Le Vatican annonce la mort de deux évêques chinois centenaires

Le Saint-Siège annonce le décès de Mgr André Han Jingtao, 99 ans, et de Mgr Joseph Zong Huaide, 100 ans, sur Vatican News, le 22 mars 2021. Le portail officiel du Saint-Siège revient, un mois après l’annonce des médias asiatiques spécialisés, sur la vie extraordinaire de ces prélats chinois, n’occultant pas les persécutions qu’ils ont subies de la part du régime communiste.

Le Vatican peut parfois attendre plusieurs semaines, voire mois, avant d’annoncer officiellement le décès d’un de ses prélats en République populaire de Chine. En mai 2020, l’information a été publiée six mois après le décès effectif. Cette fois-ci, l’annonce du décès de deux évêques n’a été effectuée qu’avec un mois de latence. 

Un intellectuel catholique 

Le premier évêque, Mgr André Han Jingtao est un ancien prélat de Siping, une ville à la frontière des provinces du Jilin et du Liaoning, situées au nord-est de Pékin. Né en 1920, dans un foyer catholique de Shanwanzi dans le Hebei, la région périphérique de la capitale, il déménage ensuite en Mongolie intérieure. Il se destine tôt à la prêtrise et est ordonné dans sa région d’origine en 1947. 

Après la prise du pouvoir par les communistes, il est arrêté en 1953, emprisonné, puis condamné à des travaux forcés pendant 27 ans, dont 6 passés en isolement dans un bunker. Il est finalement libéré en 1980, sur intervention du vice-président Deng Xiaoping. 

Il devient alors maître de conférence à l’Université de Changchun, où il enseigne le latin, le grec et la culture occidentale classique. Il traduit la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin en chinois. 

Évêque de l’Église «souterraine«

En 1982, il est consacré secrètement évêque coadjuteur de Siping, diocèse dont il devient l’évêque à la mort de son prédécesseur en 1986. Il s’investit pour ses fidèles et fonde de nombreuses structures et congrégations. L’organe de presse du Saint-Siège souligne qu’il a vécu ses dernières années «sous le contrôle strict de la police». 

Décédé dans la nuit du 30 au 31 décembre 2020, il meurt et est incinéré sur décision du parti. Sa famille réussit, avec difficulté, à récupérer ses cendres, qui sont enterrées dans son village natale. Sa tombe ne comporte aucune mention relative à sa foi, souligne Vatican News.

Mgr Zong, 19 ans de persécutions

Mgr Joseph Zong Huaide était l’évêque émérite de Sanyuan, dans la province de Shaanxi, une région du centre du pays. C’est là qu’il était né en 1920, au sein d’une famille catholique. Ordonné en 1949, il exerce sa charge pastorale en tant que curé pendant plusieurs années.

De 1961 à 1965, on lui interdit d’exercer son ministère: il se retire chez lui et cultive la terre. On l’arrête en 1965 en raison de sa foi, et il rejoint les camps de travail forcé en 1966, au début de la «révolution culturelle». Il n’est libéré que 14 ans plus tard, en 1980, et retourne alors exercer son ministère pastoral.

Une rencontre avec Jean Paul II

En 1987, il est est ordonné évêque au sein de l’Église dite «souterraine». Cette ordination épiscopale sera reconnue quelques années plus tard par l’Association patriotique chinoise – l’Église reconnue par le parti communiste. Le 23 décembre 1997, il se rend à Rome et est reçu par le pape Jean Paul II. Il démissionne en 2003 pour prendre sa retraite. Il se consacre alors à une vie de prière et de service jusqu’à sa mort le 5 janvier 2021. 

Son corps a été exposé aux fidèles dans son ancienne cathédrale, où ses funérailles ont été célébrées le 11 janvier. Son diocèse compte 40’000 fidèles, plusieurs congrégations de religieuses et religieux et 46 prêtres, souligne le Saint-Siège. (cath.ch/imedia/cd/gr)

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