays les plus laïques du monde, derrière l’Estonie, la Suède et le Danemark. Dans ce contexte, la nomination d’un évêque dans la cathédrale de Nidaros, construite sur le site de sépulture du roi Olaf II à partir de 1070 et capitale de l’Eglise catholique de Norvège depuis, apparaît comme le signe d’un renouveau catholique dans la Norvège moderne. (cath.ch/imedia/at/bh)

Frère Erik Varden sera ordonné évêque le 3 octobre prochain | Flickr

Un moine cistercien
Le Norvégien de 45 ans prendra ses fonctions le 1er novembre. Il est abbé du monastère de Mount Saint Bernard depuis quatre ans – un monastère cistercien dans la campagne du Leicestershire, seule maison trappiste en Angleterre.
L’abbé Erik, fils d’un vétérinaire de Norvège, n’est pas né catholique mais a été reçu dans l’Eglise alors qu’il était jeune adulte. Il est allé à l’Atlantic College au Pays de Galles et a étudié la théologie et la philosophie à l’Université de Cambridge, où il a obtenu un doctorat et a ensuite étudié à l’Institut pontifical oriental de Rome.
Frère Erik est entré dans l’Ordre des Cisterciens de la Stricte Observance dans la vingtaine. Il a fait sa profession solennelle à l’Abbaye du Mont Saint Bernard cinq ans plus tard.  Il a été ordonné prêtre en 2011.  Par la suite, frère Erik a enseigné à l’université pontificale bénédictine internationale, le Pontificio Ateneo Sant’Anselmo à Rome, travaillant parallèlement pour la section scandinave de Radio Vatican. BH

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