Fribourg: par ici la bonne soupe!

Faute de pouvoir accueillir les gens autour d’une table pour les traditionnelles soupes de carême, les paroisses ont dû innover. A Fribourg, on vient chercher sa soupe à l’emporter.

Depuis des décennies, les soupes de carême étaient une vraie institution à Fribourg. Chaque vendredi de carême des centaines des personnes se réunissaient dans les salles de paroisse pour partager une soupe aux légumes et un moment de convivialité. Sans oublier la solidarité avec les pays du Sud par l’intermédiaire de l’Action de Carême. Jusqu’en mars 2020!»Au moment de l’annonce du confinement par le Conseil fédéral, tout était planifié et préparé. Nous avons dû tout stopper», raconte Agnès Jubin co-coordinatrice pour la paroisse St-Pierre à Fribourg.

Agnès Jubin (à g.) prend des nouvelles d’une amie | © Maurice Page

«Pour 2021, les responsables des diverses paroisses du Grand Fribourg ont réfléchi à ce qu’elles pourraient faire. Pas question bien sûr de réunir les gens. Deux solutions ont été envisagées: faire de la soupe et la distribuer à l’emporter ou remettre des sachets à préparer chez soi. Comme notre cuisinier Davide était d’accord de cuire la soupe, nous avons opté pour la première solution que je préférais aussi.» Les paroissiens ont été invités par un papillon déposé dans les boîtes aux lettres et, bien sûr, par les annonces paroissiales.

Gel hydro-alcoolique ou soupe?

A l’entrée de la salle, l’odeur du gel hydroalcoolique accueille le visiteur avant qu’il puisse humer les effluves de la soupe aux légumes. «Le protocole sanitaire est détaillé et appliqué strictement: parcours séparés pour l’entrée et la sortie, port du masque, respect de la distance et pas plus de cinq personnes dans le même espace.»

Ce qui n’empêche pas d’échanger quelques mots aimables avec les visiteurs, histoire de prendre des nouvelles des uns et des autres. «La plupart des gens sont des habitués. Ils nous remercient d’avoir maintenu la soupe. Plusieurs sont venus chercher de la soupe pour des parents ou des voisins qui ne peuvent pas se déplacer. Cela fait partie aussi de la solidarité que nous défendons», relève Agnès Jubin.

Ce bidon à lait n’avait plus servi depuis longtemps | © Maurice Page

Parmi les autres personnes, certaines sont peut-être contentes de trouver quelque chose à manger. «Je ne pose évidemment aucune question. Mais face à la crise sociale liée au coronavirus, je serais heureuse de pouvoir apporter un peu d’aide». Au même moment les cloches de l’Eglise s’ébranlent. Elle sonnent aujourd’hui à la mémoire des quelque 9’000 victimes du covid en Suisse.

Rien que des légumes

«Rien que des légumes frais, avec un peu de bouillon et du sel.» Davide est devant la marmite de la soupe de carême depuis 15 ans. Oignons, poireaux, carottes, céleris et pommes de terre en provenance de Grangeneuve (il faut faire marcher l’économie locale) ont été préparés la veille par un petit groupe de dames. Davide les a fait cuire ensemble une bonne heure. Il a pu compter sur l’aide de Charly qui n’est autre que le fils de l’ancien cuistot. La semaine dernière, ils ont préparé 80 litres de soupe. Aujourd’hui 110. L’action se prolongera encore pour trois semaines.

Mazarine est venue chercher la soupe avec son papa | © Maurice Page

Mazarine est venue à vélo avec son papa. Ce sont de nouveaux habitants du quartier. Ils repartiront avec leurs deux bocaux en verre remplis à ras bord de soupe fumante. Une retraitée est arrivée avec son bidon à lait. «Cela fait bien longtemps que je ne l’avais pas utilisé». Elle est surtout heureuse de pouvoir saluer des connaissances. «Les gens nous remercient. C’est pour nous aussi l’occasion de montrer que l’Eglise est dans le bain en tant que communauté des baptisés. L’Eglise ce n’est pas que la messe et les célébrations», souligne Agnès Jubin. (cath.ch/mp)

Les dates et horaires des prochaines soupes sont disponibles sur le site de l’Unité pastorale St-Joseph

En Haïti, le reboisement permet d’éviter l’érosion des sols | AdC

Pour un projet de reboisement en Haïti

Le produit de la quête dans l’ensemble des paroisses de Fribourg sera destiné à un projet de reboisement en Haïti soutenu par l’Action de Carême. «Les gens sont généreux et nous avons bien des billets».
Les pluies sont abondantes dans la région de Saint-Louis du Nord. Autrefois la région était une des plus importantes zones de culture de cacao et de café. Mais en raison de l’exode rural ces cultures sont plus ou moins abandonnées et l’abattage des arbres provoque des inondations et de l’érosion. Le projet du partenaire de l’AdC vise à former les paysans aux méthodes agro-écologiques  afin de préserver leur environnement et d’améliorer leurs revenus.  MP   

Maurice Page

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