Les dominicains célèbrent les 800 ans de la mort de leur fondateur

L’année jubilaire qui commémore les 800 ans de la mort, le 6 août 1221, de saint Dominique Guzman, fondateur de l’Ordre des frères prêcheurs (OP), s’est ouverte le 6 janvier 2021 par une célébration eucharistique dans la basilique Saint-Dominique, qui abrite le monument funéraire du saint ibérique. La pandémie rend toutefois incertains les événements prévus à l’occasion de ce jubilé.

Catt.ch Gino Driussi/ traduction et adaptation Davide Pesenti

2021 sera une année importante pour l’Ordre des frères prêcheurs (OP), qui s’apprête à commémorer les 800 ans de la mort de son père fondateur: le religieux espagnol Dominique Guzman (1170-1221).

En raison de la pandémie de Covid-19, les différents événements prévus à l’occasion de cette année jubilaire demeurent toutefois incertains. Outre une messe pour la fête de la Translation de saint Dominique, le 24 mai, et une autre à l’occasion de la Solennité du saint, le 4 août, le programme prévoit notamment un congrès historique intitulé «Dominique et Bologne. Genève et le développement de l’Ordre des Frères Prêcheurs».

Organisé par l’Université de Bologne et l’Institut historique de l’Ordre des prêcheurs, le colloque international se tiendra au couvent des dominicains de Bologne, du 22 au 25 septembre. Le jubilé se clora le 6 janvier 2022, avec une célébration eucharistique, prévue également à la basilique de Saint-Dominique de Bologne.

Sur les traces de saint Dominique

Le programme jubilaire propose également un pèlerinage, en 10 étapes, à travers les Apennins et les collines de l’Italie centrale. Le parcours est globalement celui du dernier voyage de saint Dominique, de Rome à Bologne, juste avant sa mort.

Vers 1219, Dominique s’installe en effet à Rome. Dans la Ville éternelle, il se consacre en particulier à la fondation d’un monastère de religieuse et achève le processus de fondation de l’Ordre.

«Nous célébrerons saint Dominique non pas comme un saint sur un piédestal, mais comme un saint jouissant de la communion d’un repas avec ses frères»

Frère Gerard Francisco Timoner, maître général des Dominicains

En 1221, son dernier voyage le conduit jusqu’à Bologne, où il meurt le 6 août de la même année, alors qu’il préside le chapitre général de l’ordre. À cette époque, les chapitres généraux se tiennent alternativement à Bologne et à Paris.

Le chemin de pèlerinage nommé «En voyage avec Saint-Dominique» passe par des lieux et des sanctuaires de grande importance pour l’histoire de l’ordre; notamment à travers les villes italiennes de Rieti, Viterbe, Montepulciano, Sienne et Florence.


En 2021, les Dominicains commémorent les 800 ans de la mort de son père fondateur, le religieux espagnol Dominique Guzman (1170-1221).

Le parcours invite à méditer sur les différents aspects de la vie et de la spiritualité de saint Dominique qui ont façonné l’Ordre. Les textes du Guide du pèlerin, qui illustre et accompagne le pèlerinage, offrent des explications et les récits des contemporains du saint ou de ceux qui ont donné leur témoignage sur les premières années de l’Ordre. Ces textes permettent aux pèlerins de relier des moments de la vie de saint Dominique à des lieux significatifs, dont certains sont encore visibles, et d’autre détruits ou modifiés au point d’être méconnaissables.

«A table avec Saint Dominique»

S’inspirant de la toile Tavola della Mascarella, le jubilé dominicain 2021 a été mis sous le thème «À table avec saint Dominique». Le choix de cette peinture, réalisée peu après la canonisation du saint, en 1234, n’est pas anodin. Il s’agit du premier et plus ancien portrait de Dominique et de ses compagnons, ainsi que de la plus ancienne image de ce qui était, au moment de sa canonisation, la compréhension de sa mission au sein de l’Église.

La peinture a toujours été conservée dans l’église Santa Maria della Mascarella à Bologne (d’où son nom), le premier lieu où saint Dominique et ses compagnons, arrivés à Bologne pendant l’hiver 1218, ont vécu pendant quelques mois.

Se laisser inspirer et encourager

Le choix de cette peinture comme fil rouge est donc tout un programme. Elle donne la signification et la visée de l’année jubilaire.

