Le cardinal Angelo Becciu attaque en justice l'hebdomadaire L'Espresso

Le cardinal Angelo Becciu, accusé d’avoir détourné des fonds du Vatican, attaque en justice L’Espresso. Le prélat sarde déchu demande à l’hebdomadaire italien une compensation financière qu’il annonce vouloir reverser à des œuvres caritatives.

«Face à la campagne de presse que L’Espresso a menée sans interruption depuis le 24 septembre dernier à mon égard (…) j’ai intenté une action en justice (…) pour la compensation des énormes dommages subis», écrit le cardinal Becciu dans un communiqué de presse signé par ses soins en date du 18 novembre 2020.  

Le 24 septembre 2020, le cardinal Becciu a été poussé par le pape François à renoncer à sa charge de préfet de la Congrégation pour les causes des saints et à abandonner les droits liés à son statut de cardinal. Cette démission subite a concordé avec la publication le lendemain d’une longue enquête de L’Espresso qui accusait le prélat de détourner des fonds du Vatican. L’article du journal avait été transmis auparavant au Vatican. Selon Massimiliano Coccia, le journaliste à l’origine de l’enquête, les révélations de l’hebdomadaire avaient probablement été à l’origine de la disgrâce du préfet de la Congrégation pour les causes des saints.

«Distorsions de la réalité»

Le cardinal déchu relève que face à la série d’accusations de L’Espresso, «toutes absolument infondées», il a intenté une action en justice, par l’intermédiaire du cabinet d’avocats Callipari de Vérone, «pour la compensation des énormes dommages subis».

Angelo Becciu  annonce disposer d’une documentation qui prouve «le caractère infondé des reconstitutions publiées à plusieurs reprises par l’hebdomadaire». Après les premières révélations, le média italien avait poursuivi son enquête et rédigé d’autres articles mettant en cause le prélat italien de 72 ans.

«Le droit et le devoir d’informer n’a rien à voir avec ce qui a été écrit contre moi», poursuit-il en dénonçant un «crescendo de distorsions de la réalité qui ont délibérément massacré et déformé mon image d’homme et de prêtre». Ceux qui ont diffusé ses propos devront donc en répondre devant les juges, explique l’Italien, qui dit n’avoir jusqu’à aujourd’hui jamais reçu de communication de la justice vaticane ou italienne prouvant qu’il faisait l’objet d’une enquête.

«Tout est faux»

«lls répondront de m’avoir accusé de comportements déplorables que j’ai (…) déconstruits un à un, à commencer par le plus douloureux, précise-t-il, [celui] d’avoir détourné des fonds de l’Eglise et des fidèles en faveur de mes proches». Le cardinal sarde dénonce encore le «complot fantaisiste contre le cardinal Pell», qui l’accusait d’avoir financé les adversaires du prélat australien: «tout est faux!», martèle-t-il.

«Face aux dommages planétaires que ces ‘enquêtes’ excentriques ont causés à ma personne et, plus important, à toute l’Eglise, Angelo Becciu compte demander au journal une «indemnisation substantielle à verser entièrement à des œuvres de bienfaisance».

«Mystifications graves et diffamatoires»

«Je continuerai à servir l’Eglise et à être totalement fidèle au Saint-Père et à sa mission, mais je consacrerai toute mon énergie restante à faire en sorte que […] la vérité soit rétablie grâce aux enquêtes judiciaires que j’ai demandées», écrit le cardinal. Il n’exclut pas de nouvelles procédures si des «mystifications graves et diffamatoires» le concernant venaient à se poursuivre.

Au lendemain de sa démission fracassante, le cardinal Becciu avait organisé une conférence de presse dans laquelle il avait déjà réfuté toutes les allégations à son encontre relayées par la presse. Sans donner d’explications sur les raisons de la décision du pape François à son égard, il avait confié au journal Il Messaggero: «J’ai accepté sa demande de démission. Mais je suis innocent et je vais le prouver. Je demande au Saint-Père d’avoir le droit de me défendre».

Des affaires «pas très catholiques»

Depuis que le pape François a obtenu du cardinal Becciu sa démission le 24 septembre 2020, la justice du Vatican poursuit son investigation sur les failles financières de la Curie romaine. Alors qu’elle enquête sur l’affaire de l’acquisition suspecte d’un immeuble de luxe à Londres, un autre volet s’est ouvert en octobre dernier, dont le seul dénominateur commun est le haut prélat déchu, et qui porte sur une jeune femme âgée de 39 ans nommée Cecilia Marogna.

L’Italienne a été arrêtée dans la capitale lombarde le 13 octobre 2020, après émission par le Saint-Siège d’un mandat d’arrêt international auprès d’Interpol. Elle est accusée de détournement de fonds et d’abus de biens.  

Le 6 octobre 2020, la presse italienne révélait que Cecilia Marogna, propriétaire d’une société basée en Slovénie, avait reçu plusieurs transferts d’argent provenant de comptes gérés par le cardinal Angelo Becciu alors que ce dernier était substitut de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège. La somme de 500’000 euros perçue était, selon le cardinal originaire de Cagliari, censée financer des missions diplomatiques pour l’Eglise catholique en Afrique et au Proche-Orient. Selon plusieurs médias italiens, elle aurait cependant été dépensée dans diverses boutiques de luxe. (cath.ch/imedia/cg/cd/be)

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