Cecilia Marogna, consultante de l'affaire Becciu, arrêtée à Milan

Cecilia Marogna, une «consultante» proche du cardinal déchu Angelo Becciu – qualifiée de «dame» du cardinal par le quotidien italien Corriere della Sera – a été arrêtée à Milan par la police financière italienne pour détournement de fonds et abus de biens le 13 octobre 2020. Un mandat d’arrêt international avait été émis par les enquêteurs du Vatican auprès d’Interpol, rapporte la presse italienne.

La «consultante», qui avait déjà reconnu avoir reçu 500’000 euros de la part de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège – selon elle pour des missions de «diplomatie informelle» – quand le cardinal sarde y occupait le poste de substitut aux affaires générales, doit désormais être extradée et mise à la disposition des autorités judiciaires du Vatican pour répondre des accusations qui pèsent sur elle.

Détournement de fonds et abus de biens

Depuis que le pape François a obtenu du cardinal Becciu sa démission le 24 septembre dernier, la justice du Vatican poursuit son investigation sur les failles financières de la Curie romaine. Alors qu’elle enquête sur l’affaire de l’acquisition suspecte d’un immeuble de Londres, un autre volet vient de s’ouvrir, dont le seul dénominateur commun est le haut prélat déchu, et qui porte sur une jeune femme âgée de 39 ans nommée Cecilia Marogna.

L’Italienne a été arrêtée dans la capitale lombarde le 13 octobre, après émission par le Saint-Siège d’un mandat d’arrêt international auprès de l’agence Interpol. Elle est accusée de détournement de fonds et d’abus de biens. La police financière italienne, qui a effectué l’arrestation, doit désormais procéder à l’extradition de la suspecte afin qu’elle soit jugée par la justice du Vatican.

Boutiques de luxe

Le 6 octobre, la presse italienne révélait que Cecilia Marogna, propriétaire d’une société basée en Slovénie, avait reçu plusieurs transferts d’argent provenant de comptes gérés par le cardinal Angelo Becciu alors que ce dernier était substitut de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège. La somme de 500’000 euros perçue était, selon le cardinal originaire de Cagliari, en Sardaigne, censée financer des missions diplomatiques pour l’Eglise catholique en Afrique et au Proche-Orient. Selon plusieurs médias italiens, elle aurait cependant été dépensée dans diverses boutiques de luxe.

La consultante, qui avait été interviewée par le Corriere della Sera le 6 octobre, se présentait comme une «spécialiste des thèmes internationaux». Elle affirmait avoir des liens avec des «personnalités institutionnelles» du Proche et Moyen-Orient qui ont poussé le Vatican à utiliser ses services.

«Diplomatie parallèle»

Elle aurait, selon ses dires, rencontré le cardinal Becciu à Rome en 2015 pour l’entretenir des problèmes de sécurité rencontrés par les «nonciatures et des missions du Vatican dans des contextes dangereux». A l’issue de leur rendez-vous, «une relation d’estime» serait née et aurait  abouti à une «collaboration opérationnelle». Elle aurait effectué ces missions qu’elle qualifie de «diplomatie parallèle» dans certains pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient afin de réduire les dangers concernant des nonciatures et des missions «menacées par des cellules terroristes présentes dans ces pays».

Cecilia Marogna avait reconnu avoir reçu 500’000 euros, transférés par tranche tous les mois, et ce pendant 4 ans. Ils auraient servi, outre son salaire, à financer ses voyages, les consultations et autres «situations à gérer dans diverses zones à hauts risques». De son côté, le Corriere della Sera relatait des achats dans les boutiques de produits de luxe Tod’s, Prada, Mont Blanc ou Saint Laurent.

Le diable s’habille-t-il en Prada?

L’Italienne n’avait pas nié avoir acheté des sacs à main de luxe mais avait laissé entendre qu’il s’agissait de cadeaux pour la femme d’un responsable nigérian. Ce dernier aurait alors été plus à même de pousser le pouvoir du pays à agir pour améliorer la situation de l’Eglise catholique. Cecilia Marogna affirmait par ailleurs entretenir de bonnes relations avec les services secrets italiens.

Sans que la presse n’ait avancé aucun argument sérieux sur ce point, la jeune femme avait aussi réfuté toute accusation qui faisait d’elle «l’amante du cardinal». «Ils m’ont demandé de me taire. Je peux seulement vous dire que cette dame n’est pas une de mes parentes», avait confié dans un premier temps le cardinal Becciu.

Il était ensuite sorti de sa réserve, affirmant avoir été «trompé» et avait déclaré envisager de poursuivre la jeune femme en justice. (cath.ch/imedia/cd/be)

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