Les catholiques voudraient jouer un rôle dans la nouvelle
Moscou, 16septembre (APIC) Les catholiques russes entendent jouer un rôle
dans la nouvelle Russie. plusieurs d’entre-eux étaient ainsi récemment rassemblés sur les marches de l’Institut des mines dans le centre de Moscou,
pour célébrer une messe. Célébrant ainsi la fête des apôtres Pierre et
Paul, ils avaient choisi cet emplacement pour une raison bien précise:
c’est dans cet immeuble que se trouvait à l’origine la cathédrale catholique romaine des Saints-Pierre-et-Paul.
Malgré les demandes répétées de la communauté catholique locale, qui célèbre ses services religieux dans l’église voisine de Saint-Louis, la cathédrale appartient aujourd’hui au Ministère de l’énergie, et celui-ci ne
semble pas disposé à restituer le bâtiment à l’église catholique.
La lutte engagée pour récupérer les églises est l’expérience par laquelle doivent passer toutes les Eglises de Russie depuis quelques années. Mais
à ces difficultés s’ajoutent pour les catholiques d’appartenir à une minorité religieuse, sans statut historique ni soutien public. A l’inverse de
l’Eglise orthodoxe russe, les catholiques n’entretiennent pas de rapports
étroits avec le gouvernement.
Anatolij Hej, doyen de la paroisse des-Saints-Pierre-et-Paul et vicaire
général de l’administration apostolique catholique romaine de Moscou, a
adressé une lettre de doléances au président Boris Eltsine dans laquelle il
rappelle qu’en dépit des efforts déployés ces cinq dernières années, des
églises n’ont toujours pas été restituées aux autorités catholiques romaines.
« Nous avons reçu les droits à la liberté, mais n’avons pas les moyens
d’en bénéficier », déplore A. Hej.
10% de pratiquants?
Malgré les obstacles, l’Eglise catholique de Russie s’agrandit. Il y a
cinq ans, il y avait seulement six églises catholiques dans toute la Russie. Aujourd’hui, il y a 75 paroisses.
On estime le nombre des catholiques en Russie à 300’000, mais ce chiffre
se fonde sur des données ethniques – la majorité des catholiques russes
sont d’origine polonaise, allemande ou lituanienne – et Viktor Bartsevich,
secrétaire de l’administration apostolique, précise que seuls quelque 10 %
des catholiques sont pratiquants.
Autre sujet de mécontentement invoqué par la communauté catholique: la
difficulté d’obtenir et de prolonger les visas russes pour des visites
d’ecclésiastiques étrangers. Seuls cinq des 100 prêtres et 120 religieuses
servant des paroisses catholiques ont un passeport russe. Les premières ordinations de prêtres catholiques russes au séminaire catholique romain de
Saint-Pétersbourg n’auront pas lieu, dans le meilleur des cas, avant l’année prochaine.
Tolérés, sans plus
Les difficultés auxquelles doit faire face l’Eglise catholique en Russie
est en partie le résultat de différences historiques. Au cours de
l’histoire, la Russie, qui essayait d’affirmer son identité nationale,
craignait une expansion de l’Ouest, et notamment ce qu’elle considérait
comme une expansion catholique. La rivalité ancienne entre la Russie et la
Pologne se retrouve en fait dans les différences entre catholiques et
orthodoxes.
Sous les tsars, l’Eglise catholique était tolérée, mais les sujets orthodoxes russes n’étaient pas autorisés à se convertir à d’autres religions. Les enfants de mariages mixtes devaient être élevés dans la foi orthodoxe.
Après la révolution bolchevique, le communisme traitait officiellement
toutes les religions avec une égale brutalité, mais les autorités soviétiques considéraient avec une suspicion particulière les « agents du Vatican »
parce qu’ils dépendaient d’une « autorité religieuse étrangère ».
