Le Vatican punit sévèrement un cardinal polonais mêlé à des abus

Le cardinal Henryk Gulbinowicz, qui était sous le coup d’une accusation de harcèlement et d’avoir couvert des abus commis par des prêtres, a été condamné à de lourdes peines disciplinaires par le Saint-Siège, a annoncé la nonciature apostolique en Pologne dans un communiqué le 6 novembre 2020. Il lui est désormais interdit « d’assister à toute cérémonie ou réunion publique », mais aussi d’arborer « des insignes épiscopaux ». 

Depuis 2019, le cardinal Gulbinowicz, aujourd’hui âgé de 97 ans, était accusé de harcèlement et de dissimulation d’actes de pédophilie qui se sont déroulés en grande partie dans les années 1970. Henryk Gulbinowicz a été archevêque de Wroclaw de 1976 à 2004. Il a été crée cardinal par Jean Paul II en 1985. Une enquête avait été ouverte à son encontre par le Saint-Siège pour examiner la véracité des faits. Lui était notamment reproché de s’être publiquement porté garant d’un prêtre pédophile en connaissance de cause.  Selon Radio Vatican en polonais, il a été accusé en outre de harcèlement, d’actes homosexuels et de coopération avec le « SB », abréviation de « Służba Bezpieczeństwa », le « Service de sécurité », c’est-à-dire ce qui était le service de renseignement et la police secrète du régime communiste de la République populaire de Pologne.

Après avoir analysé les accusations, le Saint-Siège a décidé de punir sévèrement le haut prélat, qui se trouve être une figure importante de l’Église locale. Dans un communiqué le nonce apostolique en Pologne, Mgr Salvatore Pennacchio, a expliqué que le haut prélat serait désormais interdit « d’assister à toute cérémonie ou réunion publique », mais aussi d’arborer « des insignes épiscopaux » (anneau, mitre, croix pectorale, blason…). 

L’enquête confirme le harcèlement

Lui est aussi interdit de recevoir un service funèbre dans la cathédrale de Wroclaw, tout comme le fait d’y être inhumé, comme le veut la tradition pour un évêque. Le versement par le cardinal « d’une somme d’argent appropriée » à la Fondation Saint-Joseph – une association mise en place par l’épiscopat polonais pour prévenir les abus sexuels et aider les victimes – est enfin prévu.

Le porte-parole du diocèse de Wroclaw, le père Rafał Kowalski, a affirmé dans un entretien avec le journal local GazetaWroclawska que les soupçons de harcèlement avait été « confirmés » par l’enquête. C’est la première fois qu’une mesure punitive si importante est prise par le Saint-Siège contre un haut prélat polonais. (cath.ch/imedia/cd/mp)

Henryk Roman Gulbinowicz
Henryk Roman Gulbinowicz est né le 17 octobre 1923 à Sukiškės, dans l’archidiocèse de Vilnius (aujourd’hui en Lituanie, alors en Pologne). Il entre au séminaire archiépiscopal de Vilnius et il y termine ses études secondaires avant de s’installer à Białystok, aujourd’hui de l’autre côté de la frontière polonaise.
Il a reçu l’ordination sacerdotale en 1950. Après un ministère d’un ans comme vicaire, il a été envoyé à l’université catholique de Lublin où il obtient un doctorat en 1955. Il occupe ensuite le poste d’aumônier universitaire à Białystok. Plus tard, il commenca à enseigner au séminaire de Warmie, tout en travaillant à la curie diocésaine d’Olsztyn.
En 1970, le pape Paul VI le nomma d’administrateur apostolique du territoire polonais de l’archidiocèse de Vilnius. il est ordonné évêque la même année.
En 1976, il est promu archevêque de Wrocław. Au cours des années passées à la tête de l’Église locale, l’archevêque a doté le vaste territoire ecclésiastique de nombreux centres de pastorale. Il a également fondé le bimensuel « Nowe Zycie » (Vie Nouvelle). Il est l’auteur d’une série d’ouvrages sur le thème de la théologie morale, de l’orthodoxie et de la formation du clergé. MP

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