Comment le réalisateur a récupéré l’extrait du pape sur l’union civile

C’est avec le plein accord du Vatican qu’Evgeny Afineevsky, le réalisateur du documentaire Francesco, a récupéré la version complète de l’interview du pape François donnée en 2019 et comportant la fameuse phrase sur l’union civile qui fait polémique depuis le 21 octobre 2020. D’après les conclusions d’I.MEDIA, il semble qu’au Vatican, on avait oublié l’existence de cette phrase dans ce long interview d’une heure et vingt minutes.

En 2019, le pape François accorde un entretien à Valentina Alazraki, vaticaniste mexicaine réputée – elle a commencé sa carrière en 1974 sous le pontificat de Paul VI – devant servir à Televisa, une antenne mexicaine qui diffuse partout en Amérique latine. La version présentée à la télévision ne comporte aucune mention de l’union civile que l’on retrouve aujourd’hui dans le documentaire Francisco d’Evgeny Afineevsky.

De fait, l’extrait qui comporte la phrase polémique «ce que nous devons faire, c’est une loi de cohabitation civile, ils ont le droit d’être légalement couverts», avait bien été coupé au premier montage de 2019, a confirmé Televisa à l’agence américaine AP le 23 octobre. La coupe, dont on ignore encore la taille exacte, aurait été faite en accord avec la journaliste mexicaine et le Vatican.

Il s’agissait d’un choix éditorial de la part de la télévision hispanophone, la déclaration s’éloignant selon elle de l’intérêt central de l’entretien qui portait sur la pédophilie dans l’Église. Elle n’était pas ‘digne d’intérêt’ parce que le pape François ‘avait déjà précédemment indiqué qu’il soutenait’ les unions civiles, a indiqué la chaîne qui nie radicalement avoir donné la version intégrale à un tiers.

Un accès aux archives avec la bénédiction de Paolo Ruffini

Le Vatican a pour règle de conserver dans ses archives absolument tous les «rushs" des entretiens donnés par le pontife. La version intégrale de cet entretien de 2019 a donc intégré l’immense collection des archives pontificales.

Au moment où Evgeny Afineevsky a fait une demande d’accès aux archives du Vatican pour réaliser son documentaire, il est probable que personne aux archives ne se rappelait d’une coupe dans cet entretien. Le réalisateur américain tombant dessus, s’en est alors servie.

Il est tout aussi probable que personne au Vatican n’ait relevé la présence de cette ancienne coupe lorsque le film leur a été présenté. Paolo Ruffini, préfet dudicastère pour la communication, a affirmé à AP le 21 octobre qu’il avait encouragé le réalisateur à parcourir les archives. «Une véritable mine d’or pour l’Histoire», lui avait-il déclaré, ne croyant pas si bien dire. 

En juillet dernier, une trentaine de minutes du film ont été présentées au pape, qui semble avoir été touché par le travail d’Evgeny Afineevsky. Ce dernier a d’ailleurs été invité par le pontife à une petite célébration pour son anniversaire le 21 octobre, le jour de la première du film. À cet instant, il semblerait qu’aucun des acteurs n’ait conscience d’une possible polémique suscitée par un passage du documentaire.

Pas un tremblement de terre pour le réalisateur et l’entourage du pape

D’ailleurs, Evgeny Afineevsky a depuis affirmé être très surpris par la polémique. Selon lui, le pape «n’essayait pas de changer de doctrine mais exprimait simplement sa conviction que les homosexuels devraient jouir des mêmes droits que les hétérosexuels».

Mgr Marcello Semeraro, nouveau préfet de la Congrégation pour les causes des saints, et proche du pape François est le seul à être sorti du silence pour l’instant. Il a admis que c’était la première fois que le pape s’exprimait de façon aussi ‘explicite’, sur l’union civile des couples homosexuels, mais a insisté sur le fait que la phrase ne remettait en rien en cause la doctrine catholique. (cath.ch/imedia/cd/mp)

I.MEDIA

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