Le pape béatifie la «grande dame» de l’Action catholique italienne

Le pape François a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à publier un décret reconnaissant un miracle attribué à Armida Barelli, ancienne dirigeante de l’Action catholique italienne, a annoncé le Saint-Siège le 20 février 2021. Les vertus héroïques de sept autres serviteurs de Dieu ont aussi été reconnues par décret par le pontife, ouvrant la voie à la reconnaissance comme «vénérables».

Le pape François a reconnu un miracle attribué à l’intercession de la vénérable Armida Barelli (1882-1952), ouvrant la voie à sa béatification. Née dans une famille de la bourgeoisie milanaise, cette catholique renonce rapidement à l’idée de fonder un foyer et se met au service des pauvres et des enfants abandonnés, offrant toute sa vie au service d’œuvres sociales laïques.

Engagée pour le droit des femmes

Très proche du Père franciscain Agostino Gemelli, ce dernier la convainc de rejoindre le Tiers Ordre en 1910. Engagée dans la défense du droit des femmes, notamment pour le droit de vote, elle fonde en 1917 la Jeunesse féminine catholique milanaise, et est nommée présidente nationale de la Jeunesse féminine catholique en 1918.

En 1919, elle fonde à Assise la sororité des Tertiaires franciscaines du Royaume social du Sacré-Cœur, aujourd’hui l’Institut séculier des Missionnaires de la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. En 1921, elle fonde l’Université catholique du Sacré-Cœur, présente aujourd’hui à Milan, Brèche, Plaisance, Crémone et Rome. En 1922, elle lance avec le Père Gemelli l’Institut Benoît XV pour le nord de la Chine, qui apporte des dots aux jeunes chinoises pauvres ayant une vocation religieuse.

Opposante à Mussolini

Infatigable, elle fonde ensuite l’Œuvre de la Royauté, avec pour mission de rapprocher les laïcs de la liturgie. En 1946, elle est nommée vice-présidente de l’Action catholique par Pie XII.

En 1949, elle est marquée par une longue infirmité, qu’elle offre en pénitence pour la construction de ce qui deviendra l’actuelle Faculté de médecine et l’hôpital Gemelli, le plus grand centre hospitalier de Rome.

Dès les années 1920, jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale, elle aura affronté l’hostilité du régime fasciste de Mussolini. Armida Barelli s’est également opposée aux progrès politiques des socio-communistes.

Un prêtre portugais au Brésil

Le pape François a par ailleurs approuvé la reconnaissance des vertus héroïques du Père Albino Alves da Cunha e Silva (1882-1973), prêtre portugais ayant servi au Brésil. Issu d’une famille portugaise aisée, il devient avocat à la demande de son père mais souhaitant être prêtre, est ordonné en 1905. En 1910, la Révolution éclate au Portugal et le gouvernement, très anticlérical, promulgue une série de mesures très hostiles à l’Église.

Arrêté, on le condamne à l’exil en Afrique, mais il s’échappe et rejoint la frontière espagnole, d’où il rejoint le Brésil pour devenir curé de Catanduva, au nord de São Paulo. Malgré l’hostilité initiale de la population à son encontre, il s’impose et mobilise la communauté pour bâtir une église. Dès lors, aimé et soutenu par sa population, il se met à son service et fonde une Maison des personnes âgées, en 1929. Préoccupé par les questions de formation, il fonde dans sa ville une faculté de médecine, puis une faculté d’économie et enfin une autre d’éducation physique.

Un anglican devenu passioniste

Le pontife a reconnu les vertus héroïques d’Ignace de Saint-Paul, né George Spencer (1799-1864). Fils d’un ami personnel de Lord Horatio Nelson, ce Londonien grandit dans un milieu très aisé et anglican. Il suit le cursus honorum britannique (Eton, Cambridge) puis rejoint la franc-maçonnerie. Il est ordonné dans l’Église d’Angleterre en 1824 et n’a alors qu’une idée très péjorative du catholicisme.

