Hauterive: des pâtes pour soutenir les chrétiens persécutés

Depuis la fin novembre, l’Entreprise Laudato si’ a monté une opération conjointe avec le bureau romand de l’ONG «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED). Le label, qui produit des pâtes artisanales à l’Abbaye cistercienne d’Hauterive, commercialise une «box découverte», contenant différentes sortes de pâtes, dont une partie du prix de vente est reversée à AED.

Ce carton de pâtes artisanales, faites à partir de farines achetées à des paysans locaux «à un prix juste», tient à préciser Lionel Avanthay, le fondateur de Laudato si’, est vendu au prix de 49 francs, dont 18 vont aux projets de l’AED à travers le monde où les chrétiens en ont le plus besoin.

En plus des quatre sortes de pâtes que contient la box, du matériel d’information sur les chrétiens persécutés et une «croix de guérison» accompagnée d’une prière pour demander la fin de la pandémie du Covid-19 complètent l’assortiment. L’idée vient de Patricio Tribelhorn, responsable d’AED Suisse romande, qui connaît Lionel avec lequel il a étudié en 2017 à l’Institut européen d’études anthropologiques Philanthropos, à Bourguillon (FR).

Une sensibilité «bio» soutenue par l’encyclique du pape François

Lionel Avanthay à l’Abbaye d’Hauterive, avec Patricio Tribelhorn (à g.), d’AED | © Jacques Berset

«A la base, je suis cuisinier; j’exerce ce métier à hauteur de 30% à la cuisine de l’Abbaye d’Hauterive. Mais, dans des locaux du monastère, que je loue aux moines cisterciens, j’ai démarré, d’abord à très petite échelle, la production de pâtes artisanales». Le Valaisan, né en 1985 à Val-d’Illiez, est un homme à la foi chevillée au corps. Il a appelé son entreprise du nom de la fameuse encyclique du pape François parce qu’il l’a lue et a voulu concrétiser cette volonté d’écologie intégrale chère au pontife argentin.

Depuis longtemps, ce futur père de famille avait pris conscience des problèmes créés par le mode de consommation dominant qui porte atteinte à l’environnement et l’absurdité de faire venir des produits alimentaires de l’autre bout du monde, achetés à des prix cassés, alors que le paysan voisin peine à vendre le même produit à un prix juste. Sa fibre «bio» l’a aussi conduit à rechercher des méthodes de production agricole durables.

«Elles voulaient bien prier pour mon entreprise…»

Il a alors fait le tour des communautés religieuses du canton de Fribourg – celles qui ont des jardins et des terres agricoles –  en leur proposant de «mettre leur génie en action», sachant que, dans l’histoire, les monastères avaient grandement contribué au développement de la production agricole, avec l’assainissement des marais, leurs moulins, leurs brasseries…

Lionel Avanthay travaille aussi comme cuisinier à l’Abbaye d’Hauterive | © Jacques Berset

«EIles voulaient bien prier pour mon entreprise, mais seuls les Focolari, à Montet, m’ont proposé de me louer une cuisine pour mon projet. Cela a été en quelque sorte l’élément déclencheur de mon entreprise», poursuit celui qui fut aussi Garde suisse pontifical au Vatican (2008-2010), employé aux CFF et aux Transports publics fribourgeois.

Quand il a commencé à produire des pâtes en 2016, Lionel utilisait 50 kg de farine par mois. En 2019, c’était déjà 270 kg par mois, et pour l’ensemble de l’année 2020, il atteindra les 7 tonnes. Il achète sa farine chez des paysans de la région, qui ont des moulins «à taille humaine», à Cournillens, à Flamatt, à Kriechenwil, près de Laupen, et un peu plus loin, à Valangin, au-dessus de Neuchâtel.

«Bon et pour l’homme et pour l’environnement»

L’atelier de Lionel est situé à quelques pas du magasin monastique de l’Abbaye d’Hauterive,  qui propose entre autres des articles fabriqués sur place par les moines, des produits culinaires, des préparations à caractère médicinal et des créations artistiques, sans oublier les pâtes artisanales Laudato si’.  

Les pâtes Laudato si’ prêtes à être emballées avec le logo d’AED | © Jacques Berset

«Ma démarche de base est que ce je produis soit bon et pour l’homme et pour l’environnement», lance le producteur artisanal, en montrant ses emballages: du papier kraft marron, biodégradable, non traité chimiquement, de l’encre sans solvant chimique, avec une fenêtre en amidon de maïs.

Il veut également, en soulignant l’importance de la dignité du travail, assurer un prix équitable aux producteurs de céréales auprès desquels il se ravitaille. Cette année, il achètera aux producteurs des produits pour un montant de 28’000 CHF: essentiellement de la farine, mais également des œufs. D’un esprit inventif, Lionel a acquis son matériel de production à des prix imbattables (la machine a cependant été acquise au prix du marché, tient-il à préciser), en n’investissant que 17’000 CHF.

Logo de l’Entreprise Laudato si’ | © Jacques Berset

Son affaire commence à marcher: «Pour la première fois ce mois-ci, je peux me verser un salaire de 4’000 CHF». Dans cette nouvelle aventure avec l’AED, Lionel se réjouit de contribuer à faire connaître le combat en faveur des chrétiens persécutés, car pour lui, «l’écologie intégrale» prônée par le pape François, c’est aussi la solidarité avec tous les hommes en détresse. (cath.ch/be)  

La «box découverte» et sa «croix de guérison«
Dans la «box découverte» proposée en collaboration avec AED se trouve quatre sortes de pâtes et un flyer sur les chrétiens persécutés, mais également, en ces temps de pandémie de coronavirus, une «croix de guérison» en bois d’olivier fabriquée par des artisans pauvres de la région de Bethléem. La vente de ces croix aide à soutenir la présence des chrétiens au pays de Jésus.
Au Moyen-Age, lors des grandes épidémies, des «croix de peste» bénites ou «Pestkreuze» étaient données aux fidèles pour demander à Dieu la fin du fléau. Une prière est proposée pour susciter l’espérance. JB

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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