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Oecuménisme

Liban:Position des évêques grecs-catholiques melkites (191196)

en faveur de la réunification du patriarcat d’Antioche

Les orthodoxes restent circonspects: redéfinir l’autorité du pape

Beyrouth, 19novembre (APIC) Les orthodoxes restent circonspects après la

prise de position unanime des évêques melkites grecs-catholiques en faveur

de la réunification de l’Eglise d’Antioche. Les melkites, qui se veulent un

« pont entre les Eglises d’Orient et d’Occident », ont manifesté cette volonté au cours de leur dernier Synode annuel tenu cet été à Raboué, au Liban.

« Cela ne changera pas la position du pape de Rome qui doit lui-même clarifier l’interprétation qu’il donne à son autorité », a réagi le métropolite

Georges (Khodr), évêque du diocèse orthodoxe du Mont-Liban.

D’après le quotidien libanais « An-Nahar », le primat de l’Eglise orthodoxe d’Antioche, le patriarche Ignace IV, s’est rendu fin août au Phanar,

siège du patriarcat oecuménique à Istanbul, pour une visite de travail avec

le patriarche Bartholomée Ier. Les deux patriarches auraient évoqué, entre

autres, les déclarations de l’épiscopat melkite et suggéré qu’une initiative soit prise pour concrétiser le rétablissement de l’unité de l’Eglise

d’Antioche à l’occasion du Jubilé des 2000 ans du christianisme.

Des ambiguïtés à dissiper

Le patriarche Maximos V, primat de l’Eglise melkite grecque-catholique une communauté de 500’000 fidèles dispersés au Moyen-Orient et aux Amériques – cité par « An-Nahar », a pour sa part révélé qu’une délégation conduite par l’évêque de Baalbek, Mgr Cyrille Salim Bustros, s’était récemment

rendue à Rome. L’une des réponses informelles reçues au Vatican consistait

à dire que tout ce qui ferait l’objet d’un accord entre les évêques grecscatholiques et les évêques orthodoxes réunis sous la présidence des deux

patriarches pourrait être approuvé par Rome.

Quant au métropolite Georges, évêque du diocèse orthodoxe du Mont-Liban,

il consacré son récent billet hebdomadaire à une lecture orthodoxe du communiqué de l’assemblée des évêques grecs-catholiques. Après un rappel historique et théologique de la situation, il y fait part des interrogations

que suscite la démarche des évêques melkites, car « il est indispensable,

écrit-il, de lever les ambiguïtés sur une question aussi vitale que l’unité

des deux Eglises antiochiennes ».

Constatant que ces derniers proposent de revenir aux modes de relations

ecclésiales du premier millénaire, notamment en ce qui concerne la question

de la primauté romaine, le métropolite Georges souligne qu’une telle déclaration d’intention ne saurait dispenser d’une discussion approfondie de la

question, dans la mesure où déjà au cours du premier millénaire, le rôle de

Rome s’était trouvé controversé.

Si l’on applique la proposition des évêques grecs-catholiques, un fidèle

melkite, tout en se déclarant en communion avec les orthodoxes, « pourrait

dire qu’il est uni au pape de Rome selon les fondements du premier millénaire », constate encore le métropolite Georges. « Mais cela ne changera pas

la position du pape de Rome qui doit lui-même clarifier l’interprétation

qu’il donne à son autorité. Le pape de Rome n’est pas comme le voit le fidèle melkite. Il se considère comme le chef suprême de toute la chrétienté », poursuit le métropolite, avant de s’interroger: « Comment alors le melkite serait-il en relation complète avec l’orthodoxie ? »

Pour l’évêque orthodoxe du Mont-Liban, la « profession de foi » publiée en

1994 par Mgr Elias Zogbhi, ancien évêque du diocèse grec-catholique de

Baalbek, qui est à l’origine du processus en faveur du rétablissement de

l’unité du patriarcat d’Antioche, était plus complète et plus claire que le

communiqué de l’assemblée épiscopale. Mgr Zogbhi affirmait en effet: « Je

crois tout ce qu’enseigne l’orthodoxie orientale; je suis en communion avec

l’évêque de Rome, dans les limites reconnues par les saints Pères d’Orient

au premier millénaire ». Cette « profession de foi » avait été approuvée par

25 des 27 évêques du Synode melkite.

Une petite clé

Interrogé par le service orthodoxe de presse SOP, Mgr Elias Zogbhi a déclaré: « Si je me souviens bien, la porte de l’Eglise du Saint-Sépulcre à

Jérusalem est colossale. On ne peut l’ouvrir et la refermer continuellement. Une petite porte, à la mesure d’un être humain, est pratiquée dans

l’un des deux battants, pour laisser passer les visiteurs. Le rétablissement de l’unité du patriarcat d’Antioche peut passer par cette petite porte. La petite clé, qui sert aujourd’hui à l’ouvrir, pourrait servir, avec

l’aide de Dieu, à ouvrir la grande porte, la lourde, qui sépare Rome de

l’orthodoxie orientale ».

Mgr Zogbhi a encore tenu à préciser que le dossier constitué par les

évêques melkites en faveur du rétablissement de l’unité avec les orthodoxes

antiochiens avait été transmis à la nonciature à Beyrouth en août dernier

et que jusqu’à présent aucun réaction officielle du Vatican n’avait été

signalée. « Peut-être que Rome y voit une affaire intérieure au patriarcat

d’Antioche », a-t-il suggéré, avant d’ajouter: « Ou peut-être que le pape,

qui semble vouloir réaliser quelque chose de sérieux sur le plan de l’unité

chrétienne, veut y voir une expérience locale d’unité qui ouvrirait ensuite

la porte à l’unité de l’Eglise romaine avec l’Eglise orthodoxe? »

C’est d’ailleurs, a rappelé Mgr Zogbhi, ce que propose le document du

synode quand il dit que « la recherche de la communion, au sein de l’Eglise

d’Antioche, doit contribuer à la réalisation de la communion parfaite tant

souhaitée entre l’Eglise catholique romaine et les Eglises orthodoxes au

plan universel ». (apic/sop/eni/cip/pr)

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