Martin Werlen: «Sans réformes, nous ne sommes plus l'Eglise»

Le Père Martin Werlen, ancien Abbé d’Einsiedeln, estime que, dans la crise sanitaire actuelle, l’Eglise doit se montrer créative et aller vers le peuple. Dans son dernier livre, «Sortez de votre coquille» (Raus aus dem Schneckenhaus!), aux éditions Herder, il critique en outre les «pharisiens» qui bloquent les réformes dans l’Eglise.

Durant la crise du coronavirus, on a pu voir différents visages de l’Eglise, estime Martin Werlen dans une interview sur le site d’information catholique italien SettimanaNews. Pour le bénédictin, qui décrit le contenu de son dernier livre, paru en octobre 2020, l’institution est passée de la peur de sa «mort» communautaire à une grande créativité. C’est par cette voie que l’Eglise doit continuer à aller vers les personnes, là où elles se trouvent.

Martin Werlen propose de regarder autrement les personnes qui sortent de l’Eglise. Affirmant que l’institution «ne doit pas trop se fixer sur les chiffres». Pour le religieux, il est possible d’apprendre beaucoup de ceux qui sont partis. «Si l’Église est uniquement perçue par eux comme une institution qui dit ce qu’on peut faire ou pas, quelle raison ont-ils encore de lui appartenir?» Car «l’Église est une vie profondément partagée». En particulier, les personnes les plus haut placées dans la hiérarchie ecclésiastique ne doivent pas s’isoler dans leur statut, mais être «vraiment» avec le peuple.

La grande peur des pharisiens

Martin Werlen assure que son livre est «difficile à digérer pour les pharisiens». Il vise «ceux qui se considèrent mieux que les autres, les regardent avec mépris, en insistant sur le respect des règles». Il constate que, si l’Eglise n’est pas dans son entier «pharisienne», ces cercles y sont dominants. «Certains évêques, tout en réalisant que la réforme est effectivement urgente, n’ont pas le courage d’aller de l’avant car ils ont peur des réactions, ou sont bloqués par des personnes pour qui tout doit rester comme avant».

Le religieux bénédictin est ainsi persuadé que «si nous regardons les pharisiens dans le Nouveau Testament, nous pouvons mieux comprendre la situation actuelle de l’Église». «Lorsque quelqu’un demande une réforme aujourd’hui, certains cercles s’empressent de dire: ‘ce n’est pas catholique’, ou : ‘c’est une hérésie'». Pour Martin Werlen, «C’est exactement la situation dans laquelle se trouvait Jésus. Mais il ne s’est pas incliné (…) Et aujourd’hui, dans la crise du coronavirus, il devient clair que, si nous n’avons pas le courage de risquer quelque chose, c’est la fin de l’institution». «Si nous excluons les réformes, nous ne sommes plus l’Église», conclut l’ancien Père-Abbé d’Einsiedeln. (cath.ch/settimananews/rz)

Livre: «Raus aus dem Schneckenhaus! Nur wer draußen ist, kann drinnen sein», Herder, 2020

Raphaël Zbinden

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