La Secrétairerie d’État déchargée de prérogatives historiques

Le pape François acte formellement le transfert de fonds gérés jusqu’à présent par la Secrétairerie d’État à l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (APSA), la banque publique du Vatican. Dans une lettre datée du 25 août 2020, rendue publique par le Bureau de presse du Saint-Siège le 5 novembre, il est spécifié que le Secrétariat pour l’économie aura la charge de contrôler ces fonds.

Une réunion présidée par le pape François s’est tenue le 4 novembre, en présence du cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin, du substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Edgar Peña Parra, du secrétaire général du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, Mgr Fernando Vergez, du président de l’APSA, Mgr Nunzio Galantino, et du Père Juan Antonio Guerrero Alves, préfet du Secrétariat pour l’économie, dans le but de mettre en œuvre la réforme économique de la Curie, a rapporté Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le 5 novembre. Cette réunion avait été demandée par le pape François dans une lettre envoyée au cardinal Parolin deux mois auparavant.

Principe de subsidiarité appliqué

«Il ne semble pas nécessaire ni opportun que la Secrétairerie d’État remplisse toutes les fonctions qui sont déjà attribuées à d’autres dicastères», avait écrit le pape François dans sa missive. «Il est donc préférable que le principe de subsidiarité soit également appliqué en matière économique et financière», avait-il poursuivi. A ce tite, il a ainsi déchargé la Secrétairerie d’État de la gestion et de l’administration de tous les fonds financiers et actifs immobiliers qu’elle exerçait.

L’administration et la gestion de ces fonds seront transférés à l’APSA, banque centrale du Vatican destinée à gérer les biens du Saint-Siège et les fonds nécessaires au fonctionnement de la Curie romaine. C’est le Secrétariat pour l’économie qui exercera le contrôle sur l’APSA, de la même manière qu’il surveille déjà en matière administrative et financière toutes les entités de la Curie.

La Secrétairerie d’État: un dicastère parmi les autres

«Cela implique que la Secrétairerie d’État […] n’aura aucune responsabilité dans la supervision et le contrôle d’une quelconque entité du Saint-Siège», avait affirmé le pape François dans sa lettre, demandant à son Secrétaire d’État de redéfinir dès lors le bureau administratif de ce dicastère, voire même, qu’il «évalue la nécessité de son existence».

La Secrétairerie d’État devra désormais fonctionner comme tous les autres dicastères, au moyen d’un budget approuvé selon les mécanismes habituels. Le pontife argentin précisait toutefois qu’elle conserverait une gestion particulière concernant les questions confidentielles soumises au secret. Autrement dit, il est possible que la Secrétairerie d’État conserve la gestion de fonds secrets. Mais le pape François veut garder un œil sur ces fonds: il a cette année créé une «Commission des matières réservées» à cet effet.

«Attention particulière» aux investissements de Londres

Dans sa lettre, le pape François demandait aussi d’accorder une «attention particulière» aux investissements de Londres et au fonds Centurion. Il ordonnait à son administration de s’en défaire le plus rapidement possible ou, du moins «de manière à éliminer tout risque pour la réputation» de la Secrétairerie d’État, jusqu’alors en charge de ces investissements au cœur de nombreuses polémiques.

En novembre 2019, le pape François avait révélé que le Vatican enquêtait sur les conditions suspectes d’acquisition par un fonds de la Secrétairerie d’État d’un immeuble londonien. En décembre 2019, la presse italienne avait mis en lumière des investissements hasardeux du Vatican par un fonds maltais dénommé «Centurion». Près d’un million d’euros avaient notamment été investis dans la production d’un film sur la vie du chanteur Elton John. (cath.ch/imedia/hl/rz)

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