L’image représente saint Dominique avec une auréole au centre, en compagnie de ses 24 frères prêcheurs, assis à la même table riche en pain, probablement lors d’un dîner au premier couvent de Bologne, connu aujourd’hui sous le nom de «Santi Maria e Domenico della Mascarella». Les visages des compagnons de Dominique donnent à penser qu’ils provenaient de différents pays d’Europe.

«Comment l’exemple de saint Dominique nous inspire et nous encourage à partager notre vie, notre foi, notre espoir et notre amour?»

Frère Gerard Francisco Timoner

«Nous célébrerons saint Dominique non pas comme un saint seul sur un piédestal, mais comme un saint jouissant de la communion d’un repas avec ses frères, réunis par la même vocation de prêcher la Parole de Dieu et de partager le don de nourriture et de boisson de Dieu», a expliqué le maître général des Dominicains, le Frère Gerard Francisco Timoner. À la tête de l’ordre depuis juillet 2019, le Philippin est le premier asiatique à occuper cette fonction.

Quatre papes dominicains
Dans l’histoire de l’Église, quatre frères dominicains sont devenus papes: les bienheureux Innocent V (1225-1276) et Benoît XI (1240-1304), saint Pie V (1504-1572), et le serviteur de Dieu Benoît XIII (1649-1730).

Selon le supérieur religieux, l’année jubilaire invite tous les frères à réfléchir sur la figure de leur fondateur. Et ceci à plusieurs niveaux. «Que signifie-t-il pour nous d’être à table avec saint Dominique, ici et maintenant? Comment son exemple nous inspire-t-il et nous encourage-t-il à partager notre vie, notre foi, notre espoir et notre amour, nos biens spirituels et matériels. Ceci, afin que d’autres puissent être nourris à cette même table? Et de quelle manière cette table devient-elle un lieu de partage de la Parole et de rupture du Pain de Vie?»

Diversité et universalité

Une exposition consacrée à la Tavola della Mascarella aurait dû être préparée à la Basilique Saint-Dominique de Bologne, accompagnée de 14 grandes photographies illustrant le thème du jubilé. Elle visait à montrer la diversité et l’universalité des dominicains au 21e siècle. La manifestation a toutefois dû être annulée à cause de la pandémie.

L’ordre a ainsi opté pour une solution digitale, en publiant sur leur site une série de photos des branches qui composent et caractérisent actuellement la famille dominicaine. (cath.ch/catt.ch/gd/dp)

«Il parlait toujours avec Dieu»
-Vers 1170: naissance à Caleruega, en Espagne, de Dominique Guzman, celui qui «parlait toujours avec Dieu ou de Dieu».
-1197: ordination sacerdotale.
-1213-1214: projet de fonder un nouvel ordre monastique dédié à la prédication.
-1216: approbation officielle du pape Honoré III à l’Ordre des prêcheurs.
-6 août 1221: mort de Dominique Guzman à Bologne.
-1234: canonisation par le pape Grégoire IX. DP

Les dominicains, personnalités éminentes au service de l’Eglise
Aujourd’hui, 5’000 dominicains sont actifs dans le monde entier, répartis dans 80 pays. La province suisse des dominicains comprend sept communautés, dont la plus importante est celle de Saint-Jacinthe à Fribourg. La famille dominicaine comprend des moniales consacrées à la vie contemplative, des moniales engagées apostoliquement, ainsi que des confréries laïques et sacerdotales. Au cours des siècles, nombreux sont les membres de l’ordre qui se sont illustrés: de Thomas d’Aquin à Albert le Grand, de Maître Eckhart à Francisco de Vitoria, considéré comme l’un des pères du droit international.
Parmi les personnalités qui ont laissé une empreinte significative lors des travaux du Concile Vatican II (1962-1965), on peut citer les dominicains français Marie-Dominique Chenu (1895-1990) et Yves Congar (1904-1995). L’Ordre des prêcheurs peut également se targuer d’un prix Nobel de la paix, reçu en 1958: le Belge Dominique Pire, qui a travaillé avec les réfugiés après la Seconde guerre mondiale.
Selon une tradition ancienne, le théologien de la Maison pontificale – c’est-à-dire le «conseiller en matière de doctrine» du pape – est choisi parmi les membres de l’Ordre des prêcheurs. On se souvient notamment du cardinal suisse Georges Cottier (1922-2016), qui a occupé ce poste de 1989 à 2005. Aujourd’hui, c’est le Polonais Wojciech Giertych qui assume cette responsabilité.
DP

Davide Pesenti

Portail catholique suisse

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