Le maire de Qaraqosh appelle les chrétiens exilés à rentrer

«Bien sûr que je les appelle à rentrer ici», a déclaré Isam Daaboul, le maire de Qaraqosh, la grande ville syriaque catholique de la plaine de Ninive au sujet des chrétiens partis se réfugier à l’étranger. Alors qu’il s’apprête à recevoir le pape François, il demande l’aide des pays d’Europe pour tisser des jumelages afin de soutenir les écoles de sa ville.

Dimanche 7 mars 2021, Isam Daaboul recevra le pape François dans sa ville qui renaît peu à peu après sa libération fin 2016. Après un passage à Mossoul, ancienne capitale de l’État islamique en Irak, le pape s’arrêtera une heure dans la plus grande ville chrétienne d’Irak, au cœur de la plaine de Ninive. Il y prononcera un discours et récitera l’angélus. Entre 30’000 et 40’000 personnes sont attendues pour accueillir le pontife qui ne devrait toutefois pas être directement en contact avec la foule.

Dans son vaste bureau de la mairie de Qaraqosh, Isam Daaboul grille cigarette sur cigarette. Le maire de la ville, qui compte désormais 25’000 habitants – contre 50’000 avant l’arrivée de Daech en 2014 –, ne cache pas son plaisir en évoquant la venue imminente du pontife argentin. «Il y encore cinq ans, nous pensions que nous n’allions jamais revenir ici», confie celui qui s’exila durant deux ans en France, de 2015 à 2017. La visite du pape à Qaraqosh était alors inimaginable. «C’est comme un rêve qui se réalise», affirme-t-il, aux anges.

Jumeler les écoles avec celles de la France

Grâce à l’aide massive des ONG étrangères, ainsi que des fonds octroyés par le gouvernement de Bagdad (environ 4 millions de dollars ces deux dernières années), la ville a été largement restaurée. Les maisons et les églises avaient été brûlées. Il reste encore beaucoup à faire. «Après la reconstruction, le défi est celui de donner du travail aux personnes qui sont revenues», insiste l’ancien ingénieur. 

Si de nombreux magasins ont pu rouvrir, des secteurs qui autrefois faisaient la richesse de la ville, comme celui de l’élevage, restent sinistrés. «Nos activités dans le poulet ont baissé de 50%», déplore-t-il, expliquant avoir du mal à faire venir des investisseurs pour relancer l’économie.

Autre difficulté soulevée par le maire: celle de l’éducation. «Le niveau des écoles est moins bon ici qu’à Ankawa», relève Isam Daaboul, faisant référence au quartier chrétien de la ville d’Erbil, au Kurdistan irakien, où s’étaient réfugiées des dizaines de milliers d’habitants de la plaine de Ninive. «Si on jumelait nos écoles avec des établissements en France, cela pourrait contribuer à nous aider», lance le maire.

Une nouvelle vie possible à Qaraqosh

Croissance économique et éducation, tels sont les deux piliers sur lesquels Isam Daaboul veut s’appuyer pour finir de convaincre les chrétiens exilés à l’étranger de rentrer. Mais le défi est de taille tant l’énergie dépensée par ces milliers de familles fut considérable pour fuir l’Irak et recommencer une nouvelle vie ailleurs. Après tous leurs efforts, bon nombre jugent impensable l’idée de retourner dans une région où l’économie est en berne et où l’avenir reste incertain sur le plan sécuritaire.

Pour autant, le maire de Qaraqosh se réjouit que la visite du pape puisse participer à changer l’image d’un pays traditionnellement mis au ban de la communauté internationale. «Les chrétiens partis à l’étranger ne conçoivent pas que la vie soit de nouveau possible ici», confie par ailleurs l’élu, espérant que la visite du pape François sur cette terre contribuera à démontrer le contraire. (cath.ch/imedia/hl/gr)

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