Ur: «La violence est une trahison de la religion», affirme le pape

L’offense la «plus blasphématoire» est de «profaner» le nom de Dieu en haïssant le frère, a déclaré le pape François lors de la rencontre interreligieuse dans la plaine d’Ur, berceau d’Abraham, le 6 mars 2021.

Avant la prise de parole du pape François, un chrétien a chanté un passage de la Genèse puis un musulman a chanté une sourate du coran. Les participants ont ensuite écouté les expériences de fraternité vécues par des jeunes, ainsi qu’une femme mandéenne et un chiite.

L’homme n’est pas tout-puissant, «il ne peut pas s’en sortir tout seul», a déclaré le pape dans son discours. Et s’il expulse Dieu, il finit par adorer les choses terrestres, a-t-il regretté. Mais les biens du monde «ne sont pas le motif de notre voyage sur la Terre». «Nous levons les yeux vers le ciel pour nous élever des bassesses de la vanité; nous servons Dieu afin de sortir de l’esclavage du moi, parce que Dieu nous pousse à aimer». Voici la «vraie religiosité», a affirmé solennellement le pape François: adorer Dieu et aimer le prochain. 

Profaner le nom de Dieu: l’offense la plus blasphématoire

L’offense la «plus blasphématoire» est donc de «profaner» le nom de Dieu en haïssant le frère. Hostilité, extrémisme et violence ne naissent pas d’une âme religieuse, a-t-il estimé: ce sont des «trahisons» de la religion. Les croyants, a-t-il poursuivi, ont donc le devoir de ne pas se taire lorsque le terrorisme abuse de la religion. «Au contraire, c’est à nous de dissiper avec clarté les malentendus». 

«Ne permettons pas que la lumière du Ciel soit couverte par les nuages de la haine!», a-t-il déclaré avec forces devant de nombreux chefs religieux présents. Parmi eux, figurent le cheikh Farouk, chef spirituel yézidi de la plaine Ninive, mais aussi le cheikh Sattar, pape des mandéens, ou encore des représentants kakaï de Kirkouk, ainsi que des zoroastriens.

Au-dessus de ce pays, se sont accumulés les «sombres nuages» du terrorisme, de la guerre et de la violence dont toutes les communautés ethniques et religieuses ont souffert. Le pape a de nouveau évoqué le sort des Yézidis. Cette communauté «a pleuré la mort de nombreux hommes et a vu des milliers de femmes, de jeunes filles et d’enfants enlevés, vendus comme esclaves et soumis à des violences physiques et à des conversions forcées», a-t-il déploré. 

Le pontife a par ailleurs demandé que la liberté de conscience et la liberté religieuse soient respectées et reconnues partout: ce sont des droits fondamentaux selon lui parce qu’ils rendent l’homme libre de «contempler le Ciel» pour lequel il a été créé. «Le Ciel ne s’est pas lassé de la Terre, a-t-il lancé, ne nous lassons jamais de regarder le ciel, de regarder ces étoiles, les mêmes que, en son temps, notre père Abraham regarda». 

«L’isolement ne nous sauvera pas»

Les chefs spirituels de toutes les religions ont été également appelés à ne pas se replier sur eux-mêmes. «L’isolement ne nous sauvera pas, la course pour renforcer les armements et pour ériger des murs, qui nous rendront au contraire toujours plus distants et fâchés, ne nous sauvera pas. L’idolâtrie de l’argent, qui enferme sur soi et provoque des gouffres d’inégalités dans lesquelles l’humanité s’enfonce, ne nous sauvera pas. Le consumérisme, qui anesthésie l’esprit et paralyse le coeur ne nous sauvera pas», a-t-il martelé. 

Le pontife a évoqué le témoignage de Dawood et de Hasan, un chrétien et un musulman qui ont étudié et travaillé ensemble. «Ils ont construit l’avenir et ils se sont découverts frères. Nous aussi, pour aller de l’avant, nous avons besoin de faire ensemble quelque chose de bon et de concret.»

Celui qui a le courage de regarder les étoiles, celui qui croit en Dieu, n’a pas d’ennemis à combattre, a-t-il affirmé. «Il a un seul ennemi à affronter, qui se tient à la porte du coeur et frappe pour entrer: c’est l’inimitié». Le pape a ainsi exhorté les représentants religieux à s’engager afin que «se réalise le rêve de Dieu»: que l’humanité devienne «hospitalière et accueillante envers tous ses fils; qu’en regardant le même ciel, elle chemine dans la paix sur la même terre». 

Après cette rencontre, le pape François a rejoint par avion Bagdad pour y célébrer la messe selon le rite chaldéen dans la cathédrale Saint-Joseph à 18h (GMT+3). (cath.ch/imedia/ah/bh)

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