Cardinal Poupard: «Face au Malin, nous devons redoubler de prières»

«Contre tout espoir humain, l’espérance est théologale». Ce sont ces mots tirés de saint Paul que le cardinal Paul Poupard, ancien président des Conseils pontificaux de la culture et pour le dialogue interreligieux sous Benoît XVI, invite à méditer après l’attentat islamiste de Nice qui a fait trois morts. «Alors que nous sommes glacés d’horreur», l’heure est à la prière, «plus forte que jamais », a-t-il confié à I.MEDIA le 29 octobre 2020.

Quelle a été votre réaction en apprenant cette nouvelle tragique?
Que vous dire si ce n’est que je suis addolorato (affligé). Tous les jours, nous reculons dans l’horreur, 15 jours seulement après le massacre d’un enseignant français. Voilà une nouvelle horreur qui s’ajoute au fait que cela s’est passé dans une église, cette basilique Notre-Dame de Nice où je suis allé il y a quelques années présider une cérémonie. Alors que nous sommes glacés d’horreur, l’heure est à la prière, plus forte que jamais. C’est aussi l’heure de l’espérance, cette vertu théologale que j’appelle la vertu des temps tragiques. Je reprends ces mots de saint Paul que je n’avais pas très bien compris autrefois »Contra spem in spe«. Nous pouvons en français traduire en ces mots: «Contre tout espoir humain, l’espérance est théologale».

Que dire aux chrétiens en cette période noire qui peut pousser au repli sur soi ?
Que dire aux chrétiens sinon revenir à l’essentiel : la prière que nous a appris Jésus, le Notre-Père. Je crois que dans cette prière sont contenus tous les sentiments que nous pouvons exprimer jusqu’au dernier «Délivre-nous du mal». Comme je l’ai dit l’autre dimanche en célébrant la fête de saint Louis à Saint-Louis-des-Français, nous avons un peu oublié l’existence du Malin, du mal. Nous le voyons en ce moment à l’œuvre dans le monde et nous devons redoubler de prière pour ne pas succomber aux tentations qui peuvent nous assaillir. Je crois qu’il faut lutter de toutes forces contre l’accablement, contre le sentiment de désespoir comme si nous n’avions plus rien à faire. Je me réfugie dans la petite Jeanne d’Arc de Charles Peguy (NDLR, Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc). Rien à faire, ce n’est pas français, il y a toujours quelque chose à faire.

Comment continuer à croire au dialogue interreligieux auquel nous invite l’Église et le pape François en ces temps troublés ?
J’ai fait tous les dialogues possibles et imaginables à la demande du pape Jean Paul II. Comment dialoguer avec ces gens qui veulent notre persécution? J’y repensais en ce moment. Comment faire? Nous devons ne pas baisser les bras et dialoguer avec tous ceux avec lesquels nous pouvons dialoguer mais c’est une œuvre de longue haleine. Quand j’étais été chargé par le pape Benoît XVI du dialogue interreligieux et que j’écrivais ses lettres de dialogue aux responsables de différentes religions, j’attirais leur attention sur le fait que nous sommes tous responsables. Le problème vient du fait que nous nous trouvons devant des mentalités qui viennent qu’on ne maîtrise pas et que l’on ne peut pas changer en un jour.
C’est tout un travail d’éducation qui est à réaliser, très lent. Ce qui est difficile, c’est de savoir que nous ne pouvons changer cela qu’à travers un long travail et pourtant il faut vivre aujourd’hui. Nous oublions vite l’affaire du Père Hamel mais je dois dire que dans les temps où j’étais en charge du dialogue, on ne s’attaquait pas au sacré. Il y avait un respect qui demeurait. Le drame actuel, c’est que nous nous trouvons devant des personnes pour qui il n’y a plus rien de sacré. (cath.ch/imedia/cg/mp)

I.MEDIA

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