UE et Saint-Siège, 50 ans: le pape appelle à un renouveau européen

«Europe, retrouve-toi toi-même!», a déclaré le pape François, à l’occasion des 50 ans de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Union européenne. Dans une lettre publiée le 27 octobre 2020, le pape a appelé les chrétiens «à réveiller la conscience de l’Europe» et a formulé ses «quatre rêves européens».

Le Souverain pontife a publié une lettre à l’occasion du 40e anniversaire de la création de la Commission des Épiscopats de l’Union européenne (COMECE), du 50e anniversaire de l’ouverture officielle des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Union européenne, et du 50e anniversaire de la présence du Saint-Siège au Conseil de l’Europe en tant qu’observateur permanent.

Elle est adressée au cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, qui devait se rendre à Bruxelles pour rencontrer des membres du COMECE et de l’Union européenne à cette occasion, mais n’a pu s’y rendre à cause de la pandémie. Il assistera donc à ces rencontres par visioconférence. Le chef de l’Église lui confie le soin de transmettre ses réflexions à ces autorités.

L’histoire européenne: une fenêtre sur l’avenir

«Europe, retrouve-toi toi-même «, déclame le 266e pape, s’adressant directement au continent dans un style qui peut rappeler l’exhortation Querida Amazonia, publiée en novembre dernier. Selon l’actuel pontife, l’originalité européenne «réside avant tout dans sa conception de l’homme et de la réalité; dans sa capacité d’initiative et dans sa solidarité active». Dans cette perspectives les chrétiens sont appelés «comme le levain dans la pâte […] à réveiller la conscience de l’Europe».

Faisant référence au père fondateur de l’Union européenne, Robert Schuman, il a appelé à choisir aujourd’hui «un chemin de fraternité et mis en garde contre «le risque de perdre son identité, spécialement lorsque font défaut les valeurs partagées sur lesquelles fonder la société». «N’aie pas peur de ton histoire millénaire qui est une fenêtre sur l’avenir plus que sur le passé», a-t-il demandé à l’Europe.

Ne pas marcher vers son passé

«Ne t’arrête pas à regarder ton passé comme un album de souvenirs», a encore demandé le primat d’Italie au continent, considérant que «sans un élan idéal», il risquait de se retrouver «plus fragile et divisé». «N’aie pas peur de ton besoin de vérité» hérité de la Grèce antique, «de justice», forgé par le droit romain et «d’éternité», fruit de la culture judéo-chrétienne, de l’art et de la foi, a-t-il encore déclaré. 

Le pontife en garde contre la tentation «de récupérer une hégémonie politique ou une centralité géographique», héritée du passé. Il ne s’agit pas non plus seulement «d’élaborer des solutions innovantes aux problèmes économiques et sociaux».

Les quatre rêves européens du pape François

Le pape François a formulé le rêve «d’une Europe amie de la personne et des personnes», qui protège et éduque. Il faut que «la personne soit une valeur en soi et non l’objet d’un calcul économique», a-t-il insisté.

Il a aussi défendu le rêve «d’une Europe qui soit une famille et une communauté», c’est-à-dire dont les membres sont «unis par des responsabilités communes». «L’Europe est une véritable famille de peuples, différents entre eux, et pourtant liés par une histoire et par un destin communs», a-t-il insisté. 

Le pape François a ensuite appelé une «Europe solidaire et généreuse», capable d’accueillir et de surmonter la «méfiance» qu’elle a à l’égard des migrants. «Toute solution partielle a déjà démontré son insuffisance» et l’accueil ne peut «pas se limiter à de simples opérations d’assistance», a-t-il insisté.

Le successeur de Pierre a enfin plaidé pour «une Europe sainement laïque, où Dieu et César soient distincts mais pas opposés». «Les temps des confessionnalismes sont finis, mais – on l’espère – aussi le temps d’un certain laïcisme qui ferme les portes aux autres et surtout à Dieu», a-t-il affirmé. 

Une affection particulière du pontife pour l’Europe

Le pontife a souligné l’affection particulière qu’il avait pour ce continent, en raison de ses «origines familiales» [sa famille est originaire d’Italie, ndlr], mais aussi «pour le rôle central qu’il a eu et que j’estime qu’il doit encore avoir, bien qu’avec des accents différents, dans l’histoire de l’humanité. Ce rôle est «encore plus important dans le contexte de pandémie» actuel, a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/cd/gr)

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