Livre: le pape rappelle la «force transformatrice» du christianisme

«Aucun esprit honnête ne peut nier la puissance transformatrice du christianisme», écrit le pape François dans un texte inédit figurant dans un livre à paraître en Italien, «Il cielo sulla terra» (Le ciel sur la terre, en français), édité par la Librairie éditrice vaticane (LEV). Mais le pontife prévient que c’est uniquement lorsque le christianisme est enraciné dans l’Évangile qu’il donne le meilleur de lui-même à la civilisation.

Ayant pour sous-titre, «Aimez et servez pour transformer le monde», ce nouvel ouvrage est le quatrième volume d’une collection de textes du pape dédiés au dialogue œcuménique. L’évêque de Rome, qui s’adresse à tous les chrétiens, y signe un texte inédit tandis que le pasteur Martin Junge, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale, rédige la préface.

C’est un véritable hymne au christianisme que livre le pape dans ce texte inédit d’une dizaine de pages intitulé «Transformer le monde». «Aucun esprit honnête ne peut nier la puissance transformatrice du christianisme dans le devenir de l’histoire», y écrit-il, souhaitant faire taire les sceptiques et les désabusés qui ne croient plus en la possibilité d’un monde plus juste et plus fraternel. À l’inverse, le successeur de Pierre entend montrer qu’à «chaque fois que la vie chrétienne s’est répandue dans la société de manière authentique et libre, elle a toujours laissé une trace d’humanité nouvelle dans le monde».

Retrouver la «dynamique transformatrice chrétienne»

Faisant notamment référence à «la résilience mise en œuvre par le monachisme bénédictin à l’époque des barbares», le pontife argentin souligne que bien des réformes silencieuses initiées par des disciples du Christ ont pu réellement modifier le sens de l’histoire. Comment? L’évêque de Rome s’appuie sur la pensée d’Emmanuel Mounier pour percer ce «secret». Le philosophe catholique français estimait que l’influence importante du christianisme sur la civilisation européenne était davantage un «effet secondaire» du témoignage des premiers chrétiens qu’un plan préétabli, une conséquence gratuite d’une foi vécue simplement plutôt que le résultat d’un programme politico-culturel.

Un postulat que le Primat d’Italie fait sien et résume ainsi: «C’est lorsque le christianisme est enraciné dans l’Évangile qu’il donne le meilleur de lui-même à la civilisation». Au contraire, il se perd lorsqu’il finit par «s’identifier à la logique et aux structures du monde» et par se couper de l’Esprit.

Pour retrouver la «dynamique transformatrice chrétienne», le pape François invite à revenir au témoignage et à l’expérience des premiers chrétiens. S’arrêtant sur la figure de saint Paul, il insiste sur le fait que l’apôtre des Gentils avait compris que «son salut ne dépendait pas de bonnes œuvres accomplies selon la loi, mais du fait que Jésus était […] mort pour lui».

La sensibilité de Luther

Ainsi, ce n’est pas avec des «tactiques mondaines ou un volontarisme éthique» que les chrétiens changent le monde, mais «seulement par la puissance de l’Esprit de Jésus ressuscité». Pour autant, cette «primauté de la Grâce» mise en avant par le pape ne doit pas conduire à la passivité. «Au contraire, elle démultiplie l’énergie et augmente la sensibilité à l’injustice», insiste-t-il.

Cette sensibilité, le pape choisit de la mettre en exergue en citant les paroles de Martin Luther. L’initiateur de la Réforme protestante affirmait par exemple qu’il «ne faut pas croire que voler signifie seulement dépouiller son voisin de ses biens». Et d’expliquer que «si vous voyez votre voisin souffrant de la faim, de la soif, du besoin, qui n’a pas de maison, de vêtements et de chaussures, et que vous ne l’aidez pas, vous le volez comme quelqu’un qui vole de l’argent dans un sac ou une cassette».

«La charité sincère conduit toujours à la prière»

Par ailleurs, le pape argentin veut également mettre en garde contre les engagements charitables qui tenteraient de combler un «vide propre dont on tente peut-être de s’échapper avec un militantisme ‘enthousiaste’». Il l’assure: cet investissement n’est ni pérenne, ni crédible. «Un abîme sépare les professionnels de l’enthousiasme de l’engagement qui découle de l’expérience d’un cadeau reçu».

Conscient que l’aide aux personnes vulnérables peut renvoyer à sa propre vulnérabilité et donc à son propre besoin de soins – ou plus fondamentalement encore du besoin «d’être sauvés» -, l’évêque de Rome en conclut que «la charité sincère conduit toujours à la prière, à la sollicitation de la Présence de Dieu qui seule peut guérir nos blessures intérieures et celles des autres». (cath.ch/imedia/hl/rz)

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