Finalement… Effectivement…

Faites un test rigolo. A l’écoute de la radio ou de la télé, comptez combien de fois surgit, en peu d’espace-temps, le mot «finalement» ou «effectivement». Quand le locuteur cherche, parfois péniblement, sa parole ou ses idées, il se rabat spontanément sur ces vocables qui lui servent de roue de secours. Et la pensée a tendance à se diluer dans la répétition nerveuse de ces formules creuses, généralement incapables de faire avancer le schmilblick de la réflexion.

Et pourtant «finalement» peut receler une belle promesse. Il est seulement utile quand il signifie la terminaison de quelque chose, une sorte de point final. Mais il pointe plus loin quand il annonce la quête d’une finalité qui s’approche du sens ultime, le bien-fondé de l’être ou de l’évènement.

Quant à «effectivement», il permet de constater la froide existence d’une chose ou d’un fait, mais avec une certaine nuance d’espérance. Peut-être que la réalisation actuelle laisse un brin à désirer, exhale un goût d’inachevé, et le meilleur est-il encore à venir. On le lui souhaite.

«Dans la résilience positive, il y a de quoi rejoindre la lumière au bout de bien des tunnels»

Par les temps qui courent, finalement, nous avons tous besoin de nous resituer dans la vie, surtout quand elle est si chahutée par des incidents imprévus, voire malheureux. Sur les bases de nos certitudes et dans la tradition de nos habitudes, nous chancelons dangereusement. Plutôt que d’appeler ou de programmer l’expiration de ce qui nous bouscule, nous aurions intérêt à trouver un sens à ce qui nous atteint, en visant une sortie par le haut. Dans la résilience positive, celle que la spiritualité personnelle et le bon secours des autres peuvent nous offrir, il y a de quoi rejoindre la lumière au bout de bien des tunnels.

Il restera toujours à gravir courageusement les marches de quelques efforts incontournables. Probablement notre société de confort nous a-t-elle bercés dans l’illusion que le bonheur était facile et le bien-être toujours à portée de main. Passer de la sieste bourgeoise aux travaux effectifs ne va pas de soi. Encore faudrait-il ne pas oublier sur les bords de la route les personnes les plus fragiles ou les plus malheureuses, qui sont trop souvent les victimes innocentes de nos individualismes contestables.

Finalement, en cherchant bien, il y a du bon à recueillir au coeur de toute situation humaine, à condition qu’on en partage les bénéfices aux alentours, avec générosité.

Effectivement.

Claude Ducarroz

27 janvier 2021

Portail catholique suisse

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