Le Souverain pontife a publié une lettre à l’occasion du 40e anniversaire de la création de la Commission des Épiscopats de l’Union européenne (COMECE), du 50e anniversaire de l’ouverture officielle des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Union européenne, et du 50e anniversaire de la présence du Saint-Siège au Conseil de l’Europe en tant qu’observateur permanent.
Elle est adressée au cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, qui devait se rendre à Bruxelles pour rencontrer des membres du COMECE et de l’Union européenne à cette occasion, mais n’a pu s’y rendre à cause de la pandémie. Il assistera donc à ces rencontres par visioconférence. Le chef de l’Église lui confie le soin de transmettre ses réflexions à ces autorités.
« Europe, retrouve-toi toi-même « , déclame le 266e pape, s’adressant directement au continent dans un style qui peut rappeler l’exhortation Querida Amazonia, publiée en novembre dernier. Selon l’actuel pontife, l’originalité européenne « réside avant tout dans sa conception de l’homme et de la réalité; dans sa capacité d’initiative et dans sa solidarité active ». Dans cette perspectives les chrétiens sont appelés « comme le levain dans la pâte […] à réveiller la conscience de l’Europe ».
Faisant référence au père fondateur de l’Union européenne, Robert Schuman, il a appelé à choisir aujourd’hui « un chemin de fraternité et mis en garde contre « le risque de perdre son identité, spécialement lorsque font défaut les valeurs partagées sur lesquelles fonder la société ». « N’aie pas peur de ton histoire millénaire qui est une fenêtre sur l’avenir plus que sur le passé », a-t-il demandé à l’Europe.
« Ne t’arrête pas à regarder ton passé comme un album de souvenirs », a encore demandé le primat d’Italie au continent, considérant que « sans un élan idéal », il risquait de se retrouver « plus fragile et divisé ». « N’aie pas peur de ton besoin de vérité » hérité de la Grèce antique, « de justice », forgé par le droit romain et « d’éternité », fruit de la culture judéo-chrétienne, de l’art et de la foi, a-t-il encore déclaré.
Le pontife en garde contre la tentation « de récupérer une hégémonie politique ou une centralité géographique », héritée du passé. Il ne s’agit pas non plus seulement « d’élaborer des solutions innovantes aux problèmes économiques et sociaux ».
Le pape François a formulé le rêve « d’une Europe amie de la personne et des personnes », qui protège et éduque. Il faut que « la personne soit une valeur en soi et non l’objet d’un calcul économique », a-t-il insisté.
Il a aussi défendu le rêve « d’une Europe qui soit une famille et une communauté », c’est-à-dire dont les membres sont « unis par des responsabilités communes ». « L’Europe est une véritable famille de peuples, différents entre eux, et pourtant liés par une histoire et par un destin communs », a-t-il insisté.
Le pape François a ensuite appelé une « Europe solidaire et généreuse », capable d’accueillir et de surmonter la « méfiance » qu’elle a à l’égard des migrants. « Toute solution partielle a déjà démontré son insuffisance » et l’accueil ne peut « pas se limiter à de simples opérations d’assistance », a-t-il insisté.
Le successeur de Pierre a enfin plaidé pour « une Europe sainement laïque, où Dieu et César soient distincts mais pas opposés ». « Les temps des confessionnalismes sont finis, mais – on l’espère – aussi le temps d’un certain laïcisme qui ferme les portes aux autres et surtout à Dieu », a-t-il affirmé.
Le pontife a souligné l’affection particulière qu’il avait pour ce continent, en raison de ses « origines familiales » [sa famille est originaire d’Italie, ndlr], mais aussi « pour le rôle central qu’il a eu et que j’estime qu’il doit encore avoir, bien qu’avec des accents différents, dans l’histoire de l’humanité. Ce rôle est « encore plus important dans le contexte de pandémie » actuel, a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/cd/gr)
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