L'IVG cristallisa les rapports entre Giscard d'Estaing et les papes

Si le président français Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020) a pris grand soin d’entretenir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège pendant toute sa vie, la question de l’avortement a toujours constitué un point de conflit avec les papes. Avec Paul VI, Jean Paul II et plus récemment le pape François, la légalisation de l’irruption volontaire de grossesse a été une pomme de discorde.

L’ancien président de la République, qui se disait fervent catholique, est mort – hasard du calendrier – le jour-anniversaire de sa première entrevue avec un pape. Il y a tout juste 45 ans, le 2 décembre 1975, il rencontrait Paul VI quelque mois après sa victoire aux élections présidentielles. À l’époque, cette audience privée de 55 minutes avait suscité la curiosité des vaticanistes car elle n’avait été suivie d’aucun communiqué. Elle a été, en revanche, commentée par le directeur de la salle de presse de l’époque, Federico Alessandrini.

Parmi les multiples sujets abordés entre les deux hommes, l’Italien avait fait allusion à la question de la stabilité de la famille et « au respect de la vie ». Quelques mois après le vote de la loi Veil, le 17 janvier 1975, ces mots ont à l’époque été les seuls à laisser entendre un désaccord entre les deux hommes. De son côté, l’ancien chef d’État français n’avait fait aucune mention de ce point sensible. Seul Le Monde avait appris que le pape avait exprimé « son amertume pour la libéralisation de l’avortement récemment décidée par la France ». Si les deux chefs d’États étaient effectivement en désaccord, il ne laissent rien paraître à l’époque et ›VGE’ se confiera sur cet épisode bien après.

Trois ans plus tard, en 1978, le président français s’entretient avec son successeur Jean Paul II au Vatican. Il le rencontrera à deux autres occasions : en France en 1980 et au Vatican en 1981. Lors de ces entrevues, de nombreux sujets ont été abordés sans que leur désaccord sur la question de l’avortement soit publiquement mis en avant. C’est bien plus tard, en 2005, que VGE’ confiera que le pape polonais lui avait frontalement reproché d’avoir fait voter la loi sur la légalisation de l’avortement. Une loi jugée «trop permissive» par le pontife.

Les papes se «trompaient» sur l’IVG

La condamnation explicite du pape sur l’avortement dans son encyclique Evangelium Vitae (1995) puis son assimilation de l’avortement à un «holocauste» en 2005 marque un désaccord entier que confirmait d’ailleurs l’ancien président au micro d’Europe 1 en 2018 .»J’ai rencontré pendant mon septennat les papes qui étaient en fonction, (…), nous avons parlé, ils étaient en désaccord, je leur ai dit qu’à mon avis ils se trompaient».

Une divergence qui s’est poursuivie puisque l’ancien homme politique a aussi reproché, dans ce même entretien, des propos sur cette question au pape François. Dans l’une de ses audiences générales, le pontife argentin avait comparé l’IVG à l’embauche d’un tueur à gages. Une expression regrettée par l’Auvergnat.

Un président très assidu en matière diplomatie vaticane

Pour autant, Giscard d’Estaing a été l’un des présidents français les plus assidus en matière de diplomatie vaticane. Il a relancé les visites papales que Georges Pompidou avait délaissées. Même après sa défaite en 1981, ›VGE’ poursuivra ses entretiens, rencontrant à nouveau Jean Paul II en 2002 puis Benoît XVI en 2008. Il sera enfin reçu par le pape François le 17 mars 2014. (cath.ch/imedia/cg/mp)

Maurice Page

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