Evangile de dimanche: «Réjouissez-vous!»

Toujours?… Aujourd’hui la joie est défiée par le temps. Quand tout va bien, la joie est assez facile, mais quand c’est plus dur, elle est vraiment précieuse. Ce troisième dimanche de l’Avent est traditionnellement désigné comme celui de la joie. Omniprésente dans la Parole de Dieu de ce jour elle nous interroge sur notre manière de vivre ce temps. Affirmée par Isaïe, puis par Marie et par Paul elle n’est pas mentionnée dans l’évangile, mais elle n’est pas loin.

Il est bon de se mettre en route avec le peuple de l’Alliance. C’est dans un temps d’épreuve, au retour de l’exil, qu’Isaïe encourage le peuple par la bonne nouvelle que Dieu n’a pas oublié les siens. Tous peuvent se reconnaître dans les humbles et ceux qui ont besoin de libération. C’est à eux que Dieu accorde toute son attention et pour qui, par la belle image de l’alliance, il fait germer la joie.

Marie reprendra les mêmes termes dans son cantique admirable et engagé puisqu’il affirme la prédilection de Dieu pour les petits et les pauvres. Par sa confiance elle se fait la servante du Seigneur: elle devient témoin de sa fidélité pour tous les âges. Habitée par la promesse exprimée par les prophètes elle devient l’humble porteuse de Dieu parmi les humains.

De même, Jean-Baptiste nous est envoyé comme l’humble témoin de la lumière. Pas plus que Marie, il ne garde pour lui Celui qui lui est confié. Sa voix donne la parole à celui qu’il désignera plus tard comme l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde. Ce n’est pas sa propre voix mais bien celle qui, dès les commencements, est créatrice d’espérance. En ne se prenant pas lui-même pour la lumière, le Baptiste lui permet d’éclairer le monde et d’y ouvrir des chemins de joie. Témoin de la parole des prophètes et de la lumière du Christ il est celui qui permet à Dieu de traverser l’histoire de l’Humanité. Au croisement des temps il actualise le passé pour éclairer l’avenir.

«Jean-Baptiste nous est envoyé comme l’humble témoin de la lumière. Pas plus que Marie, il ne garde pour lui Celui qui lui est confié.»

C’est cette mémoire de la fidélité et de la présence de Dieu dans l’histoire qui permet à Paul d’appeler ses sœurs et ses frères à vivre toujours dans la joie. L’admirable message à la communauté naissante nous fait comprendre qu’ils en ont bien besoin car ils ont parfois de la peine à rester joyeux. En effet ils doivent faire face au doute de la situation difficile des débuts du christianisme. La joie dont il est question ici n’est pas un enthousiasme béat et naïf: elle est la certitude d’un amour qui n’abandonne pas les siens. C’est la joie d’une vie fraternelle en présence du Père aimant.

Aujourd’hui la joie est malmenée: les tourments de la situation sanitaire, économique et sociale de notre monde provoquent nos questions et nos doutes. Nous avons du mal à connaître celui qui se tient au milieu de nous: raison de plus pour nous mettre à l’écoute de ces voix qui en sont témoins.

La persévérance d’Isaïe, l’humilité de Jean-Baptiste, la confiance de Marie et la passion de Paul témoignent de la joie d’un amour fidèle. C’est donc sans réserve, mais avec humilité et confiance, que nous pouvons nous réjouir de la venue de celui dont nous n’aurons jamais fini de connaître la présence. Les témoins d’aujourd’hui ne manquent pas: saurons-nous les reconnaître dans tant de gestes de solidarité, de compassion et de fraternité?

Philippe Matthey | Vendredi 11 décembre 2020


Jn 1, 6-8.19-28

Il y eut un homme envoyé par Dieu ;
son nom était Jean.
Il est venu comme témoin,
pour rendre témoignage à la Lumière,
afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière,
mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.

Voici le témoignage de Jean,
quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem
des prêtres et des lévites
pour lui demander :
« Qui es-tu ? »
Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement :
« Je ne suis pas le Christ. »
Ils lui demandèrent :
« Alors qu’en est-il ?
Es-tu le prophète Élie ? »
Il répondit :
« Je ne le suis pas.
– Es-tu le Prophète annoncé ? »
Il répondit :
« Non. »
Alors ils lui dirent :
« Qui es-tu ?
Il faut que nous donnions une réponse
à ceux qui nous ont envoyés.
Que dis-tu sur toi-même ? »
Il répondit :
« Je suis la voix de celui qui crie dans le désert :
Redressez le chemin du Seigneur,

comme a dit le prophète Isaïe. »
Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens.
Ils lui posèrent encore cette question :
« Pourquoi donc baptises-tu,
si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »
Jean leur répondit :
« Moi, je baptise dans l’eau.
Mais au milieu de vous
se tient celui que vous ne connaissez pas ;
c’est lui qui vient derrière moi,
et je ne suis pas digne
de délier la courroie de sa sandale. »

Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain,
à l’endroit où Jean baptisait.

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