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APIC-Reportage

Togo: L’Abbaye de l’Ascension de Dzogbégan (221296)

La tradition de saint Benoît s’épanouit en terre togolaise

Lomé, 22décembre (APIC) (Pascal K. Dotchevi) Celui qui parcourt le plateau

de Dayes, à 800 m, à 260 km au Nord-est de Lomé, la capitale du Togo, découvre tout à coup, après avoir passé le dernier lacet du chemin, l’Abbaye

de l’Ascension, plus connue sous le nom de « Monastère de Dzogbégan ». Questions. Depuis quand existe cette Abbaye bénédictine en terre togolaise?

Quel est le travail de ces moines? Rencontre avec des disciples africains

et français de saint Benoît.

Pour arriver au monastère, il ne faut pas être pressé. L’accès y est

difficile, à cause de l’état déplorable des routes. Le visiteur, une fois

sur place, s’émerveille de la beauté du coin et découvre des moines entreprenants.

Tout a commencé au monastère d’En Calcat, à Dourgne en France, nous raconte le Père Abbé Mawulawoè Kossi Yago, le premier Africain à diriger une

Abbaye bénédictine sur le continent noir. « L’Abbé d’En Calcat, Germain Barbier, avait une idée qui lui trottait dans la tête. Il voulait fonder une

nouvelle Abbaye en terre africaine. En 1959, il saisit le représentant du

Saint-Siège en Afrique, alors Mgr Marcel Lefebvre, qui lui suggère de prendre contact avec le Togo parce que « l’Eglise catholique y est bien implantée ». De plus, l’archevêque de Lomé de l’époque, Mgr Strebler, souhaitait

depuis longtemps « la venue de contemplatifs dans son diocèse ». Une correspondance s’établit entre l’Abbé d’En Calcat et l’archevêque de Lomé. En

juin 1960, le Père Germain Barbier est sur place et cherche un terrain propice à sa fondation. Après plusieurs visites d’autres lieux, il tombe amoureux du paysage de Dzogbégan: Un domaine de 100 hectares est offert par les

villageois. De plus, le terrain est bordé sur les trois côtés par des rivières. Les choses ne traînent pas.

Le 11 janvier 1961, le Père Marie-Bernard de Soos, accompagné du Frère

Serge Del Toso, s’embarquent à Marseille pour rejoindre le Togo. Le 25 janvier, la vie monastique prend réellement naissance au Togo, avec l’arrivée

de deux autres moines venus de France. Actuellement l’Abbaye compte 42 moines, en majorité des Africains. Le Saint-Siège a érigé le monastère en Abbaye en janvier 1991.

La devise de saint Benoît en pratique

« Ora et Labora », la devise de saint Benoît, est aussi valable pour

l’Afrique, nous déclare en souriant le Père Emmanuel, prieur de la communauté. Après les cinq offices liturgiques passés à l’église, chaque moine a

aussi sa propre activité intellectuelle ou manuelle. Dans le secteur agricole, une équipe s’occupe de l’élevage des bovins, une autre de la plantation de caféiers, et au moment opportun, de la torréfaction et du conditionnement du café produit. D’autres moines vaquent à la confection de confitures, de sirop et d’épices. Un effort, ces dernières années, a été entrepris dans la production forestière: 20 hectares, déclare le Père Prieur,

sont consacrés à cette activité.

Frère Eugène, depuis 1995 – date de son arrivée à Dzogbégan – produit un

miel délicieux. Soutenu par une canne et coiffé d’un chapeau en cuir, cet

octogénaire nous fait découvrir l’univers des abeilles concrétisé par des

ruches dans une plantation de lianes de lins. A l’aide d’un enfumoir, il

s’approche d’une ruche en nous expliquant ses méthodes de production:

« C’est très facile en changeant la planche au dessus d’une ruche. Les

abeilles sont comme les êtres humains. Si tu les entretiens bien, elles te

procureront satisfaction. Une ruche posée peut produire jusqu’à 37 kg. de

miel et à partir de 45 jours, » nous raconte avec jubilation l’ »Abbé des

abeilles », comme l’appellent ses frères moines.

Dès son arrivée au monastère, Frère Eugène s’occupait de la formation

agricole. Il raconte avec nostalgie comment il formait les stagiaires laïcs

– qui passaient quelques mois à l’Abbaye – avides d’améliorer leurs connaissances agricoles ou d’arboriculture, comme le greffage d’arbres fruitiers.

Tout à coup, on entend le bruit d’un moulin qui vient de l’aute côté de

l’église. Un autre moine barbu sèche du café et a mis en route un appareil

de décorticage par lequel le café toréfié transite avant d’être dirigé vers

le moulin. Tout à côté, une sorte d’hangar est rempli de cartons de café

moulu. Ces cartons attendent d’être transportés vers les points de vente de

la région. En face de « l’usine à café » , se trouve l’atelier de fabrication

de sirop et de confitures. C’est le domaine réservé de frère Jean Thierry.

Ce dernier nous assure qu’il peut tranformer le poivre, le gingembre, la

papaye et le citron en sirop ou en confitures épatantes.

Excellente production

Le monastère, grâce à ses produits, arrive à presque subvenir à tous ses

besoins. La production est relativement importante. La dernière récolte de

pommes de terre s’élevait à 300 tonnes. L’année dernière, nous avons produit 23 tonnes d’avocats greffés du type Hickson et Lula, 30 tonnes d’huile

de palme et 6 tonnes de café. Les bénédictins de Dzogbégan fabriquent en

outre 400 litres de sirop par mois et près de 500 kg de miel par année. Les

légumes et le bétail ne sont pas en reste. Cependant, poursuit le Père

Prieur, nous avons arrêté la culture de la pommme de terre, car les villages environnants, dont certains paysans ont suivi des stages chez nous, ont

pris la relève. Le monastère sert d’exemple. Il est une sorte de rampe de

lancement, d’initiation. Après il faut que les villageois se débrouillent.

Nous nous retirons, s’ils ont compris l’utilité d’une meilleure technique

agricole.

Ce séjour parmi les moines de saint Benoît est gratifiant. On se rend

compte qu’ils ne sont pas seulement doués pour les chants liturgiques

qu’ils accompagnent au son de la cora (instrument de musique togolais) dans

leur belle église, mais qu’ils sont également impressionnants par le travail de leurs mains de « moines-paysans ». Ils servent vraiment le développement de leur coin de terre togolais. (apic/pd/ba)

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