Brésil: une «année de fin du monde», estime la CPT

Pandémie, expulsions forcées, incendies… Le rapport partiel de la Commission Pastorale de la Terre (CPT) sur les conflits en milieu rural dresse un portrait particulièrement inquiétant des événements qui ont marqué 2020 au Brésil.

Le document, intitulé «2020, une année de fin du monde», et qui compulse des données recueillies entre janvier et fin novembre 2020, révèle que 1083 plaintes pour occupations illégales de terres ont été enregistrées pendant cette période. Des actes qui ont touchés plus de 130’000 familles. Ces chiffres sont sensiblement égaux à ceux de l’ensemble de l’année 2019, durant laquelle la CPT avait enregistré 1’254 plaintes pour des occupations qui avaient impacté 14’700 familles.

La CPT s’alarme en particulier de l’explosion du nombre d’invasions illégales de territoires indigènes et quilombolas (territoires où vivent des descendants d’esclaves, n.d.l.r.), avec une augmentation de 1’880 % du nombre de plaintes. Les indigènes représentent d’ailleurs la majorité (54,5%) des victimes de violences liées à ces invasions illégales de terres.

Assassinats et incendies

La CPT relève également que 62 actions de tirs et 18 assassinats ont été commis en milieu rural entre janvier et novembre 2020. «Ces chiffres sont très partiels, compte-tenu des difficultés d’accès à l’information en raison de la pandémie», souligne l’organisation. Les états de la région amazonienne, comme celui du Mato Grosso et d’Amazonas, sont les plus impactés par cette violence.

Au-delà des violences physiques commises, le rapport de la CPT évoque également les incendies qui ont ravagé la forêt amazonienne. «2020 n’est pas encore terminé mais le nombre d’incendies (89’602) dépasse déjà celui de  2019 (89’176), une année déjà record», souligne le document qui rapporte les chiffres officiels de l’Institut National de Recherches Spatiales (INPE).

Élections et solidarité

Si le document évoque également l’augmentation des conflits liés aux ressources hydriques et les conséquences de la Covid-19 sur les peuples indigènes, la CPT a également mis en avant deux points positifs. «Les élections municipales (en novembre) ont vu l’élection de 237 représentants des peuples natifs aux mandats de maires, vice maires et conseillers municipaux, soit une augmentation de 28% par rapport aux dernières élections de 2016».

Enfin, la CPT a loué la solidarité du monde rural qui s’est manifestée depuis le début de la pandémie. «À travers diverses organisations (dont la CPT elle-même), plus de 180 actions de solidarité auprès des paysans ont permis de récolter et distribuer plus de 800 tonnes de nourriture à travers le pays». Des aliments qui ont notamment bénéficié aux populations de quartiers défavorisés de grandes villes du Brésil. (cath.ch/jcg/bh)

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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