Evangile de dimanche: Commencements!

Comme c’est étonnant. Il aura fallu attendre le deuxième dimanche d’Avent pour entendre la première page de l’évangile de Marc. Après l’appel à veiller, les textes du jour nous convient au premier rendez-vous. «Le Seigneur vient» déclame le prophète Isaïe, «un ciel nouveau et une terre nouvelle» nous attendent promet l’apôtre Paul. De son côté Marc dresse la table pour accueillir ses hôtes…

Hum! Quelle bonne odeur d’aube et de rosée fleurent ces premiers mots d’évangile! «Commencement de la Bonne Nouvelle!» Marc nous adresse, par courrier, une enveloppe encore cachetée. La joie et l’impatience se mêlent au désir de prolonger l’instant de l’ouverture pour savourer pleinement le bonheur de la découverte. Parce que de l’inédit s’annonce, de l’inouï, comme au tout début du temps, lorsque Dieu soufflait des mots neufs sur le néant pour donner vie au monde, aux pierres, aux bêtes, au soleil, aux herbes, aux sources, aux humains…

Commencement… le mot présage des pages de mots qui dansent, de paroles bonnes et nouvelles. Comme Dieu devant son œuvre, nous allons voir comment c’est beau, comment c’est bon. Oyez, voyez, respirez à pleins pores la brise légère qui caresse les feuilles, humez l’exquis parfum du récit qui s’insinue. Il chante le plus beau nom du monde: Jésus, le Christ, fils de Dieu.

«Personne ne s’invente tout seul. Pas même le fils de Dieu. Ainsi, l’histoire de Jésus commence par l’histoire des autres.»

Commencement… Mais voilà qu’avant de pister la liberté, l’évangéliste nous promène du côté du passé. Il convoque l’ancien Isaïe, s’attarde auprès de Jean-Baptiste, retourne au premier Testament, erre dans les paysages du désert, là où jadis l’histoire des hommes s’était tricotée avec la vie de Dieu.

Comme si Marc souhaitait rappeler qu’au moment de la rencontre amoureuse chacun débarque avec sa propre histoire. Personne ne s’invente tout seul. Pas même le fils de Dieu. Ainsi, l’histoire de Jésus commence par l’histoire des autres. Tous nous héritons sans choisir de gênes, d’un nom, d’une culture, d’une famille qui nous sculptent à leur image.

Avant que des yeux ne s’allument et que des cœurs ne palpitent, là où deux désirs se guettent, deux inconnus saisis en cours de route s’étonnent. Des mots se risquent, souvent maladroits, l’esquisse d’un sourire ou d’un geste incitent au choix d’un premier rendez-vous. Les langues se délient, puis se livrent, chacun raconte des bribes de son histoire, des coins de rêves, des pépites et laisse entrevoir les morsures infligées par la vie.

Et puis, comme dans la Genèse et dans les évangiles, lorsque les mots aiment, un monde nouveau surgit. Chacun des deux, tout en restant fidèlement lui-même, devient radicalement un autre. Rien n’est plus comme avant.

Commencement! Marc nous tend un carton d’invitation. Un appel à entrer par la porte de la maison du Sauveur. Après avoir entendu parler de lui, voici venu le temps de la rencontre, l’heure de lui courir après, de s’émerveiller de ses gestes, de boire ses paroles, de garder le silence ou de chanter à tue-tête.

L’évangéliste sait la patience des temps de fiançailles, il nous mettra au fil des phrases au rythme des disciples. Eux connaissent l’élan joyeux des premiers jours et les pas hésitants dans la poussière des sentiers sinueux. Ils ont ressenti l’enthousiasme exaltant et les doutes les plus sombres. Ils ont éprouvé l’amitié inconditionnelle et le reniement le plus lâche, partagé la proximité des tables, la prodigalité des pains, la générosité du Verbe. Ils ont frissonné, questionné, pleuré, râlé, bref ils ont vécu ce que de vrais amis savent vivre.

Nous attendons Jésus qui nous attend. Il nous précède et nous invite à (re)commencer une histoire avec lui; ou mieux encore si déjà il est l’Ami, il envoie son souffle sur la braise pour attiser la flamme…

Didier Berret | Vendredi 4 décembre 2020


Mc 1, 1-8

Commencement de l’Évangile de Jésus,
Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

Alors Jean, celui qui baptisait,
parut dans le désert.
Il proclamait un baptême de conversion
pour le pardon des péchés.

Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem
se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain,
en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau,
avec une ceinture de cuir autour des reins ;
il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait :
« Voici venir derrière moi
celui qui est plus fort que moi ;
je ne suis pas digne de m’abaisser
pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

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