Le cardinal Dziwisz mis en cause pour dissimulation d'abus

La chaîne polonaise TVN24 a diffusé le 9 novembre 2020 un reportage de 80 minutes intitulé «Don Stanislao. Druga twarz kardynała Dziwisza»(Don Stanislao. Le deuxième visage du cardinal Dziwisz). Le reportage met en particulier en cause le rôle du cardinal Stanisław Dziwisz dans la gestion des dénonciations envoyées au pape Jean Paul II par les victimes de pédophilie.

«J’espère que tous les doutes présentés dans ce reportage seront éclaircis par la Commission compétente du Saint-Siège», a déclaré Mgr Stanisław Gądecki, président de la Conférence épiscopale polonaise dans un communiqué publié le 10 novembre 2020. Le prélat réagissait aux accusations visant le cardinal Stanisław Dziwisz, ancien secrétaire de Jean Paul II, de ne pas avoir rapporté de nombreux cas d’abus sexuels par des membres du clergé.

De l’argent pour rencontrer le pape?

En tant que secrétaire du pape, souligne le reportage, le cardinal polonais devrait avoir reçu les lettres des plaignants concernant notamment les viols commis par Marcial Maciel et d’autres membres du mouvement catholique mexicain des Légionnaires du Christ dès 2002. L’enquête polonaise affirme encore que l’organisation a financé de nombreuses activités du haut prélat quand il était à Rome, puis à Cracovie, quand il en a été nommé archevêque.

Le cardinal Dziwisz aurait aussi été, selon plusieurs témoins interrogés dans le documentaire, au courant des accusations portées contre l’ancien cardinal Theodore McCarrick. Celui-ci aurait versé de l’argent (10’000 dollars) au Polonais en 1988 pour obtenir une audience avec le pape Jean Paul II. Pendant cette rencontre, un de ses «neveux privilégiés» – nom que McCarrick donnait à ses victimes en public – affirme dans le documentaire avoir alerté directement le pontife et son secrétaire, sans succès. Le nom du cardinal est par ailleurs cité dans le rapport McCarrick publié par le Saint-Siège le 10 novembre, mais aucune mention n’est faite de cette rencontre.

Plusieurs cas en Pologne

Autre chef d’accusation: celui de la dissimulation des activités pédophiles d’un prêtre polonais Janusz Szymik, que le cardinal polonais avait un temps traité de «provocateur». Le cardinal polonais, interrogé dans un entretien avec TVN24 le 20 octobre, a affirmé n’avoir aucune trace des lettres que lui aurait envoyé la victime, et a affirmé qu’on voulait lui faire porter une responsabilité qu’il n’avait pas dans cette affaire.

A aussi été mentionné le cas du père Michał M., un prêtre de la région de Podkarpacie, qui a été condamné en 2004 à deux ans de prison pour des abus sexuels sur six jeunes filles. Selon la télévision polonaise, le condamné a confirmé que c’était bien le cardinal Dziwisz qui avait «interrompu» l’affaire au Saint-Siège.

Marcin Gutowski, journaliste polonais catholique qui a mené l’enquête a déclaré sur Twitter, après la publication de l’article : «Je suis de la «génération JP2» [Jean Paul II], donc émotionnellement, c’est l’une des choses les plus difficiles que j’ai faites». (cath.ch/imedia/cd/rz)

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