Le Vatican veut plus de femmes dans la lutte anti-covid

Les femmes doivent être davantage intégrées dans les prises de décisions, notamment dans celles permettant de lutter contre le Covid-19, préconise le Dicastère pour le service du développement humain intégral. Dans un rapport publié le 8 mars 2021 à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Vatican demande également aux gouvernements de publier davantage de données sur les inégalités entre hommes et femmes.

Ce document, fruit du travail de la commission Covid-19 mis en place par le Vatican pour lutter contre la pandémie, souligne un paradoxe: alors que les femmes ont été plus touchées par la crise sanitaire que les hommes, elles ont été bien souvent «exclues» des processus de décision visant à l’enrayer. Cet état de fait est lié en grande partie à la sous-représentation des femmes à des postes de haut niveau dans les domaines de la médecine ou encore de la politique, analyse le Vatican.

Le Dicastère invite donc les gouvernements à «davantage inclure les femmes dans les processus de décision» notamment pour élaborer les politiques publiques visant à lutter contre la pandémie. L’intégration de leurs apports doit devenir la norme, appuient les membres de la Commission Covid-19. À ce titre, ils soulignent que les pays dirigés par les femmes, «ont généralement mieux réussi» à prendre en charge la pandémie. Dans l’ensemble, les femmes «investissent davantage dans la sécurité humaine» lorsqu’elles sont au pouvoir, écrivent-ils.

Repenser les modèles inégalitaires

Afin de sensibiliser encore davantage la société aux inégalités, le dicastère plaide également pour une intensification de la récolte de données permettant de mesurer les écarts entre hommes et femmes, en matière de rémunération ou d’accès aux études, par exemple. «Si nous ne mesurons pas, nous ne verrons pas les progrès ou les améliorations», souligne le document. Il s’agit encore de supprimer les obstacles structurels freinant l’accès aux femmes à des postes de décision et de repenser les modèles économiques et sociaux qui perpétuent l’inégalité entre les hommes et les femmes.

Par ailleurs, le document met en lumière les spécificités que peut apporter un leadership au féminin. Les femmes peuvent notamment être force de proposition en matière «d’économie inclusive» et circulaire, bon nombre d’entre elles partageant cette conception de l’économie, avance le Saint-Siège. De nombreuses économistes valorisent tout particulièrement les «interconnexions entre les différentes facettes de l’analyse économique» – (entre la production et la protection de la planète par exemple) – alors que leurs homologues masculins ont tendance à les ignorer, illustre le Saint-Siège. Elles sont également les plus à même de valoriser le domaine du soin (la théorie du ‘care’) dans la sphère publique.

L’Église doit sensibiliser aux violences faites aux femmes

Le Saint-Siège évoque encore la forte exposition des femmes à la crise — ces dernières représentant 70% du personnel de santé dans le monde — ainsi que les conséquences négatives du confinement sur ces dernières: la fermeture des écoles aurait ainsi eu un impact dramatique sur les femmes, augmentant leur travail domestique. Le Saint-Siège ajoute que les emplois dans lesquels les femmes travaillent (le secteur de l’alimentation ou encore celui du tourisme) souffrent le plus durement de la crise économique. Il fait enfin état d’une augmentation des violences domestiques à la suite des mesures de confinement.

Par son réseau, l’Église doit «dénoncer la violence directe et systémique à l’égard des femmes», demande enfin le Saint-Siège en encourageant notamment les prêtres à parler de cette réalité dans leurs catéchèses ou leurs homélies. L’Église doit «continuer à promouvoir la fraternité et l’harmonie entre les êtres humains, en accordant une attention particulière aux femmes», conclut le rapport. (cath.ch/imedia/cg/rz)

I.MEDIA

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/le-vatican-veut-plus-de-femmes-dans-la-lutte-anti-covid/