Strasbourg: un code des relations pastorales pour le diocèse

Pour lutter contre les abus sexuels  au sein de l’Eglise, l’archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, a présenté le 6 octobre 2020 un «code des relations pastorales».

«J’ai 104 dossiers pour des faits ou des signalements entre 1947 et 2020»: Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, n’a pas caché la réalité dans une conférence de presse tenue le 6 octobre 2020 dans la capitale alsacienne. Le patron de l’Eglise catholique en Alsace a plaidé pour un signalement rapide des cas à la justice civile. Il a également présenté un code des relations pastorales pour éviter que ces situations ne se reproduisent.

Une déléguée en charge de la lutte contre les violences sexuelles, Sœur Susannah Miriam Kelly, est chargée de superviser ce travail, avec l’aide de quatre personnes référentes. Ces personnes formées à l’écoute et à l’accompagnement sur le long terme doivent permettre de faire émerger les cas encore dissimulés. «La plupart des victimes ne se sont pas encore signalées. Ce n’est que le sommet de l’iceberg», a précisé Sœur Kelly.

Directoire pour confesseurs

Le code des relations pastorales, un document d’une quinzaine de pages, va être promulgué mi-novembre 2020 et entrer en application dans l’ensemble des paroisses alsaciennes dès cet automne. Ce document «est à la fois un texte qui impose des normes et comprend des éléments spirituels», a expliqué Mgr Ravel. Le texte défend un certain nombre de bonnes pratiques pour éviter «l’ambiguïté d’un signe, d’un mot ou d’un geste». Il s’agit notamment d’éviter qu’un adulte en situation pastorale ne se trouve seul en présence d’un enfant ou d’un jeune dans un espace clos. Un accompagnement personnel doit se dérouler dans un lieu ouvert et à un moment «convenable».

Désireux de collaborer avec la justice civile, l’archevêque a en outre conclu un protocole avec les parquets de quatre villes alsaciennes pour faciliter la transmission des signalements d’infractions sexuelles. Il a également signé une convention avec l’hôpital de Strasbourg pour suivre les victimes.

En parallèle, le diocèse de Strasbourg publie un «directoire pour les confesseurs» en cas d’abus sexuels sur mineurs avoués sous le secret de la confession.

«Mieux vaut tard»

La démarche diocésaine fait suite à la Lettre au peuple de Dieu signée en août 2018 par le pape François au sujet des violences sexuelles. Mgr Ravel a créé en octobre 2018 une commission nommée Mieux vaut tard afin, disait-il, de «changer en profondeur» en dénonçant «le cancer des abus sexuels commis par les prêtres».

L’archevêque a ensuite publié en mars 2019 un livre sur le sujet et mis en place un travail collectif pour trouver des moyens d’accompagner les victimes. La commission Mieux vaut tard a réuni à fin 2019 une assemblée synodale de près de 200 personnes, prêtres et laïcs, qui ont mesuré l’ampleur des abus dans le diocèse. (cath.ch/bl)

Bernard Litzler

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