Décès de Mgr Henri Teissier, ancien archevêque d'Alger

Mgr Henri Teissier, archevêque émérite d’Alger est décédé le 1erdécembre 2020 à Lyon des suites d’un accident vasculaire cérébral, Le prélat âgé de 91 ans est mort le jour de la fête du bienheureux Charles de Foucauld.

Avec Mgr Teissier s’éteint un véritable monument de l’histoire de l’Algérie et de son Église. Ce pasteur avait, entre autres, accompagné et enterré les 19 martyrs d’Algérie pendant la décennie noire des années 1990. Il avait aussi grandement contribué à leur béatification en 2018.

Mgr Henri Teissier avait dû se résoudre à quitter Alger en 2018. Il y était chez lui plus qu’en France, mais il ne parvenait plus à se déplacer, rapporte le quotidien La Croix.

Un amour de jeunesse

Son amour de l’Algérie remonte à l’été 1951, lorsque comme candidat au sacerdoce, il effectue un stage d’un an dans une usine à Alger et dans la paroisse de Hussein Dey. Après son ordination en 1955, le jeune prêtre n’a qu’un souhait: retourner en Algérie. Il a commencé à apprendre l’arabe et part se perfectionner deux ans au Caire. En 1958, il arrive comme prêtre à Alger. Il est nommé à Belcourt où vivent alors environ 20’000 chrétiens. Il suit et anime pas moins d’une quarantaine de groupes paroissiaux. Il choisit une vie pauvre, au milieu des Algériens. En 1965 il obtiendra la nationalité.

Après l’indépendance de l’Algérie et le départ forcé de la quasi-totalité de ses fidèles, Henri Teissier fait le choix de rester. Le cardinal lui confie la mission de fonder un Centre diocésain d’études de langues et de pastorale pour accompagner la découverte par les chrétiens de la culture algérienne.  Il accueille une poignée d’étudiants dont… Guy Gilbert.

Pionnier du dialogue islamo-chrétien

C’est à cette période qu’il se passionne pour l’histoire de l’émir Abdelkader, qui au milieu du XIXe siècle fut un des grands précurseurs du dialogue islamo-chétien.

Nommé évêque d’Oran en 1972, il devient évêque coadjuteur d’Alger en 1980, puis succède au cardinal Duval comme archevêque d’Alger en 1988. Il veut toujours se mettre au service d’un pays, qui, depuis son indépendance, ne cesse de se chercher une identité, un avenir politique, un projet commun…

C’est à ce poste d’archevêque d’Alger qu’Henri Teissier est plongé dans la tourmente de la violence islamiste qui déchire le pays dans les années 1990. C’est lui qui accompagne chacun des membres du diocèse dans son discernement: faut-il partir, comme le leur ordonnent les autorités françaises, ou rester malgré les risques? C’est lui qui, à 19 reprises, est appelé après l’assassinat tragique d’un des siens durant cette décennie noire.

La messe de béatification des martyrs d’Algérie s’est déroulée à Notre-Dame de Santa Cruz, sur les hauteurs d’Oran. | © B. Hallet

Une béatification extraordinaire

En 2000, alors que la furie a pris fin, mais qu’un couvercle est posé par les autorités algériennes sur la tragédie, Mgr Henri Teissier est invité par Jean-Paul II à la célébration au Colisée pour «les martyrs du XXe siècle». Avec les familles des 19 martyrs d’Algérie, il lance l’idée de leur béatification, soucieux de partager leur témoignage de fidélité avec l’Église universelle «Il n’est pas question pour nous d’opposer une violence qui nous a été faite à celle qui a frappé toute la société», prévient-il cependant d’emblée.

Le résultat, le 8 décembre 2018, dépasse tous ses espoirs. La première béatification dans un pays très majoritairement musulman rassemble les représentants des autorités civiles, des familles des martyrs et des quatre diocèses de l’Église catholique en Algérie, ainsi que de nombreux Algériens. Pour Mgr Tessier cette célébration est un accomplissement, mais aussi une forme de guérison. Elle vient couronner une vie toute entière donnée à l’Église et à l’Algérie. (cath.ch/cx/mp)

Bio express
21 juillet 1929. Naissance à Lyon, dans une famille de huit enfants.
1946. Son père, militaire, et qui a rejoint le général de Gaulle pendant la guerre, est envoyé au Maroc, puis à Alger l’année suivante.
1947-1955. Il part pour le séminaire des Carmes à Paris et étudie l’arabe à l’Inalco.
1951. Il fait un stage d’un an en Algérie, en usine et dans la paroisse de Hussein Dey dont le curé est le père Jean Scotto, pied – noir et engagé aux côtés des Algériens.
1958. Après deux ans d’études au Caire à l’Institut dominicain d’études orientales, il arrive comme prêtre dans le diocèse d’Alger.
1972. Évêque d’Oran.
1988. Archevêque d’Alger.
2000. Invité par Jean-Paul II à la célébration au Colisée pour « les martyrs du XXIe siècle » avec les familles des 19 martyrs d’Algérie, il lance l’idée de leur béatification.
2004. À 75 ans, il démissionne.

Maurice Page

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