Le pape François aime-t-il vraiment la France?

Aucun voyage en France, recul des nominations de Français au Vatican…Faut-il y voir les signes que le pape François n’apprécierait pas la «fille aînée de l’Église», comme le considèrent désormais certains commentateurs?

Nombreux sont les indices qui pourraient indiquer que la France n’est pas en odeur de sainteté au Vatican. En premier lieu, l’absence de voyage apostolique du pape François en France après huit ans de pontificat fait débat. Jean Paul II avait réalisé pas moins de huit voyages dans l’Hexagone, faisant ainsi de ce pays le plus visité après la Pologne durant son pontificat.

Le pape François s’est bien rendu en 2016 à Strasbourg, au Parlement européen. Mais afin de ne pas en faire «une visite en France», il n’avait pas poursuivi son déplacement dans d’autres villes du pays, ni même visité la cathédrale de la cité alsacienne qui fêtait le millénaire de sa construction. Certains Strasbourgeois n’avaient pas caché leur déception face à ce choix.

Il faut également reconnaître que la place de la France au Saint-Siège fait pâle figure. Au cardinal Dominique Mamberti, préfet de la signature apostolique, unique cardinal français en exercice au Saint-Siège, s’ajoutent seulement trois nonces français en poste dans le monde. Plus généralement, l’ensemble du corps des vaticanistes s’accorde à dire que le nombre de Français nommés à des postes influents est en net recul.

Nombreuses délégations de Français

Dans le même temps, plus aucun cardinal n’est en exercice en France, pas même dans les villes clefs que sont Lyon, Paris et Marseille. «Chacun aura un cardinal d’ici deux ans», assure pourtant une haute source de la secrétairerie d’État.

Selon cette même source, le pape François «n’a jamais autant reçu de délégations françaises que ces derniers mois». Deux visites d’Etat ont en effet été réalisées, du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et de celui des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian. S’ils n’ont pas rencontré le pontife en personne, ils ont néanmoins été reçus par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin et ce, en pleine crise sanitaire. Le parlementaire Michel Fanget, chargé d’une étude sur la diplomatie vaticane, a quant à lui pu rencontrer toute la hiérarchie de la Curie pendant quatre jours, jusqu’à être reçu par le pape.

Il faut également citer, en septembre 2020, la rencontre du pontife avec la délégation d’écologistes composée notamment de Juliette Binoche. On peut encore évoquer le livre-entretien avec le pape réalisé par Dominique Wolton, sociologue français, en 2017 et qui avait nécessité une douzaine de face-à-face.

«L’évidence, est que le pape aime la France»

La richesse des figures françaises présente dans chacun des textes du pontife argentin constitue par ailleurs un autre indice de son affection particulière pour la France. En témoigne encore récemment l’encyclique Fratelli tutti, qui s’inspire notamment du témoignage de fraternité du futur saint Charles de Foucauld – dont il a signé le décret de canonisation – et mêle de nombreuses références au philosophe Gabriel Marcel.

Autant d’éléments qui permettent de penser que l’on assiste «à une intensification des rapports avec la France», selon cette source vaticane. Elle affirme, par ailleurs, que le pape François «suit de près» les initiatives des chrétiens en France, tel que le Congrès Mission, dont il devrait recevoir prochainement les organisateurs, et dont il apprécierait beaucoup le travail. «L’évidence, conclut cette source, est que le pape aime la France». (cath.ch/imedia/ah/rz)

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