Bon pasteur, il change d’avis, par intérêt intellectuel, à la lecture de saint Jean Chrysostome. Il entame alors une phase longue de discussion avec des catholiques qui l’amène, en 1830, à rejoindre l’Église catholique, malgré l’hostilité de sa famille et l’importante perte de revenus que cette abjuration entraîne. Envoyé à Rome au Collège anglais, il est ordonné prêtre en 1832.

De retour en Angleterre, il y devient curé et entretient des relations avec le Mouvement d’Oxford. Le cardinal Newman le cite d’ailleurs parmi les personnes ayant influencé son passage au catholicisme. Il rejoint les Passionistes en 1848 et change de nom en hommage à Ignace de Loyola. Dès lors, il devient un missionnaire en terre anglicane, et assiste notamment saint Charles Houben, un passioniste hollandais installé en Angleterre et en Irlande.

Une moniale italienne du XVIIIe siècle

Le pape a reconnu les vertus héroïques de Sœur Anna Baseggio (1752 -1829), une moniale italienne membre de Tertiaires franciscains de Rovigo. Cette fille d’un sculpteur sur bois se consacre dès son plus jeune âge à Dieu, et reçoit dès lors des stigmates. En 1783, elle rejoint les Franciscains et prend le nom de Sœur Felicita Fortunata.

Accomplissant des miracles, prophétisant, elle doit faire face aux tourments des campagnes napoléoniennes. Son ordre étant interdit, elle est alors forcée de rejoindre les Augustiniennes et y prononce ses vœux perpétuels en 1806. Peu appréciée de sa hiérarchie, elle y vit une vie totalement recluse, mais continue d’accomplir des miracles, empêchant notamment un homme de tuer sa femme à Bologne alors qu’elle ne s’y trouve pas. En 1810, les Augustiniennes doivent aussi fermer leurs portes, et Anna Baseggio redevient une laïque, poursuivant son train de miracles jusqu’à sa mort, en 1829, dans un complet dénuement.

Trois religieuses mortes d’Ebola au Congo

Le pape François a reconnu les vertus des Sœurs Floralba Rondi (1924-1995), née Rosina Rondi, Clarangela Ghilardi (1931-1995), née Alessandra Ghilardi, et Dinarosa Belleri (1936-1995), trois missionnaires des Petites sœurs des pauvres au Congo.

La première, native de Pedrengo, en Lombardie, vient d’un milieu très pauvre, et doit subvenir dès ses quinze ans aux besoins de sa famille après la mort de sa mère. Désireuse de devenir missionnaire, elle rejoint les Clarisses qui l’envoient au Congo. Elle y exercera le métier d’infirmière des hôpitaux pendant 43 ans. Se privant souvent de nourriture pour aider les plus pauvres, elle n’hésite pas à critiquer le dictateur Mobutu ouvertement. Elle affirmait tirer son énergie débordante de la prière devant le tabernacle.

La seconde, originaire de Bergame, en Lombardie, rejoint en 1952 les Clarisses et est envoyée au Congo en 1959. Elle travaille principalement comme sage-femme. La troisième, née à Brèche, en Lombardie, rejoint à 21 ans les Clarisses. Après une formation médicale, elle est envoyée au Congo. Elle sert pendant 17 ans dans l’hôpital de Mosongo, avant de rejoindre Sœurs Clarangela et Floralba à Kikwit. Là, elles œuvrent sans relâche pour les lépreux et les tuberculeux.

Ces trois franciscaines sont mortes après avoir soigné des patients atteints d’Ebola. Ayant contracté le mal, elles se sont éteintes en 1995.

Une enseignante italienne

L’évêque de Rome a enfin reconnu les vertus héroïques d’Elisa Giambelluca (1941-1986), une fidèle laïque membre de l’Institut thérésien. Cette Sicilienne, diplômée de mathématiques, est attirée par la spiritualité thérésienne et rejoint l’Institut dès sa jeunesse. Enseignante, elle s’illustre par son travail acharné et prend la tête de l’Institut magistral de l’Ordre. Elle enseignera jusqu’à sa mort en 1986. (cath.ch/imedia/cd/rz)

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