Dans les années 60, le Concile Vatican II déclarait l’Eglise orthodoxe
« Eglise soeur », et un dialogue théologique sérieux devenait possible entre
les deux plus proches et plus anciennes traditions chrétiennes. L’Eglise
orthodoxe russe a joué une part active dans ce processus oecuménique.
Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, l’Eglise grecquecatholique – de rite oriental fidèle à Rome – a connu un renouveau important en Ukraine. En même temps, le Vatican s’employait à rétablir la hiérarchie catholique romaine en Russie. Le Patriarcat de Moscou de l’Eglise
orthodoxe a réagi énergiquement, et accusé l’Eglise catholique d’envahir le
« territoire canonique » du Patriarcat de Moscou et de pratiquer le prosélytisme parmi les Russes.
La nomination d’évêques catholiques en Russie et dans d’autres pays slaves majoritairement orthodoxes tels que le Belarus et l’Ukraine, sans consulter le patriarche orthodoxe Russe, a soulevé un problème particulièrement délicat.
Le responsable des catholiques de Russie, l’archevêque Tadeusz Kondrusiewicz, que l’on présente parfois à tort à l’étranger comme archevêque
catholique de Moscou, est en fait l’administrateur apostolique des catholiques de rite latin de la Russie européenne. La notion même d’un archevêque
catholique de Moscou serait totalement inacceptable aux yeux de l’Eglise
orthodoxe russe pour laquelle le patriarche est le seul évêque de Moscou.
Les responsables orthodoxes et catholiques de Moscou s’accordent pour
dire que les relations entre les deux Eglises se sont améliorées dès 1992.
Du moins, se sont-elles apaisées sur le plan de la rhétorique. La hiérarchie catholique montre aujourd’hui davantage de respect pour la position
historique de l’Eglise orthodoxe de Russie, alors que le clergé orthodoxe,
en général, a cessé d’accuser les catholiques de prosélytisme.
« Il est absurde de définir des territoires canoniques », souligne A. Hej,
« mais je dis toujours qu’il y a des traditions historiques en Russie, où
l’Eglise orthodoxe a joué un rôle particulier ».
« Je pense que l’on reconnaît davantage aujourd’hui que nous ne sommes
pas un organisme étranger. Nous ne sommes pas venus pour rallier des Russes
au pape, mais pour servir les catholiques qui vivent dans ce pays ».
Philip Andrews, prêtre catholique d’origine irlandaise de la ville de
Samara, sur les bords de la Volga, confait récemment que si des membres
traditionnels de l’Eglise orthodoxe russe lui demandaient s’ils pouvaient
devenir catholiques, il les renvoyait à l’Eglise orthodoxe.
« La religion est très liée à la culture », disait-il. » La culture russe
est en crise, dans cette période post-soviétique. Mais la psychologie des
gens est fondamentalement orthodoxe ».
Certains observateurs établissent un lien entre l’amélioration
des
relations entre les Eglises catholique romaine et orthodoxe et le désir du
pape Jean-Paul II de marquer la fin de sa papauté par une percée
historique.
Des négociations secrètes avaient été menées en vue d’une rencontre entre
le pape et le patriarche Alexis II de Russie, qui aurait d avoir eu lieu en
Hongrie en septembre de cette année. Mais selon certaines sources, des
informations ayant été divulguées à la presse, le patriarche aurait subi
l’attaque des conservateurs de sa propre Eglise et le projet a d être
annulé.
Cependant, les négociations continuent, et certaines sources suggèrent
qúune réunion pourrait avoir lieu au Moyen-Orient ou en Europe à la fin
1996 ou au début 1997.
Des initiatives oecuméniques locales sont aussi devenues possibles grâce à
l’amélioration des relations entre les deux Eglises. En juin 1994, une
conférence réunie à Moscou sur le thème « La foi chrétienne et la haine
humaine » avait rassemblé 80 hauts dignitaires de toutes les grandes
organisations chrétiennes de l’ancienne Union soviétique. Une deuxième
conférence devrait avoir lieu en octobre de cette année à Minsk, au
Belarus. (1271 mots)
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