Michel Prêtre a 100 ans: «J’ai été un prêtre heureux!»

Prêtre depuis 70 ans, Michel Prêtre aura bientôt 100 ans. Il se dit aujourd’hui un homme heureux. «Ce qui conserve c’est l’amour», explique-t-il.

Christiane Elmer/ Angélus

Il y a des êtres qui vous tatouent le cœur et l’esprit. L’abbé Michel Prêtre est l’un d’entre eux. Enjoué, vif, passionné de Dieu, des gens et de la vie, il transmet une énergie et une joie débordantes. Sa vivacité, sa fraîcheur, sa mémoire n’ont pas pris une ride. Et pourtant, le 9 décembre prochain, il aura cent ans!

Comment vous sentez-vous à la veille de passer le cap des 100 ans?
Michel Prêtre: Bien! Je me suis épanoui au fil de mon parcours. Le monde que j’ai rencontré ma éduqué et m’a montré mon chemin de bonheur. J’ai eu la chance d’avoir une bonne santé. Et d’avoir ma sœur Brigitte, qui a son appartement à côté du mien, et qui me prépare de bons petits plats. J’aime la vie et les bonnes choses.

«Ce qui conserve, c’est l’amour!»

Est-ce la prêtrise qui conserve?
Je dirais plutôt que c’est l’amour. Là où l’on aime, tout va bien. Quand l’amour s’approfondit, il communique des énergies. Les relations sont primordiales. Elles ne sont pas simples, mais il faut les mettre en valeur. Sommes-nous capables de faire aboutir, en nous et autour de nous, des relations vibrantes d’amour, de justice et de paix?
Ce qui m’a toujours semblé important aussi, c’est d’entretenir son esprit, de se cultiver sans cesse. Je l’ai fait d’année en année auprès des Pères jésuites. Mes activités d’éducateur m’ont aussi aidé; j’avais les nerfs solides; j’étais un bon sportif. Bien sûr, comme tout le monde, j’ai aussi connu des moments noirs. Mais j’ai chaque fois repris mon Evangile et poursuivi mon chemin.

Une part importante part de votre ministère s’est déroulée à Bienne où vous avez été prêtre et curé pendant 17 ans, de 1970 à 1987. Quels souvenirs en gardez-vous?
A l’époque où j’étais curé au Christ-Roi, on entendait souvent dire: «Il y a au moins deux prêtres qui s’entendent bien à Bienne : les abbés Stanislas Wirz et Michel Prêtre» Nous nous complétions bien, Stani et moi. Chacun faisait un effort linguistique. Les tâches étaient nombreuses. Il n’y avait pas de sacristain. Je donnais environ douze heures de caté par semaine. Le soir, j’allais dans les blocs locatifs visiter des familles. Le quartier de Mâche était alors en pleine expansion.

«Les jeunes nous bousculent et nous incitent à nous mettre continuellement en mouvement»

Les anciens jeunes se rappellent de vos innovations…
J’ai eu l’idée de projeter des diapos, des bouts de films ou d’émissions, de mettre sur pied des activités ludiques (baby-foot, tournées de ping-pong, chants rythmés…). C’était également le début des messes des familles. Il faut rester créatifs! J’avais mon petit orchestre et je préparais les chants. On avait un batteur extra! Je voulais que les gosses s’enthousiasment pour le Christ et pour le caté. Mon souci, c’était d’être présent.

Tout au long de votre activité pastorale, vous avez beaucoup travaillé avec les enfants et les jeunes. Que vous ont-ils apporté?
Ils m’ont beaucoup appris. Les jeunes nous bousculent et nous incitent à nous mettre continuellement en mouvement. Savez-vous quel est le meuble le plus important d’un appartement? La table. Qui accueille, réunit, recentre, relie. Et qui, bien sûr, nous renvoie à la Table du Jeudi-Saint. Notre responsabilité est de faire en sorte que ceux et celles que nous rencontrons trouvent leur place à la table du Christ.

«La mort ne me fait pas peur puisque je sais où je vais, vers ce Père qui m’attend»

Est-ce que le Covid, la vieillesse et la mort vous effraient?
Je suis beaucoup à la maison; les risques d’attraper ce virus sont donc faibles. Et puis, la vieillesse est une chose tout à fait normale: toute vie a une fin. Quant à la mort, elle ne me fait pas peur puisque je sais où je vais, vers ce Père qui m’attend.

Après 100 ans de vie quel message aimeriez-vous laisser?
Etes-vous des chrétiens heureux? Car s’il est vrai que chacun recherche le bonheur, il faut aussi se demander quel est celui qui va nous permettre d’assurer un bonheur vrai et définitif.

Votre mot de la fin?
J’ai été fidèle aux réalités de la vie. Préparé ou non, j’ai toujours dit oui aux situations qui se présentaient à moi. (cath.ch/ce/mp)

Michel Prêtre
Michel Prêtre naît à Boncourt le 9 décembre 1920. Il étudie à Lyon, puis entre chez les Salésiens de Don Bosco pour se mettre au service des jeunes. Le 29 juin 1950, il est ordonné prêtre. Il est directeur et éducateur à l’institut «La Longeraie», à Morges, puis travaille à la paroisse de langue française de Zurich avant d’entrer au service du diocèse de Bâle (à la paroisse du Christ-Roi,à Bienne). A la retraite, on l’affecte à la paroisse de St-Ursanne (JU). A 76 ans, il se retire enfin à Boncourt où il assure (jusqu’à la crise du Covid) la messe dans des homes.

Rédaction

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