Le prélat étatsunien, qui sera créé cardinal au prochain consistoire public ordinaire le 28 novembre 2020, a livré une longue réflexion sur son prédécesseur et les dommages causés par ses crimes, dans un communiqué publié le 16 novembre 2020 sur le site de son archidiocèse. Mgr Wilton Gregory reconnaît qu’il reste encore un «pas énorme» pour répondre aux «innombrables personnes que nous avons déçues».
Mgr Gregory explique que l’enquête menée sur le cardinal Theodore McCarrick, qui a abouti par la publication d’un rapport de plus 450 pages, fait émerger «des coins sombres de notre Eglise dont j’ai profondément honte et à cause desquels je suis profondément en colère – une fois de plus !»
A peine une semaine après la publication du rapport McCarrick, ancien archevêque de Washington aujourd’hui reconduit à l’état laïc pour avoir perpétré de nombreux abus sur de jeunes séminaristes, l’actuel archevêque de cet archidiocèse américain réagit avec vigueur pour dénoncer une «histoire tragique». Ce rapport va bien au-delà d’un scandale qui ne concerne que quelques diocèses où l’ancien archevêque a été en poste, car «il s’agit d’une violation humaine inadmissible et de la douleur que trop de gens ont endurée de la main d’un homme trompeur qui a seulement prétendu vouloir ce qui était le mieux pour eux afin d’obtenir ce qu’il voulait pour lui-même».
«Ceux d’entre nous qui sont aux commandes ont trop souvent échoué à comprendre, à reconnaître, à répondre et à prévenir les dommages causés à nos fidèles innocents – mineurs et adultes», s’insurge celui qui recevra à Rome la barrette cardinalice lors du prochain consistoire.
Disant sa «honte» et sa «colère» devant ces révélations, le futur cardinal étatsunien fustige «une culture qui a trop souvent servi non pas à édifier notre chère Eglise catholique – le plus grand don que Jésus-Christ nous ait fait – mais à la miner, bien au-delà du mandat ecclésiastique amoral d’un seul clerc déchu».
Dans sa lettre, Mgr Gregory dépeint l’ex-cardinal McCarrick comme un «homme malhonnête» coupable d’une «violation humaine inconcevable». Mais le cardinal désigné insiste plus largement sur la faillite d’un système avec des responsables ecclésiaux qui, «manquant de compétence, de communication et de culture», n’ont pas réussi à mettre hors d’état de nuire «cet homme pervers».
Promettant de tout son cœur que la vigilance ne sera pas relâchée dans son archidiocèse, il promet de continuer à lutter contre le fléau des abus, pour rendre justice aux victimes. Il s’est arrêté sur le cas des personnes qui, à l’époque, avaient donné l’alerte de manière anonyme parce qu’elles craignaient des représailles de la part de l’institution.
Et de préciser que l’Eglise a pris des mesures, bien que tardivement, pour analyser honnêtement à la fois ce cas précis et d’autres relevant à l’avenir de la responsabilité de l’Eglise. Le pape François a déjà établi des procédures destinées à révéler la vérité dans les cas d’actes illicites commis par des membres du clergé et de la hiérarchie, souligne-t-il, avant de reconnaître le chemin qu’il reste à parcourir.
«Il reste à prouver aux innombrables personnes que nous avons déçues l’ampleur et la durabilité de ce pas !», reconnaît pour autant l’archevêque. Retrouver une intégrité exigera «du temps et de la transparence, de la contrition et de l’engagement, de la prière et de la réconciliation, de l’authenticité et de l’humilité», insiste-t-il.
Avant de conclure par un acte de contrition, le futur cardinal dit implorer la miséricorde de Dieu pour lui et pour ses frères évêques et demande au Père céleste «de répandre sa grâce sur tous ceux dont la foi a été trop souvent mise à l’épreuve par ce que nous avons fait et ce que nous n’avons pas fait». (cath.ch/imedia/hl/vaticannews/be)
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