Accord Vatican-Chine: les réserves et les espoirs de Mgr Gallagher

Commentant le renouvellement de l’accord provisoire entre Rome et Pékin concernant notamment la nomination des évêques chinois, Mgr Paul Richard Gallagher a souligné que «nous avons beaucoup de réserves et beaucoup de choses ne se sont pas déroulées comme nous l’espérions».

Bien qu’optimiste quant au renouvellement de l’accord, nécessaire pour le Vatican, l’archevêque britannique, secrétaire du Vatican pour les relations avec les Etats, a toutefois pointé ses limites, dans une interview réalisée par le journal anglophone en ligne Crux le 6 octobre 2020.  

Mgr Gallagher a confirmé que le Vatican avait proposé à Pékin une prolongation de deux ans de leur accord qui porte notamment la nomination des évêques et dont les termes n’ont néanmoins pas été rendus publics jusqu’ici. Sans réponse de Pékin d’ici la fin du mois, ce qui est le cas pour le moment, l’accord expirera, a-t-il ajouté.

Tout n’a pas fonctionné comme prévu

Si le Vatican a proposé un renouvellement de deux ans seulement, c’est aussi parce que la mise en œuvre de l’accord a été difficile et que tout n’a pas fonctionné comme prévu, a confié le prélat britannique.  

L’archevêque regrette de n’avoir personne «sur le terrain» pour aider à la sélection et à la nomination des évêques. «L’une des difficultés que nous rencontrons, et je pense que nous faisons des progrès, c’est que les noms sont présentés et qu’il est très difficile de les évaluer», a-t-il observé. Il a également déploré l’écart entre les engagements pris à Pékin, par le gouvernement central, et les réalités locales, souvent plus complexes.

La réponse de Mgr Gallagher à Mike Pompeo

Pour autant, Mgr Gallagher ne donne pas entièrement raison aux critiques dont l’accord signé en 2018 avec Pékin a fait l’objet. «Le fait que nous ayons réussi à amener tous les évêques de Chine en communion avec le Saint-Père pour la première fois depuis les années 1950 et que les autorités chinoises laissent au pape un modeste mot à dire dans la nomination des évêques, mais finalement le dernier mot, est tout à fait remarquable», a-t-il déclaré.

Mgr Gallagher accepte toutefois le jugement sévère du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, pour qui la répression de la Chine contre les minorités religieuses, y compris les chrétiens, s’est intensifiée depuis que le Vatican a signé son accord avec Pékin.

Le Saint-Siège n’a pas de moyens de contrainte

En guise de réponse, il a fait remarquer que le Saint-Siège ne dispose pas, comme les Etats influents, d’instruments commerciaux et financiers, voire militaires, pour exercer une certaine influence sur la Chine. «Le Saint-Siège n’a rien de cela. Tout ce que nous avons, c’est le dialogue», a-t-il fait remarquer.

Vers un accord «permanent» ?

Il a rappelé la nécessité d’un tel accord, sans lequel le Vatican n’aurait aucun moyen de communication avec Pékin. «Si nous nous éloignions complètement du dialogue, nous n’aurions aucune opportunité» pour discuter avec nos homologues chinois. «Nous n’avons pas de mission diplomatique à Pékin. Nous avons une représentation à Hong Kong (…). Il n’y a pas d’échanges politiques, donc nous n’aurions plus rien du tout», a-t-il insisté.

Il se dit optimiste quant au fait que les autorités chinoises poursuivent le dialogue avec le Saint-Siège dans les termes convenus de l’accord. Le prélat britannique a ajouté que si les conditions étaient favorables, un accord «permanent» avec la Chine pourrait être envisagé. (cath.ch/imedia/at/be)

Jacques Berset

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