Côte-d’Ivoire: Les religieux inquiets avant l'élection présidentielle

Les guides religieux musulmans et chrétiens de Côte-d’Ivoire ont déploré l’exacerbation de la tension politique dans le pays qui vit une campagne électorale, en vue de l’élection présidentielle le 31 octobre 2020.

On constate déjà «un bilan très lourd de pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants de biens privés et publics», ont-ils regretté dans une déclaration commune signée par les chefs de 14 organisations confessionnelles dont l’Eglise catholique.

Selon les estimations de la presse, depuis le début du processus électoral en août, une vingtaine de personnes ont été tuées dans des incidents liés au scrutin présidentiel.

Pour les dignitaires religieux ivoiriens, depuis deux mois, on assiste à la dégradation progressive du climat social du fait des manifestations de certains partis politiques. Leurs responsables appellent les militants à mener des actions de protestation à Abidjan, la capitale et à l’intérieur du pays contre la candidature du président sortant, Alassane Drahmane Ouattara (ADO).

Ouattara candidat pour un troisième mandat

Ouattara est au pouvoir depuis avril 2011, suite à une élection présidentielle controverséequi a fait 3’000 morts entre octobre 2010 et avril 2011. Il a été réélu, en octobre 2015. La Constitution ivoirienne, adoptée en 2016, limite à deux, le nombre de mandats d’un président de la république. Contre toute attente, ADO brigue néanmoins un troisième mandat de 5 ans, suite au décès en juillet de son dauphin et Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Sa candidature a été validée par le Conseil constitutionnel, la plus instance judiciaire du pays. Dans un avis, il a déclaré que la nouvelle Constitution n’étant pas rétroactive, le premier mandat de 5 ans (2010-2015) ne compte pas. De ce fait, le président Ouattara peut se représenter pour un nouveau mandat. Pour ses adversaires politiques, cette candidature est  anticonstitutionnelle.

D’un autre côté, le rejet des candidatures de l’ex-président Laurent Gbagbo et de l’ancien Premier ministre Guillaume Soro,  à cette élection présidentielle suscite des frictions entre le pouvoir et l’opposition pour laquelle ces rejets sont ‘illégitimes’.

Proscrire la xénophobie et le tribalisme

Dans leur déclarations, les chefs religieux lancent un appel aux acteurs politiques, à proscrire la xénophobie et le tribalisme du débat politique, ainsi que la référence au religieux dans leurs discours. Ils exhortent vivement les dirigeants des partis politiques, à bannir toute forme de violence dans l’expression de leurs adversités et dans la conquête du pouvoir. La Côte-d’Ivoire a connu une décennie de troubles politiques et militaires entre décembre 1999 et avril 2010. (cath.ch/ibc/mp)

Ibrahima Cisse

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