Pauvreté liée au coronavirus: pour Caritas Suisse, le pire est à venir

Les conséquences sociales de la crise du coronavirus sont loin d’être terminées, déplore Caritas Suisse. Pour l’œuvre d’entraide catholique, la situation continuera à se détériorer. Elle demande instamment le maintien jusqu’à la fin de la crise les mesures d’aide aux personnes vulnérables.

En 2020, le nombre de demandes d’aide et de renseignements dans les services de consultation sociale de Caritas a été bien supérieur à la moyenne, et il a encore augmenté avec la deuxième vague de la pandémie, indique Caritas Suisse dans un communiqué du 23 février 2021.

Les mesures anti-Covid touchent particulièrement les personnes à faibles revenus. De nombreuses personnes, salariées et indépendantes, ont tout essayé pour faire face à la crise par leurs propres moyens. Demander de l’aide est leur dernier recours ; beaucoup ne s’y résolvent que lorsqu’elles ont épuisé toutes leurs réserves et alors que les factures et les dettes personnelles s’accumulent, relève Caritas Suisse.

Les personnes qui s’inscrivent trop tard auprès de l’aide sociale doivent compter avec des lacunes, car leurs coûts ne sont pas couverts rétroactivement. Les personnes indépendantes empêchées de travailler, celles qui ont puisé dans leurs avoirs de retraite, les jeunes qui doivent abandonner leur apprentissage, toutes ces personnes voient leurs perspectives à long terme mises à terre.

Lacunes dans les aides Covid de l’État

Selon Caritas Suisse, il existe de sérieuses lacunes dans le soutien de l’État, que des œuvres d’entraide doivent combler. Le traitement des demandes d’aide sociale ou de réduction des primes d’assurance maladie prend trop de temps. L’accès à ces services est compliqué par le fait que les demandes ne sont généralement possibles que par téléphone ou en ligne. Et ceci, alors même que les personnes touchées sont tributaires d’une aide rapide.

Depuis le début de la crise, il y a un an, Caritas a soutenu 17 000 personnes partout en Suisse grâce à une aide directe qui s’est élevée à plus de 6 millions de francs — en partie grâce aux fonds de la Chaîne du Bonheur. Souvent, les ménages qui se situent juste au-dessus du seuil de l’aide sociale ne bénéficient pas des conseils des organes publics sur les questions financières et administratives ; ils dépendent alors des œuvres d’entraide. Il n’est pas rare en outre que des étrangers renoncent à l’aide sociale par crainte de mettre en péril leur statut de séjour.

 Le taux de chômage était de 3,7 % en janvier 2021; il s’approche ainsi du taux record de ces 20 dernières années. Et la crise n’est pas terminée: «Les coûts sociaux et économiques de la pandémie sont déjà élevés aujourd’hui ; mais les effets les plus graves sont encore à venir», s’inquiète Peter Marbet, directeur de Caritas Suisse.

Appel au monde politique

Face à cette situation Caritas Suisse exige un certain nombre de mesures concrètes. L’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail (chômage partiel) doit être maintenue à 100% pour les revenus les plus faibles jusqu’à la fin de la pandémie et n’expire pas à la fin du mois de mars comme prévu. L’accès à l’aide sociale et aux services de conseil doit être facilité. Les personnes qui se trouvent juste au-dessus du seuil de pauvreté doivent bénéficier d’un soutien avant d’avoir atteint le seuil donnant droit à l’aide sociale, faute de quoi elles épuisent toutes leurs réserves. En outre, le seuil d’aide sociale est actuellement fixé trop bas ; il ne permet pas la participation sociale. Pour prévenir en partie une forte augmentation de l’aide sociale il faut instituer des paiements directs basés sur le modèle des prestations complémentaires et augmenter temporairement les réductions de primes. Enfin, les assurances sociales et l’aide sociale doivent inclure plus d’accompagnement des bénéficiaires pour leur offrir des perspectives d’avenir. (cath.ch/com/mp)

Maurice Page

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