De nouveaux documents pèsent sur le fondateur de Schönstatt

La controverse sur la vie et l’œuvre du fondateur du mouvement de Schönstatt, le Père Joseph Kentenich (1885-1968), continue. Après son article retentissant publié en juillet 2020, l’historienne allemande Alexandra von Teuffenbach poursuit son réquisitoire dans un livre qui étaie de nombreux témoignages les comportement déviants du fondateur.

A partir de nombreux témoignages d’époque, l’historienne allemande qui travaille à Rome présente le Père Kentenich comme un manipulateur envahissant, auteur d’abus de pouvoir et d’agressions sexuelles. Elle s’appuie entre autres sur les archives du Vatican disponibles depuis mars 2020 pour le pontificat du pape Pie XII. (1939-1958).

Sous le titre «Vater darf das!» (Un Père peut faire cela!) Alexandra  von Teuffenbach offre des preuves solides de ses accusations. L’ouvrage contient des descriptions détaillées de plusieurs Sœurs de Marie de Schoenstatt sur le style de leadership douteux de leur père fondateur. «Comment cet homme, ce prêtre, peut-il être offert aux chrétiens du monde comme un modèle, un modèle après ce qu’il a fait et dit», s’interroge l’historienne dans sa préface.

Outre les archives du Vatican, la plupart des documents recueillis par l’auteur proviennent des archives des Pères Pallottins, de la province du Limbourg, la communauté à laquelle  le Père Kentenich a longtemps appartenu. On parle d’un étrange «culte du père». Il avait «rendu les sœurs dépendantes, humiliées et abusées et ne s’était jamais distancé de cette attitude», affirme l’autrice.

Demander la permission d’aller aux toilettes

Ainsi dans une lettre de 1948 sœur Georgia Wagner écrit. «Nous ne sommes autorisés à lui parler qu’à genoux. Dans la suite de la lettre, la femme fait état d’attouchements physiques, qui lui auraient causé des doutes. «Il m’a calmé en disant :’un Père peut faire cela’.»

Ailleurs, on se plaint que les sœurs devaient demander la permission d’aller aux toilettes ou de changer leurs serviettes hygiéniques en présence de leur guide spirituel. En outre, des pratiques confessionnelles inadmissibles et dégradantes sont critiquées.

La relation entre Kentenich et ses Sœurs de Marie est probablement difficile à comprendre dans la perspective actuelle. Cependant, dès le début des années 1950, de nombreux observateurs soupçonnaient que quelque chose n’allait pas. Mais qu’est-ce qui a poussé le Vatican, à l’époque, à envoyer Kentenich en exil aux États-Unis? Le tableau reste incomplet. Tout aussi controversée reste la question de savoir si son retour en Allemagne en 1965 doit être interprété comme une réhabilitation de facto ou est simplement survenu après l’expiation de sa peine.

Une prochaine publication, déjà annoncée par Alexandra  von Teuffenbach, permettra peut-être de faire la lumière. Elle entend rendre public les documents qu’elle a trouvés dans les archives du Vatican sur la visite apostolique effectuée à Schoenstatt entre 1951 et 1953.

De son côté le Mouvement de Schönstatt, qui continue à soutenir son fondateur, a promis de traiter toutes les accusations de manière transparente. Le Présidium général a nommé les membres d’un groupe de recherche international. Il est clair que les 13 experts désignés auront beaucoup de travail. Parallèlement une nouvelle commission d’historiens du diocèse allemand de Trèves doit apporter des éclaircissements sur le processus de béatification en cours depuis 1975. (cath.ch/kna/mp)

Alexandra von Teuffenbach: Vater darf das! Eine Archivdokumentation Sr. M. Georgina Wagner und andere missbrauchte Schönstätter Marienschwestern, 456 p. 2020

Maurice Page

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