Brésil: l’Église impactée par le Covid-19 crie sa colère

Alors que près de 1500 prêtres ont été contaminés par le Covid-19, l’Église catholique, que ce soit lors des messes ou devant l’ONU, critique de plus en plus ouvertement la politique de Jair Bolsonaro

1455 prêtres ont été contaminés par la Covid-19 depuis le début de l’épidémie au Brésil. 65 en sont morts. Ces chiffres ont été divulgués le 3 mars 2021 par la Commission nationale des presbytères (CNP), une organisation rattachée à La Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB). En outre, 16 évêques ont été atteints par le virus et trois d’entre eux en sont morts.

Le prix à payer en vies humaines, chez les religieux comme pour le reste de la population, suscite de plus en plus la colère des membres de l’Église. C’est le cas du Père Adauto Tavares, curé de la paroisse de Guarabira, dans l’État de la Paraiba, au nord-est du pays. Lors de la messe dominicale, le prêtre a s’est  indigné de la gestion de la pandémie par le président Jair Bolsonaro.

«Stratégie suicidaire»

« Nous sommes face à une pandémie, pas une plaisanterie ! Le président de la république n’a pas de morale. C’est un irresponsable qui ne se préoccupe de la vie de personne ! » Très remonté lors de son sermon, le prêtre a rajouté : « nous pouvons qualifier de génocidaire une personne qui prend du plaisir à ôter la vie des gens. Même les alliés de Bolsonaro comme le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est descendu dans la rue pour demander aux gens de rester chez eux. Alors que notre président irresponsable sort sans masque et se mêle à la foule sans respecter les lois du Brésil ! Cet homme n’a pas de morale et ceux qui votent pour lui non plus ! ».

Si ces propos ont été largement partagés sur les réseaux sociaux, les critiques de l’Église catholique brésilienne sur la gestion de la crise sanitaire par le président Bolsonaro ont pris une nouvelle dimension le 1er mars Menées par les missionnaires comboniens du Brésil, différentes organisations ecclésiales (dont la CNBB et le CIMI) ont ainsi alerté Michelle Bachelet, présidente de la Commission des droits Humains de l’ONU, à Genève, sur la situation dans le pays et sur la «stratégie suicidaire» du président brésilien.

Une vérité dramatique

Lors d’une vidéo-conférence, le Père Bossi, provincial des Missionnaires Comboniens, a relevé que «nous sommes parvenus à la faillite de notre organisme social. Nous sommes aujourd’hui dans une situation désespérante». Rappelant que le 3 mars, le pays avait connu un nombre de morts record depuis le début de la pandémie (1’840), le religieux a rappelé que les victimes sont en majorité des noirs et des indiens. Le Père Bossi a affirmé que «les autorités brésiliennes présentent une vision du pays et du travail réalisé pour enrayer la pandémie qui ne correspondent pas à la réalité».

«Une position négationniste»

« La tragédie de la Covid-19 au Brésil n’est pas due à l’incompétence ou la négligence du gouvernement fédéral. Il y a eu une large propagation volontaire du virus sur le territoire national dans le but de faciliter la reprise de l’activité économique à n’importe quel prix ».

Le provincial des comboniens a assurée que «sous couvert de vouloir sauver l’économie, des mesures strictes d’isolement n’ont pas été décidées, ni la suspension des services non-essentiels». A cela, il faut ajouter la position négationniste du président de la République qui a découragé l’usage de masques et recommandé des traitements médicamenteux inefficaces et même dangereux pour la santé». En conséquence, «nous dénonçons la négligence de l’État et sollicitons l’identification des responsables des autorités publiques».

Au-delà des 1840 morts, le 3 mars qui portent le nombre total de décès depuis le début de la pandémie à 259’271, le Brésil a enregistré le même jour plus de 74’000 nouveaux cas de contamination. Soit un total cumulé de 10’718’630 cas. (cath.ch/jcg/mp)

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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